Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 267.

6 dec 1846 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

L’embarras que j’éprouve pour vous répondre – Remplacer une pensée humaine par une pensée surnaturelle, le venin par son contrepoison – Si vous le voulez, je vous rends votre voeu d’obéissance – Voulez-vous que je parte pour Paris ?

Informations générales
  • PM_XIV_267
  • 0+496 e|CDXCVI e
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 267.
  • Orig.ms. ACR, AD 471; D'A., T.D. 19, pp. 149-150.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 EGOISME
    1 ESPRIT FAUX
    1 IMAGINATION
    1 INTEMPERIES
    1 LIBERTE DE CONSCIENCE
    1 ORDRE SURNATUREL
    1 SACRIFICE DE LA MESSE
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 SOUFFRANCE APOSTOLIQUE
    1 SYMPTOMES
    1 VOEU D'OBEISSANCE
    3 PARIS
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, le 6 décembre 1846.
  • 6 dec 1846
  • Nîmes
  • Institution de l'Assomption
La lettre

Je viens de recevoir votre lettre, ma chère enfant. Vous dirai-je que j’éprouve quelque embarras pour vous répondre? Dois-je vous montrer tout ce que je souffre pour vous, au risque de vous laisser penser qu’il y a surtout un retour sur moi dans tout ce qui se passe entre nous? Vous laisserai-je soupçonner, par mon silence sur mes impressions personnelles, que je suis tout ce que vous croyez parfois que je suis? Il me semble que je n’ai à envisager qu’un seul but, c’est vous ma pauvre et chère fille. J’ai demandé ce soir à Notre-Seigneur et à la Sainte Vierge, si cela pouvait vous faire quelque bien, de me donner toutes vos douleurs et toutes vos blessures. Je voulais ne plus dire la messe tous les jours pour vous, ce que j’ai fait sauf deux fois, si je ne me trompe; mais je continuerai encore.

Lorsque je vous ai engagée à laisser tomber la cause de vos peines par un effort de retour vers Dieu, ma pensée était que sans doute vous souffriez beaucoup, mais que la cause de la douleur étant dans l’imagination, -en ce sens que la cause de votre mal n’était pas fondée- vous auriez toujours quelque chose à opposer à un argument, [et] le meilleur était de laisser tomber une pensée humaine pour la remplacer doucement par une pensée surnaturelle. Je me suis sans doute mal expliqué, car pour moi rien ne me semble plus avantageux. Arrêter une pensée que je sais être nuisible, de peur qu’elle ne fasse des ravages dans mon âme, et lui substituer une pensée de Dieu, c’est me priver d’un élément vénéneux et lui substituer son contrepoison.

Si vous voulez vous relever du voeu d’obéissance, je vous le rends, ma fille. Vous me dites que vous voudriez être libre jusqu’à ce que je me sois expliqué avec vous de vive voix. Voulez-vous que je parte pour Paris? Dix à douze jours passeront vite, et si cela peut vous faire du bien, le froid et la neige ne m’arrêteront guère.

Les crampes d’estomac me reprennent. Demain, je ne pourrai vous écrire qu’après le départ du courrier. Adieu, ma chère enfant. Je vous répondrai plus longuement demain soir ou après-demain matin.

Notes et post-scriptum