Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 283.

7 jan 1847 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

A propos de diverses personnes – Argent – Votre terrain – Chaillot – Ma santé et la vôtre – Sr Thérèse-Emmanuel et Sr M.-Augustine – Notre maison se remonte bien – Soyez exacte à l’oraison.

Informations générales
  • PM_XIV_283
  • 0+503 a|DIII a
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 283.
  • Orig.ms. ACR, AD 479; D'A., T.D. 19, pp. 157-160.
Informations détaillées
  • 1 ACHAT DE TERRAINS
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 DOT
    1 EMBARRAS FINANCIERS
    1 ERECTION DE MAISON
    1 EXAMENS SCOLAIRES
    1 FRERES CONVERS ASSOMPTIONNISTES
    1 LOYERS
    1 MAITRES
    1 MAUVAISES CONVERSATIONS
    1 NOVICIAT DES ASSOMPTIONNISTES
    1 ORAISON
    1 PRATIQUE DE LA PAUVRETE
    1 PROFITS D'ARGENT
    1 SURVEILLANTS
    1 SYMPTOMES
    1 ULTRAMONTANISME
    1 VENTES DE TERRAINS
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 AFFRE, DENIS
    2 BEVIER, MARIE-AUGUSTINE
    2 CARDENNE, VICTOR
    2 CART, JEAN-FRANCOIS
    2 DESNOTS
    2 FRANCHESSIN, ERNEST DE
    2 O'NEILL, THERESE-EMMANUEL
    2 PRADEL, ABBE
    2 ROUX, MARIE-MARGUERITE
    2 RUAS
    3 MONTPELLIER
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 PARIS, CHAILLOT
    3 PARIS, FAUBOURG SAINT-GERMAIN
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, le 7 janvier 1847.
  • 7 jan 1847
  • Nîmes
  • Institution de l'Assomption
  • *Madame*
    *Madame la Supérieure de l'Assomption*
    *n° 76, rue de Chaillot.*
    *Paris.*
La lettre

Je vais essayer, ma chère enfant, de vous donner une réponse à ce que vous me demandez dans vos deux dernières lettres. J’y ai réfléchi hier soir, et vous me pardonnerez, si, obligé d’écrire au milieu d’un examen, je suis quelquefois un peu plus dérangé que je ne voudrais. Je sors donc de la fosse aux lions et de la fournaise de Babylone, où je m’étais enfermé, pour vous dire que:

1° Je suis à temps à faire Ruas convers, quoique j’eusse eu d’abord envie d’en faire un religieux de choeur.

2° J’ai vu les parents de Soeur Marguerite; ils ne veulent pas qu’elle entre dans une nouvelle maison à Paris, mais ils préféreraient la faire revenir à Montpellier, ou bien ici, chez les Dames de L’hôtel-Dieu. Ne vous préoccupez pas trop de la laisser retourner à Nîmes; je m’en consolerai très fort. Je dois vous prévenir que je ne pense pas que Monseigneur de Nîmes permette qu’elle soit admise chez nos Soeurs hospitalières. Si le jeune homme (M. Desnots) veut nous arriver pour convers, mais uniquement convers, je l’accueillerai; cependant je suis un peu inquiet à cet égard. La question des Frères convers m’inquiète beaucoup. Nous pourrions peut-être en faire un linger, mais ce serait pour l’année prochaine. Pour consentir à le faire partir de suite, il faut que vous lui trouviez quelque chose de remarquable, au moins par quelque côté.

3° Réellement, je suis peiné de ne pouvoir vous envoyer les 4.000 francs dont vous avez besoin, mais en ce moment je suis moi-même embarrassé, ayant à payer des sommes pour lesquelles on m’avait promis des fonds qui ne m’arrivent pas. Si pourtant on m’envoie 18.000 francs sur lesquels je crois pouvoir compter d’ici à quelque temps, nous partagerons bien volontiers.

4° J’arrive à la question de votre terrain, mais je n’ai pas grand chose à dire, car je suis complètement de votre avis. Il faut vendre. Mais ne pensez-vous pas qu’au printemps vous aurez certainement une augmentation très forte. Puisque Paris tend à s’étendre de ce côté, il n’y a pas à douter que l’on va bâtir, surtout au printemps. Une attente de deux ou trois mois ne vous permettrait-elle pas d’espérer raisonnablement un bénéfice? Toutefois, il me semble que M. de Franchessin peut vous donner de meilleures idées que je ne le puis moi-même. Reste à savoir où vous iriez vous loger. D’abord, ne pourriez-vous pas prendre un loyer? Il me semble qu’avec 25.000 francs vous auriez quelque chose de superbe. Pour moi, je ne verrais aucun obstacle à ce que vous alliez vous établir vers Chaillot, surtout si vous y trouvez un enclos à bon marché. Quelle que soit la position qu’ait un jour la maison des religieux, il lui faudra, j’en suis convaincu, un noviciat séparé, et alors quand même le pensionnat ne serait pas de ces côtés de Paris, le noviciat pourrait s’y trouver. Et toutefois un noviciat d’hommes destinés aux études voudrait, ce semble, la proximité du pays latin.

Ce qui me ferait aimer assez Chaillot, ce serait, outre le désir de choisir une position que vous semblez préférer: 1° l’assurance que Paris finira par s’étendre de ces côtés; 2° la pensée de m’éloigner un peu de l’influence du faubourg Saint-Germain. Je suis assez préoccupé, il faut le dire, de la pensée que l’archevêque de Paris ne me sera guère favorable, s’il me voit des idées trop romaines.

Ainsi, pour me résumer, j’approuve très fort une vente dans l’année, sauf à voir si, en attendant un peu, on n’obtiendrait pas une augmentation considérable de prix. Voyez s’il ne serait pas utile de prendre un hôtel à loyer. Enfin, si vous préférez Chaillot, je ne puis pour aucun motif m’y opposer par aucune raison, comme aussi je trouve des motifs assez bons pour accepter un enclos du côté des Invalides. La question d’une augmentation considérable de valeur dans vos terrains, d’ici à quelque temps, ne m’arrête pas plus que vous. Vous aurez certainement un jour des dots considérables, et je redoute autant que vous les ennuis de la pénurie des commencements d’une maison.

Vous pouvez répondre au maître d’étude qui s’est présenté que je le remercie très fort; en ce moment, je n’en veux pas. Ecartez aussi, si vous le jugez à propos, le jeune orfèvre. Mais ayez soin de l’ami de Cardenne, car il paraît être un jeune homme très distingué. Vous me parlez de ma santé, mais vous, ma fille, vous êtes, j’en suis sûr, plus souffrante que moi. Je croyais être débarrassé de mes crampes, mais hier, après m’être levé d’assez bonne heure, je fus obligé de me recoucher, et c’est ce qui m’empêcha de vous répondre. Aujourd’hui, j’ai pris un bain, ce qui m’a fait grand bien. Remerciez Soeur Th[érèse]-Em[manuel] de son bon souvenir. J’éprouve chaque jour quelque chose de plus affectueux pour cette chère Soeur, que j’aimais pourtant beaucoup. Quant à Sr Marie-Augustine j’ignore si ma lettre pourra lui faire plaisir. Serez-vous assez bonne pour me dire l’effet qu’elle aura produit, supposé que vous ayez jugé à propos de la lui remettre

Si je ne vous dis rien de votre conscience, c’est que de pareilles matières veulent être traitées hors du bruit qui m’environne.

Je vous dirai seulement, en finissant, que notre maison se remonte très bien. Il y a eu pendant mes quatre jours d’absence une crise très heureuse; on s’est aperçu de ce qu’avait eu de funeste une influence de plaisanteries que M. Pradel avait poussée au dernier degré; on est venu me protester qu’on voulait marcher dans une meilleure voie, et je crois que l’expérience aura été utile. Mais il faut que je vous quitte. A un autre jour les détails.

Adieu, ma chère enfant. Après-demain, je tâcherai de vous écrire encore. Soyez exacte à l’oraison; c’est la seule recommandation que je crois devoir vous faire, mais j’y tiens extrêmement. Je veux aussi que vous preniez des précautions pour couper court le plus tôt possible à votre indisposition. Tout vôtre et du fond du coeur.

E.D’ALZON.

Je n’ai pas le temps de me relire.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum