Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 289.

28 jan 1847 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Ses sentiments actuels envers Jésus-Christ – Mlle de Pélissier – Si son âme ne va pas, qu’elle offre cette impuissance à Notre-Seigneur.

Informations générales
  • PM_XIV_289
  • 0+507|DVII
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 289.
  • Orig.ms. ACR, AD 485; V. *Lettres* III, pp. 193-195 et D'A., T.D. 19, p. 162.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DU CHRIST
    1 AUTEURS SPIRITUELS
    1 DON DE SOI A DIEU
    1 EPREUVES SPIRITUELLES
    1 GENEROSITE
    1 HUMILITE
    1 IMAGINATION
    1 MALADIES
    1 PENSIONNAIRES
    1 PENSIONS
    1 PERFECTIONS DE JESUS-CHRIST
    1 REFORME DE L'INTELLIGENCE
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 RENOUVELLEMENT
    1 SACERDOCE DE JESUS-CHRIST
    1 SACRIFICE DE JESUS CHRIST
    1 SOLITUDE
    1 TENDRESSE FILIALE POUR LA SAINTE VIERGE
    1 VIE DE RECUEILLEMENT
    1 ZELE APOSTOLIQUE
    2 CATHERINE DE SIENNE, SAINTE
    2 CHAVIN DE MALAN, FRANCOIS-EMILE
    2 ESCURES, MADAME GAILLARD D'
    2 SAINT-PREGNON, MADAME DE
    3 PARIS
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, le [28] janvier 1847(1).
  • 28 jan 1847
  • Nîmes
  • Institution de l'Assomption
La lettre

Ma chère enfant,

Quoique je vous aie écrit hier, je reprends la plume aujourd’hui pour vous parler de deux ou trois commissions; mais auparavant vous me permettrez bien de vous dire combien je suis à vous devant Notre-Seigneur. L’indisposition que j’ai eue m’ayant laissé un peu de repos et de temps à moi, j’en profite pour réfléchir et prendre la résolution de me donner tout à Dieu. M. Chavin, avec sa Vie de sainte Catherine de Sienne, où il parle de tout, même de sainte Catherine, m’a fait du bien. Pourquoi n’êtes-vous pas comme cette admirable vierge? Hélas! Pourquoi, de mon côté, n’en ai-je pas la générosité et l’ardent amour pour le sang de Jésus-Christ? Quant à moi, ce que j’aime en Jésus-Christ, il me semble que c’est Jésus-Christ tout entier, Dieu et homme, et, comme Dieu-homme, prêtre sanctificateur, victime. Enfin, ma chère enfant, je n’ai pas un bon sentiment que je ne veuille vous l’envoyer, soit pour que vous l’ayez en même temps que moi, soit pour que vous m’aidiez à le développer. Un service que je vous prie de me rendre, c’est de me prêcher souvent le calme, la retraite et la solitude. Soyez pour moi la voix du désert qui m’y attire. Etre seul m’est indispensable, et je ne suis jamais seul. Après ce petit épanchement, je rentre dans le positif.

Mlle de Pélissier, jeune orpheline de 19 ans, avec une fortune de 400.000 francs et une soeur restée veuve depuis deux mois à vingt ans, veut passer seule quelque temps à Paris. Elle voudrait savoir si vous la prendriez comme dame pensionnaire. Elle irait chez vous avec une femme de chambre. Elle partirait d’ici avec la belle-soeur de sa soeur; c’est une jeune dame de trente ans, séparée de son mari qui vit une partie de l’année à Paris. La compagnie de cette personne, qui a nom Mme de Saint-Prégnan, me paraît assez douteuse à Mlle Pélissier. J’aurais voulu la détourner du voyage, mais il n’y a pas eu moyen. Je préfère dans ce cas la loger chez vous, si toutefois vous n’y voyez aucun inconvénient. Elle aime peu le monde, je crois parce qu’elle ne le connaît pas, est pieuse, pas mauvaise, a reçu une éducation fort légère, avait une mère de moeurs déplorables, dont elle a été, il est vrai, privée de bonne heure. La voulez-vous? A quelles conditions? A quelle heure faut-il qu’elle soit rentrée le soir? Elle serait logée, nourrie, etc. Veuillez me donner quelques renseignements dans une lettre à part, où vous me direz: Monsieur l’abbé, et que je pourrai remettre à la personne. On peut sûrement faire du bien à cette jeune personne, parce qu’elle me fait l’effet d’être une terre inculte, mais non stérile.

J’en reviens maintenant à votre lettre d’hier. Il me semble que vous n’avez pas à vous trop désoler de ce que votre âme ne va pas. Offrez cette impuissance à Jésus-Christ et demandez-lui de la porter pour vous. Que les pensées étrangères qui viennent vous assaillir ne vous effrayent pas! Qu’importe, vous le savez bien, que notre pauvre imagination s’égare, si cet égarement aperçu devient pour nous une occasion de nous humilier! Allez à la Sainte Vierge, si sa protection vous est bonne. Unissez-vous à elle de toute la puissance de votre amour filial pour louer son Fils, que vous loueriez si mal toute seule, mais surtout appuyez-vous sur elle pour vous relever. Merci de votre communion. Ne vous lassez pas de prier pour moi. Je crois, en pensant à vous, que plus tard votre affaissement sera un principe de vie nouvelle. Ce qui est trop naturel en vous périra, l’élément divin acquerra une plus grande énergie.

Adieu, ma fille. Je voudrais être plus long, le temps me manque. Tout à vous en Notre-Seigneur.

E.D’ALZ[ON].

Tâchez de voir si les prix indiqués sur vos prospectus ne sont pas moindres que ceux que vous portez en compte; cela ferait un mauvais effet.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. La lettre est datée faussement du 27, elle fut écrite le lendemain.