Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 299.

14 feb 1847 Nîmes INCONNUS

Une pénible affaire.

Informations générales
  • PM_XIV_299
  • 0+510 a|DX a
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 299.
  • Cop.ms. du P. Vailhé "d'après l'original présenté à la postulation", ACR, AQ 60.
Informations détaillées
  • 1 COLERE
    1 CREANCES A PAYER
    1 DOT
    1 PRUDENCE
    1 VENGEANCE
    2 CHOIZAT, IPHIGENIE
    2 GAUTHIER
    2 MICHEL, MARSEILLE
    2 ROUQUETTE, CAPITAINE
    3 ESPAGNE
    3 MARSEILLE
  • A MONSIEUR X.
  • INCONNUS
  • [Nîmes, 14 février 1847?](1).
  • 14 feb 1847
  • Nîmes
La lettre

Monsieur,

Je vous entretins, il y a quinze jours à peu près, d’une pénible affaire, pour laquelle vous voulûtes bien me promettre votre concours. Je viens vous la rappeler succinctement, afin que vous jugiez ce qu’il est opportun de faire.

Il y a sept à huit ans, Mlle Iphigénie Choizat, fille d’un avoué à la cour royale, épousa M. Gauthier. Celui-ci, après de mauvaises affaires où il mangea son bien et une partie de la dot de sa femme, partit pour l’Espagne, laissant Mme Gauthier avec trois enfants. Mme Gauthier fut accueillie par ses parents, qui, après avoir payé plusieurs dettes de leur gendre, ne voulurent plus venir à son secours. Cependant Mme Gauthier trouva moyen de lui faire parvenir une somme assez considérable et des marchandises. Mais comme les marchandises ne lui appartenaient pas et qu’elle me consulta à cette époque, je crus devoir lui faire observer qu’elle ne pouvait compromettre davantage les intérêts des créanciers.

M. Gauthier fut furieux du refus qui lui était fait et fit les plus terribles menaces à sa femme, dans des lettres conservées par elle. Celle-ci avait encore, il est vrai, 6.000 francs en marchandises, mais qui ne lui appartenaient pas, et elle se croyait obligée de les garder pour acquitter une partie des dettes et faire face aux exigences des créanciers. Sa dot étant d’autre part très considérablement compromise et même perdue en grande partie, il me paraissait qu’elle devait aussi réserver quelque chose pour ses enfants, quand leur père se conduisait si mal envers eux.

M. Gauthier arrive d’Espagne. Poussé par le vent, il a débarqué à Port-Vendres, mais sa direction étant fixée pour Marseille, il est obligé de s’y rendre. Mais aussitôt à terre, son intention, dit-il dans une lettre reçue il y a deux ou trois jours, est de tirer vengeance de sa femme, dût-il paraître devant la cour d’assises. Ne serait-il pas possible d’empêcher le malheureux d’arriver jusqu’ici? Il a de nombreux créanciers. M. le procureur du roi, de Marseille, ne pourrait-il pas lui donner quelque avertissement? Voilà, Monsieur, ce que je livre à votre prudence. Son adresse est: M. Gauthier chez M. Michel, courtier royal, quai d’Orléans, Marseille. Il doit arriver par le suffisant[!] Isidore, capitaine Rouquette.

Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments pour la bonne oeuvre que je vous demande, et celle de mes sentiments les plus distingués.

E.D’ALZON.

Nismes, 14 février.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Comme il est question du roi, la lettre est de 1848 au plus tard, d'avant sans doute. (S.V.)