Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 309

6 mar 1847 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Une proposition que je ne puis accueillir sur le champ – Un service devenu inutile – Paille, jeûne et grand office – Paris, mais quand? – Une terre qu’il faut vendre si je veux bâtir – Montparnasse ou Chaillot?

Informations générales
  • PM_XIV_309
  • 0+515 a|DXV a
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 309
  • Orig.ms. ACR, AD 498; D'A., T.D. 19, pp. 174-176.
Informations détaillées
  • 1 ACHAT DE TERRAINS
    1 CAREME
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 EPREUVES SPIRITUELLES
    1 GRAND OFFICE
    1 IMPOTS
    1 MAITRES
    1 MAUVAIS PRETRE
    1 SCANDALE
    1 VENTES DE TERRAINS
    2 AFFRE, DENIS
    2 CARBONNEL, MARIE-VINCENT
    2 COULON
    2 FRANCHESSIN, ERNEST DE
    2 JANDEL, VINCENT
    2 MEISSIE, DE
    2 MESNARD, MADAME DE
    3 NIMES
    3 NIMES, CATHEDRALE
    3 PARIS
    3 PARIS, CHAILLOT
    3 PARIS, MONTPARNASSE
    3 PARIS, RUE DU BAC
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, le 6 mars 1847.
  • 6 mar 1847
  • Nîmes
  • Institution de l'Assomption
La lettre

Je me hâte, ma chère enfant, de répondre à votre lettre du 1er mars, où vous me parlez du protégé de M. de Meissié. Le jeune homme s’appelle Coulon. J’ai fait tant d’expériences inutiles que je crains d’en faire de nouvelles. Le jeune homme, dont vous me parlez, devrait être mis sur les bancs. Il me semble qu’il fera bien mieux de passer, chez les Frères des Ecoles chrétiennes, les trois ans pour lesquels on lui propose de le recevoir; après quoi, je le recevrai bien volontiers. D’autant plus que je serais enchanté d’avoir quelques sujets préparés par les Frères, à cause de leurs méthodes. Veuillez donc exprimer à M. de Meissié tous mes regrets de ce que je ne puis sur-le- champ accueillir sa proposition. J’espère être, plus tard, utile à son protégé. Voilà donc une chose bien convenue, à moins que d’ici à quatre ans ce jeune homme ne change d’idée.

Je vous remercie de votre disposition à parler au P. Jandel. Hélas! Le service que je voulais lui demander devient inutile. Un malheureux prêtre, qui avait fait la gloire de son diocèse, est tombé dans les plus honteux excès. Je voulais lui offrir une retraite, mais au moment où il acceptait tout, le voilà qui se met à refuser une condition indispensable à mes yeux, et je suis forcé de l’abandonner.

C’est un peu pour moi que vous dites que les Dominicains ne couchent pas sur la paille, et ne jeûnent que le vendredi, et n’ont pas le grand office(1). Voilà qui me paraît charmant. Comme si c’était moi qui vous eusse imposé la paille et l’office, et si vous vous l’êtes imposé, pourquoi ne nous l’imposerions-nous pas? Je suis enchanté de la manière dont vous supportez le carême. Puisque vous croyez devoir faire quelque chose de plus, je ne m’y oppose pas; cependant, songez que le carême est long.

Mon intention bien positive est toujours d’aller à Paris. Mais quand cela? Je n’en sais rien. Je vais demain voir mon père, pour prendre des arrangements pour vendre une terre qu’il me faut absolument, si je veux bâtir. Je suis en marché, comme je vous l’ai dit, pour une terre qui a les plus beaux arbres des environs de Nîmes et qui, à coup sûr, est beaucoup moins loin de la cathédrale que Chaillot ne l’est de la rue du Bac. La vieille propriétaire ne veut vendre ni à un protestant, ni à la bande noire, ce qui fait qu’elle baissera assez volontiers le prix pour moi. Je ne sais, mais il me semble que je ne puis trouver rien de mieux que cela. J’y trouve une énorme économie sur les droits de l’octroi pour les pierres et le bois de construction, le voisinage du chemin de fer qui n’est pas à plus de cinq minutes à pied.

Pour ce qui vous concerne, je suis tout à fait de l’avis de M. de Franchessin. Vous pouvez aller jusqu’à 300 francs sans aucune difficulté. Que perdez-vous à attendre quelque temps? Vous pouvez espérer vous débarrasser des obsessions de l’archevêque. Est-ce que M de Franchessin, qui vous engage à attendre, ne peut pas vous en faciliter les moyens sous le rapport pécuniaire? Si vous achetez boulevard Montparnasse, vous aurez à peu près trois hectares de terre; ce sera très beau, mais vous n’aurez pas de vue. J’aimerais beaucoup sous ce rapport celui de Chaillot. Mais, de si loin, puis-je donner un avis? Le temps me presse, il faut que je m’arrête. Je vous conjure de ne pas oublier l’institutrice, dont je vous ai parlé. J’ai remis à Mlle Carbonnel votre lettre que j’ai trouvée parfaite.

Adieu, ma chère enfant. J’ai bien prié pour vous tout à l’heure, à notre messe, mais je suis d’une épouvantable aridité. Que devient Mme de Mesnard?

Notes et post-scriptum
1. Il s'agit des Dominicains français qui sans doute, d'après leurs règles, s'estimaient trop occupés ou pas assez nombreux pour avoir la récitation en choeur de l'office complet. (S.V.)