Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 310.

7 mar 1847 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Nos nouveaux rapports – Recherche de la perfection par une charité puisée dans le coeur de Notre-Seigneur.

Informations générales
  • PM_XIV_310
  • 0+515 b|DXV b
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 310.
  • Orig.ms. ACR, AD 499; D'A., T.D. 19, pp. 176-178.
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 ACTE DE PERFECTION
    1 ACTION DU CHRIST DANS L'AME
    1 AMITIE
    1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CONFESSEUR
    1 DESIR DE LA PERFECTION
    1 DIRECTION SPIRITUELLE
    1 EPREUVES SPIRITUELLES
    1 MAITRES
    1 MAITRISE DE SOI
    1 PAIX DE L'AME
    1 PERSEVERANCE
    1 REVOLTE
    1 ROYALISTES
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    1 VERTU D'OBEISSANCE
    2 BOLZE, MARIE-GERTRUDE
    2 MICHEL, ERNEST
    2 SURVILLE, CHARLES DE
    3 GARD, DEPARTEMENT
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, le 7 mars 1847.
  • 7 mar 1847
  • Nîmes
  • Institution de l'Assomption
  • *Madame*
    *Madame la Supérieure de l'Assomption*
    *n° 76, rue de Chaillot*
    *Paris.*
La lettre

J’ai reçu hier soir, ma chère enfant, votre lettre du 2 mars, où vous me dites que vous voulez vous remettre au point où vous en étiez, avant tous vos troubles et toutes vos souffrances. Je ne puis vous dire à quel point j’en suis impressionné. Je crois que vous prenez le bon parti. Puisque votre nature y est si rebelle, il me paraît qu’il doit vous être avantageux de l’y asservir. Pour moi, ma fille, je prends devant Dieu l’engagement de me servir de ce moyen que vous me donnez pour votre bien, avec tout le zèle qui dépendra de moi. Je l’ai déjà pris, mais je tiens à vous le redire, afin que vous sachiez au moins à quoi tendent mes dispositions et quelle en est l’intensité. Je suis heureux que votre confesseur extraordinaire en ait jugé, comme il l’a fait. La décision qu’il a donnée est bien la vraie décision, mais je crois pouvoir vous dire que, quand même il eût été d’un autre avis que moi, j’aurais persévéré dans mon opinion.

Lorsque je vous proposai, il y a quelque temps, moins de dépendance et plus d’amitié, je crois que je fus trop pressé. Puisqu’il faut que ces deux sentiments marchent encore d’un pas égal, laissons-les se développer en vous, selon qu’il plaira à Dieu de vous les rendre plus avantageux. Il me semble toutefois que vous pouvez voir un côté avantageux à vos peines passées, celui que vous me signalez vous-même et en quoi je suis entièrement de votre avis. Vous avez une certitude de plus que Dieu vous veut ainsi, puisque, après vous être débattue comme vous l’avez fait, vous voyez bien qu’il faut y revenir. Après une pareille expérience, il me semble que vous auriez bien tort d’avoir le moindre scrupule. Je plains de toute mon âme cette pauvre chair qui se soulève si violemment. Mais, enfin, est-ce elle que nous devons écouter? Confirmez-vous donc dans la pensée que Dieu vous veut dépendante et aimante, et vous verrez si la paix ne rentrera pas dans tout votre être. N’admirez-vous pas, d’autre part, la puissance que Dieu vous donne d’arriver à ce que vous voulez? Et ne comprenez-vous pas l’obligation où vous êtes de vouloir tout ce qu’il y a de plus parfait, puisque, si vous le voulez, vous pouvez y arriver?

Ceci, je vous le dis, non que vous puissiez arriver à la perfection d’un seul bond, mais par une persévérance qui, après tout, va fort bien à votre nature. J’exige donc, comme premier acte de l’autorité que vous me redonnez, que vous vous appliquiez à arriver à la perfection par la charité, c’est-à-dire par un grand amour de Dieu et des hommes. J’exige que cette charité aille se puiser en quelque sorte dans le coeur de Notre-Seigneur, pour se répandre en esprit de paix tout autour de vous. J’exige l’exercice d’une grande possession de vous-même pour Dieu et sous sa main, afin que par cette disposition de votre âme vous tendiez, avec une persévérance soutenue, soit à votre propre perfection, soit à celle du prochain, autant que la charité vous y excitera. Me suis-je bien fait comprendre? Je demande de vous une disposition, qui, prenant votre vie tout entière, vous mette sous l’action de J.-C., dont l’action doit vous pousser à opérer votre sainteté dans une grande et calme expansion de charité. Supposé que je ne fusse pas assez explicite, veuillez me le dire, car je sais très bien ce que je veux et je ne manquerai pas de m’expliquer.

Vous ai-je dit, dans ma lettre d’hier, que je vous conjurais de me chercher un professeur, qui provisoirement ferait la sixième, mais que je pourrais mettre dans une classe plus élevée, d’ici à peu de temps? Si par hasard M. de Surville vient vous voir ou voir la petite Bolze, tâchez de le bien accueillir. C’est l’ancien receveur général du Gard, ancien chef légitimiste, mais catholique avant tout. Ses idées se modifient. Il peut beaucoup dans ces pays-ci, quoiqu’il cherche à présent beaucoup à s’annihiler. C’est un des plus beaux caractères que j’aie connus. Il y a un siècle que vous ne m’avez rien dit de M. Michel.

Adieu, ma chère enfant. Je m’arrête encore avant la fin de mon papier, mais vous me gronderiez bien si je vous disais quelle heure il est.

Tout à vous, ma chère enfant, avec le coeur le plus paternellement dévoué.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum