Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 343.

26 jun 1847 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Combien je suis affligé de vous avoir peiné – Le jeune fleuriste et le sculpteur – Sr M.-Vincent et Sr M.-Madeleine – Une assez bonne mine de sujets – A propos de diverses personnes.

Informations générales
  • PM_XIV_343
  • 0+532 b|DXXXII b
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 343.
  • Orig.ms. ACR, AD 524; D'A., T.D. 19, pp. 210-212.
Informations détaillées
  • 1 ASSOCIATION DE L'ASSOMPTION
    1 CHAPELLE PRIVEE
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CORPS ENSEIGNANT
    1 DOT
    1 GESTION DES BIENS
    1 INSTITUTEURS
    1 NOVICES ASSOMPTIONNISTES
    1 SUSCEPTIBILITE
    1 VOYAGES
    2 ACHARD, MARIE-MADELEINE
    2 CARBONNEL, ISAURE
    2 CARBONNEL, MARIE-VINCENT
    2 CART, JEAN-FRANCOIS
    2 EVERLANGE, MARIE-EMMANUEL
    2 GARCIN, ADELE
    2 GIRON
    2 LAPEIROUSE, DE
    2 LOUVOT
    2 MICHEL, ERNEST
    2 TESSAN, JEAN-CHARLES DE
    3 LYON
    3 NIMES
    3 PARIS, COLLEGE STANISLAS
    3 PYRENEES
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, le 26 juin 1847.
  • 26 jun 1847
  • Nîmes
  • Institution de l'Assomption
  • *Madame*
    *Madame la Supérieure de l'Assomption*
    *n° 76, rue de Chaillot*
    *Paris.*
La lettre

Je veux commencer par vous dire, ma chère fille, combien je suis affligé de vous avoir fait de la peine, car si ma lettre du 17 n’était pas aimable, sûrement vous avez dû être froissée. Pourtant vous avez dû voir, par la lettre qui a suivi deux ou trois jours après, que j’étais bien dans l’impossibilité de vous écrire la première fois à tête reposée. Puis, il faut bien que je vous avoue que je ne sais pas bien en quoi ma lettre n’était pas aimable; ma contrition ne peut donc se porter que sur la pensée qu’elle vous a fait de la peine, ce dont vous savez bien que je serai toujours bien fâché.

Les nouveaux renseignements que vous me donnez sur le jeune fleuriste, m’affligent aussi. Toutefois, je veux essayer. S’il est hypocrite, il faut convenir qu’il joue son jeu en perfection. Quant au sculpteur, c’est bien, je crois, un garçon solide, mais que je soupçonne passablement d’originalité. Il est difficile de le tirer de sa cellule, où je crains qu’il ne perde un peu de temps, parce qu’il n’a pas encore pris la méthode de travailler et qu’il va à bâtons rompus. Mais, ma bonne fille, il ne faut pas trop se décourager, parce qu’on n’est pas heureux dans les commencements. C’est là le propre d’oeuvres comme celle-ci, d’être éprouvées par la pénurie des sujets. C’est aussi ce qui montre l’avantage d’un noviciat. Quand nous en aurons un, nous ne serons pas aussi exposés à ces sortes de misères, quoique encore il ne nous faille compter sur rien.

Je reçois votre lettre du 23. Il se trouve, par le fait, que j’ai répondu à toutes vos questions. Soeur Marie-Vincent a dû recevoir ma réponse, et, si elle vous l’a montrée, vous aurez vu que prévoyant sa disposition à ne pas s’ouvrir du premier coup, j’avais voulu pour ainsi dire l’y forcer en ne lui répondant pas de suite. Je vois avec plaisir que je n’aurai pas jugé sans raison. Au lieu de lui donner des nouvelles de ses soeurs, c’est à vous que je les ai données. Ai-je dit que Monseigneur leur avait permis d’avoir une chapelle? Mlle Isaure est toujours bien fâchée, mais je n’ai pas en ce moment de nouvelles bien fraîches. Vous avez pu voir que j’avais agi pour Soeur Marie-Madeleine. J’attends le frère de Soeur Marie-Emmanuel pour lui parler de l’autorisation de la famille. Peut-être Mlle Garcin fera-t-elle le voyage des Pyrénées. Je verrai de l’y décider. Je puis vous assurer que je n’ai point oublié la promesse que j’ai faite à Soeur Marie-Madeleine et que toutes mes démarches, depuis quelques jours, en sont une bonne preuve. Si elle écrit à son oncle, qui en ce moment est à Sernhac, je pense qu’il se prêtera à bien des choses. Du reste, par une coïncidence singulière, je vais peut-être lui proposer une affaire d’argent, où il gagnerait environ 10.000 francs de droits de commission; s’il veut que, au lieu de les lui compter, je vous les remette pour avancement d’hoirie sur la dot de sa nièce, j’aurai fait d’une pierre deux coups.

Je ne crois pas avoir besoin de M. Giron. J’ai trouvé une assez bonne mine de sujets, je vais l’exploiter; j’aurai, si je veux, trois ou quatre jeunes prêtres. Je puis, si je le veux, trouver ici une perle d’instituteur primaire, au moins si j’en crois un directeur d’Ecole normale qui a été son maître. Si vous le voulez bien, je chercherai un peu de ces côtés-ci. Le professeur de Lyon, dont vous a parlé M. Michel, m’irait sans doute; mais c’est à Nîmes que je le voudrais. Pour vous le dire aussi, et afin que vous ne vous fatiguiez pas trop à me conserver le jeune homme qui est entré au noviciat des Frères et qui voudrait se faire prêtre, il paraîtrait que c’est un excellent nigaud, mais rien de plus.

J’avais connu M. Louvot, quand il était maître d’études à Stanislas et nous étions en effet assez bons amis. M. de Lapeirouse est un neveu de l’abbé de Tessan. Je suis forcé de m’arrêter, car j’ai eu de continuels dérangements. Cependant, j’aurais voulu vous parler de ma petite communauté, qui va réellement mieux. On attribue cela à la fréquence des chapitres que j’ai tenus. Je pense, en effet, que cela y a assez contribué, mais je vous en parlerai une autre fois.

Adieu, ma chère fille. Tout à vous du fond de l’âme.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum