Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 376.

19 oct 1847 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Les tracas de la rentrée – Maintenez-vous dans l’esprit de paix et de soumission – A propos de diverses personnes – Notre règlement – Un excellent préfet de discipline – Prochains voeux de Du Lac.

Informations générales
  • PM_XIV_376
  • 0+544 i|DXLIV i
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 376.
  • Orig.ms. ACR, AD 543; D'A., T.D. 19, pp. 249-251.
Informations détaillées
  • 2 BRUN, HENRI
    2 CONNY, JEAN-FERDINAND DE
    2 DU LAC, JEAN-MELCHIOR
    2 LA BOUILLERIE, FRANCOIS DE
    2 MARC, PAUL
    2 TOURNOUX
    3 PARIS
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, le 19 octobre 1847.
  • 19 oct 1847
  • Nîmes
  • Institution de l'Assomption
La lettre

Ma chère enfant,

Je suis au milieu de tous les tracas de la rentrée, je n’ai que quelques minutes à moi et j’en profite bien vite pour répondre à votre lettre qui m’est un remords. Je regrette bien de n’avoir pu continuer le bon effet de mon avant-dernière lettre, en vous arrivant un peu plus tôt, mais croyez qu’en ce moment je n’ai guère la possibilité de faire tout ce que je voudrais. Tâchez de faire votre possible pour vous maintenir dans cet esprit de paix et de soumission, que vous me dites être devenu le vôtre. Oh! si vous pouviez vous en faire comme une habitude! Pour moi, je m’y exerce ici autant qu’il dépend de moi. Je prie beaucoup pour vous; je crois souvent que c’est ce que je puis faire de mieux.

Je vous remercie de ce que vous me dites de Tournoux. Ce bon garçon a pu être blessé dans la maison de quelques procédés, mais il les avait bien provoqués par son sentiment de contentement de lui-même. Puis il ne veut jamais être religieux; il ne prendra jamais goût à la surveillance, à quoi je voulais l’employer. J’aime autant qu’il reste où il est. Je doute, à moins qu’il ne plie ses idées, qu’on puisse jamais en faire un prêtre. Il me paraîtrait même dangereux de le pousser dans cette voie, tant qu’il ne sera pas un peu plus dépouillé de son esprit propre.

Je crois l’abbé de B. peu capable de conduire quelqu’un qui a besoin d’être mené par quelqu’un qui aurait du coeur. L’abbé de la Bouillerie irait, ce me semble, bien mieux, ou bien l’abbé de Conny. Je m’aperçois que j’ai quelques minutes encore. D’abord veuillez dire à vos filles qui m’ont écrit que mes premières lettres seront pour elles; puis vous serez peut-être bien aise de savoir une petite modification que nous avons apportée à notre règlement. Comme autrefois, nous entrerons en silence le soir, à 9 h.et demie, mais nous nous levons un quart d’heure plus tôt, à 4 h. et demie. Nous aurons sept heures de sommeil. A 4 h. 3/4, nous dirons Prime; nous n’aurons qu’une demi-heure de méditation, mais nous aurons une messe de communauté, laquelle devra être dite, sauf le jeudi et le dimanche, à 5 h. et demie, de sorte qu’on sera libre à 6 h. Ce qui m’a déterminé à cette combinaison, c’est que par ce moyen les domestiques et les surveillants pourront entendre la messe tous les jours, c’est que nous aurons une messe de communauté, en dehors de laquelle on pourra encore passer un certain temps à assister à la messe. Les fervents pourront avoir une heure d’oraison et les moins fervents une demie-heure.

Tout le monde sans exception est jusqu’à présent enchanté de M. Marc. Dieu veuille que cela continue! J’ai aussi trouvé un excellent préfet de discipline dans M. l’abbé Brun. Je vous assure que je suis tout heureux de vous donner ces détails, et je regrette toujours que vous ne connaissiez pas la maison. Je voudrais bien que vous pussiez nous suivre par la pensée, comme je puis le faire par le souvenir que j’ai de la vôtre.

Adieu, ma chère enfant. Dans un mois je serai bien près de Paris, quoiqu’il soit possible que je n’y arrive que vers le 15 décembre. M. du Lac(1) doit faire ses voeux le jour de la Conception, et peut-être m’arrangerai-je pour y assister.Adieu. Tout vôtre, mais beaucoup plus que votre méchante pensée ne vous permet de le croire.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Chez les Bénédictins.