Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 397.

14 dec 1847 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

L’affaire des terrains – Celle de Suisse – Jetez-vous dans l’amitié de N.-S. – La possession de soi – Les fausses lettres – Soeur Marie-Vincent et ses soeurs.

Informations générales
  • PM_XIV_397
  • 0+548 e|DXLVIII e
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 397.
  • Orig.ms. ACR, AD 554; D'A., T.D. 19, pp. 276-277.
Informations détaillées
  • 2 CARBONNEL, ISAURE
    2 CARBONNEL, MARIE-VINCENT
    2 EVERLANGE, FAMILLE D'
    2 EVERLANGE, MARIE-EMMANUEL
    2 GRIOLET, JOSEPH-AUGUSTE
    3 LYON
    3 PARIS, COLLEGE STANISLAS
    3 SUISSE
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, le 14 décembre 1847.
  • 14 dec 1847
  • Nîmes
  • Institution de l'Assomption
La lettre

Je vais, ma chère enfant, commencer cette lettre, au risque de l’interrompre bientôt. Voici les Quatre-Temps, j’ai énormément à faire. Cependant je veux vous dire: 1° Que les d’Everlange ne sont pas venus me voir. J’ai cru plus prudent de ne rien dire. Lundi prochain, je dirai la messe pour cette chère petite Soeur malade. 2° L’affaire des terrains me paraît un peu scabreuse. Il m’est avis pourtant que vous avez très bien fait de ne rien acheter vers Stanislas. Il me semble que si en vendant vous pouvez avoir un bon prix, vous ferez beaucoup mieux de vendre et d’acheter un peu plus loin quelque chose de commode.

Je ne suis pas effrayé par l’affaire de Suisse. Raisonner ainsi avec la peur, ce serait paralyser toute bonne oeuvre. Le meilleur est de se fier à Dieu. Mais il me semble qu’à moins d’une occasion pressante et très favorable, dans trois semaines je pourrai vous donner un avis plus raisonné sur les lieux.

Maintenant, pour ce qui vous concerne, je pense que vous n’avez rien de mieux à faire qu’à vous jeter dans cette amitié de Notre-Seigneur. Il ne s’agit pas de savoir si vous perdez du temps à l’oraison, mais si votre âme se calme peu à peu. Or cela m’est très évident, d’après ce que vous me dites. Il y aura évidemment progrès plus tard, mais Notre-Seigneur ne pouvant jamais vous blesser, le meilleur parti à prendre pour vous, c’est d’aller vers lui vous présenter toute meurtrie, afin qu’il vous pousse lui-même. Il me semble également que, tout en reprenant peu à peu vos exercices réguliers, vous devez vous rappeler que votre santé n’est pas tellement forte que vous n’ayez besoin de ménagements, et je comprends tous les jours combien la possession de soi est la vertu fondamentale d’un supérieur.

L’affaire dont je vous ai parlé hier est quelque chose d’incroyable. C’est une petite misérable, élevée par la charité et qui fut renvoyée de chez les Dames de Marie-Thérèse, quelque temps avant que nous n’allassions à Lyon. Elle a inventé une foule de contes, qui, grâces à Dieu, se réfutent d’eux-mêmes. Si la chose ne prend pas de consistance, je la laisserai tomber; si, au contraire, elle s’ébruite, j’exigerai que le procureur du roi se fasse présenter ces prétendues lettres, qui sont, dit-on, signées de moi, afin que les faussaires subissent les conséquences de leurs calomnies. Mais je ne serai probablement pas obligé d’en venir là.

J’ai vu ce matin M. Griolet. Ce saint homme est fort empêtré; c’est sa nature. Il paraît que Mlle Isaure est plus furieuse que jamais. Il est d’avis que Soeur M.-Vincent, si elle venait ici, ne pourrait arriver qu’avec l’habit religieux. Et, à ce propos, je dois vous dire que je ne tiens pas du tout à le lui donner, mais que je n’ai rien à craindre de ce que pourront dire ses soeurs, si je le lui donne. Un peu plus, un peu moins de cris, qu’est-ce que cela fait? Je vous avoue que je commence à y être fort indifférent. Vous ferez donc ce que vous jugerez à propos.

On vient encore me déranger. Adieu. Tout à vous en Notre-Seigneur.

Notes et post-scriptum