- PM_XIV_424
- 0+572 a|DLXXII a
- Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 424.
- Orig.ms. ACR, AD 577; D'A., T.D. 20, pp. 13-14.
- 1 AMOUR DE JESUS-CHRIST POUR LES HOMMES
1 AMOUR FRATERNEL
1 AUTEURS SPIRITUELS
1 CHARITE ENVERS DIEU
1 ESPRIT DE COMMUNAUTE
1 FOI
1 HUMILITE
1 JOIE SPIRITUELLE
1 PARLEMENT
1 PERSEVERANCE
1 PRIERE DE DEMANDE
1 PURIFICATIONS SPIRITUELLES
1 ROGATIONS
1 ROYALISTES
1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
1 UNION DES COEURS
2 BUCHEZ, PHILIPPE
2 LEGER, SAINT
2 PATY, ISIDORE DE
2 PITRA, JEAN-BAPTISTE - A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
- MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
- Nîmes, le 30 mai 1848.
- 30 may 1848
- Nîmes
- Maison de l'Assomption
- *Monsieur*
*Monsieur de Paty Sous-chef*
*à l'administration générale des Postes*
*Paris.*
Depuis cinq heures que j’ai votre lettre entre les mains, il ne m’avait pas été possible de la terminer, tant j’avais été constamment dérangé. Je vais commencer à y répondre, sauf à recommencer demain si aujourd’hui je ne puis pas finir.
La peine qui vous fatigue à l’égard de Dieu ne doit pas vous arrêter. Il faut continuer à frapper à la porte et l’on vous ouvrira. Quand Dieu aime une âme autant que la vôtre, cette âme doit s’attendre à ce qu’on lui fasse payer un don aussi précieux. Tout ce que vous souffrez nécessairement vous épure, si vous le supportez avec une humilité toujours amoureuse. Il n’est pas bien nécessaire que vous compreniez ce qui se passe en vous, il vaut même mieux peut-être que vous n’en sachiez rien et que vous vous en rapportiez entièrement à Notre-Seigneur, qui vous aime et qui veut de vous la foi en son amour. Rappelez-vous toujours la parole du Saint-Esprit: In charitate perpetua dilexi te. Puisque Dieu vous aime, il faut l’aimer alors même que vous ne le sentirez pas. Sur cet article, ma chère enfant, je ne puis que vous prêcher la persévérance la plus soutenue. Lisez l’évangile du lundi des Rogations, vous y verrez que Dieu aime qu’on l’importune. L’évangile de dimanche dernier est aussi très beau: Petite et accipietis, ut gaudium vestrum sit plenum. Abandonnez-vous à cette demande, au nom de Jésus-Christ. Il dit encore: Usque modo non petistis quidquam in nomine meo. Tout cela est admirable, à mon gré, et va au fond du coeur.
Je serais désolé que vous fussiez desséchée au point d’affaiblir la charité qui règne dans votre communauté. Ce serait un mal immense, et je le mettrais au-dessus de tout ce qui pourrait vous arriver de pire. Priez beaucoup Notre-Seigneur pour les âmes de vos filles et soyez persuadée qu’il vous exaucera.
Un livre qui vient de faire un bien infini à l’un des miens, c’est la Vie de saint Léger par Dom Pitra. Comme je ne l’ai pas lu, je ne puis savoir si c’est au livre ou aux dispositions de celui qui lisait qu’on doit en attribuer le fruit. Je m’arrête, ma chère fille. Je reprendrai demain, si le temps me le permet. Seulement je vous conjure d’être persuadée qu’il y a au fond de mon âme quelque chose d’immuable qui souffre de vos peines, mais qui ne songe pas à s’en impatienter ou du moins à vous le laisser porter toute seule. Je puis vous assurer que je donnerais beaucoup pour en porter le poids.
Quand Buchez aura de moins la présidence de la Chambre, je voudrais qu’il prît sous sa protection nos populations, qui, toutes légitimistes qu’elles sont, sont si bonnes par le côté catholique. Mais je n’ai plus de temps. Adieu.
E.D'ALZON.