Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 422.

30 may 1848 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Ses besoins d’argent et le papier hypothécaire, gagé sur le sol de la France – Etre toujours et partout apôtre – Difficultés avec l’évêque au sujet de son Association.

Informations générales
  • PM_XIV_422
  • 0+572|DLXXII
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 422.
  • Orig.ms. ACR, AD 576; V. *Lettres* III, pp. 346-347 et D'A., T.D. 20, p. 13.
Informations détaillées
  • 1 ASSOCIATION DE L'ASSOMPTION
    1 BONTE
    1 COLERE
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 DIRECTION SPIRITUELLE
    1 DOUCEUR
    1 EMBARRAS FINANCIERS
    1 EMPRUNTS HYPOTHEQUAIRES
    1 EVEQUE ORDINAIRE DU DIOCESE
    1 PRATIQUE DE L'OBEISSANCE
    1 PROPRIETES FONCIERES
    1 RECONNAISSANCE
    1 RENDEMENT DE COMPTE
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 ZELE APOSTOLIQUE
    2 ALZON, HENRI D'
    2 CART, JEAN-FRANCOIS
    2 HENRI, EUGENE-LOUIS
    2 PATY, ISIDORE DE
    3 FRANCE
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, le 30 mai 1848.
  • 30 may 1848
  • Nîmes
  • Maison de l'Assomption
  • *Monsieur*
    *Monsieur de Paty Sous-chef*
    *n° 76 rue de Chaillot*
La lettre

Je reçois votre lettre, ma chère fille, et je me hâte d’y répondre. Je ne vous fatiguerai plus de mes remerciements; ils partent trop du fond du coeur, pour que vous ne les deviniez pas et que vous ne soyez pas sûre qu’à votre place j’en ferais autant. S’il faut croire au projet de la caisse hypothécaire, ne vous pressez pas trop; car, dans ce cas, nous aurions tout l’argent que nous voudrions. Il est sûr que je pourrais aussitôt trouver ici de quoi me solder d’une manière extrêmement facile, parce que je déciderais mon père à emprunter et que, probablement, il le pourrait aisément. Ce serait la ruine des usuriers, et, sous ce rapport, le projet enrichirait surtout les petits propriétaires et aurait un résultat très moral. Voyez donc si vous croyez pouvoir espérer que le projet sera accueilli avec faveur. Cela vous donnerait du temps pour vendre, et, sous ce rapport, j’y verrais un immense avantage. J’ai mis la puce à l’oreille de mon père, qui se remue pour me trouver de l’argent. L’abbé Henri s’agite aussi de son côté. Il faut donc espérer que je pourrai attendre un ou deux mois, ce qui vous donnera le temps de vous retourner. Plus j’y réfléchis, plus l’idée de ce papier hypothécaire me semble le meilleur moyen de parer à la crise, parce que sa garantie porte, non plus sur les caves de la banque, mais sur le sol même de la France. Il sera accueilli avec joie par tous les petits propriétaires de nos pays, sans aucun doute. Aussi, veuillez attendre quelques jours avant de rien décider, à moins que vous n’ayez l’occasion de faire une excellente affaire, ce que je ne présume pas.

L’embarras que vous cause l’individu dont vous me parlez ou n’en est pas un, ou j’ai mal compris la question que vous me faites. Si, de votre part, comme je le présume, il n’y a aucun inconvénient, pourquoi ne pas chercher à lui faire du bien jusqu’à ce que vous ayez acquis la certitude que c’est pour vous chose impossible. Alors vous ferez bien de l’éliminer. Il me semble que dans le temps présent il faut être toujours et partout apôtre. Dans ce cas quel mal de prendre avantage sur un homme qui se livre, il est vrai, avec d’autres intentions, mais qu’avec un peu de zèle vous pouvez peut-être transformer. Quant à votre conscience, j’attends un prompt rendement de compte, et je vous donne trois jours après la réception de cette lettre pour me le faire. Il ne faut pas que les affaires extérieures vous fassent négliger celles de l’âme. Vous aurez la bonté de ne pas oublier cet ordre, car je vous le donne au nom de l’obéissance.

Je prie beaucoup pour vous et j’offre à Dieu mes peines à votre intention. C’est ce qu’il y a, pour le moment, de moins mal chez moi. J’ai eu hier un rude crève-coeur de la part de l’évêque. Je fus sur le point de lui envoyer ma démission; puis, je crus devoir la garder par mortification. C’est relativement à notre petite Association. Ce saint homme n’a pas beaucoup d’égards pour ses grands vicaires. Il fait bien en un sens, car il me donne une immense liberté. J’ai eu un rude mouvement de colère; mais je crois qu’il n’a pas paru et que, dès que je l’ai aperçu, je l’ai comprimé.

Adieu, ma fille. Je demande à Dieu qu’il vous donne son esprit et que vous le communiquiez avec zèle, douceur et amabilité à tout ce qui vous environne.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum