Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 502.

4 may 1849 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Sa joie du bien qu’une religieuse de l’Assomption accomplit à Londres – Ne plus tant se préoccuper, mais s’occuper davantage de Dieu et de son oeuvre – Il désirerait pour elles une fondation en Angle terre – Nouvelles et demandes relatives à des Soeurs et à des postulantes – Messe pour l’anniversaire de la République – Autres nouvelles.

Informations générales
  • PM_XIV_502
  • 0+613|DCXIII
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 502.
  • Orig.ms. ACR, AD 641; V. *Lettres* III, pp. 428-430 et D'A., T.D. 20, p. 86.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DU CHRIST
    1 ANGLAIS
    1 CELEBRATION DE LA MESSE PAR LE RELIGIEUX
    1 COMMUNION FREQUENTE
    1 CONFESSION SACRAMENTELLE
    1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 CONSERVATEURS
    1 FIDELITE
    1 FORMATION DES JEUNES PROFES
    1 HABIT RELIGIEUX
    1 HUMILITE
    1 JESUS-CHRIST
    1 JOIE
    1 LACHETE
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 MISSION D'ANGLETERRE
    1 MISSIONS ETRANGERES
    1 NOVICE
    1 OUBLI DE SOI
    1 PASSIONS
    1 POLITIQUE
    1 POSTULANT
    1 POUVOIR
    1 PRETRE
    1 PRISE DE VOILE
    1 RECONNAISSANCE
    1 REGNE
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 REPUBLIQUE
    1 SAINTETE
    1 SALUT DES AMES
    1 SEVERITE
    1 SOEURS CONVERSES
    1 SOUFFRANCE
    1 TRISTESSE
    1 VERTU DE FORCE
    1 VIE DE PRIERE
    1 VOCATION
    1 VOEUX DE RELIGION
    1 VOIE UNITIVE
    1 VOLONTE DE DIEU
    2 ACHARD, MADAME
    2 ACHARD, MARIE-MADELEINE
    2 BALINCOURT, MARIE-ELISABETH DE
    2 CARBONNEL, MARIE-VINCENT
    2 CART, JEAN-FRANCOIS
    2 ESGRIGNY, MADEMOISELLE D'
    2 GAUDE, MARIE-RODRIGUEZ
    2 HENNINGSEN, MARIE-GERTRUDE DE
    2 MONIQUE, SAINTE
    2 SIMON DE CYRENE
    3 ANGLETERRE
    3 LONDRES
    3 SUISSE
  • A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • Nîmes, le 4 mai 1849.
  • 4 may 1849
  • Nîmes
  • Institution de l'Assomption
  • *Madame*
    *Madame la Supérieure de l'Assomption*
    *n° 94 rue de Chaillot*
    *Paris.*
La lettre

Je ne puis vous exprimer, ma chère fille, la joie que me causent les détails que vous me donnez sur le succès de Soeur Marie-Gertrude à Londres. Ils sont admirables, parce qu’ils prouvent combien Dieu est miséricordieux pour ce pauvre pays, et ils me réjouissent par la pensée que vos filles pourront un jour être des instruments de salut pour tant d’âmes qui attendent la lumière. Encouragez beaucoup cette bonne fille; et, si elle a besoin de rester quelque temps encore à Londres, ne pensez-vous pas bien faire de l’y faire continuer son apostolat? Je suis heureux qu’elle ait eu le courage de porter son habit et très convaincu qu’un courage pareil chez des prêtres ferait un très bon effet. Laissez-moi vous dire en passant que je ne comprends pas comment en face de pareils faits, en face de ce que Dieu semble demander de vous, toute votre raideur ne fonde pas. O fille de peu de foi! Croyez-moi, laissez donc une fois pour toutes et vos raideurs, et vos tristesses, et vos découragements. Est-ce qu’il peut s’agir de vous, de moi, de nous, quand il s’agit à un tel point de Jésus-Christ et des âmes qu’il veut sauver par vous et par vos filles, si vous avez un coeur large comme le sien? Pour moi, je baise avec reconnaissance les pieds de Soeur Marie-Gertrude, puisqu’elle sent, à un pareil degré, la présence de Notre-Seigneur en elle et qu’elle sait si bien répandre autour d’elle son action. Je n’ai qu’un sentiment, celui d’une indignité profonde, à la vue de ce que font les filles de l’Assomption et du peu que font les fils de la même oeuvre. Enfin, ma fille, si je ne suis pas bon à autre chose, je serai toujours capable de prier un peu et je le ferai avec tout ce qui peut se trouver en moi d’amour pour notre divin Maître, qui est si bon pour vous.

Ma fille, ma fille, le temps n’est-il pas enfin venu où vous ne devez plus tant vous préoccuper, pour vous occuper davantage de Dieu et de son oeuvre? Quel moyen plus merveilleux Notre-Seigneur peut-il vous offrir pour vous désenchanter de la contemplation de vous-même et des murmures que cette contemplation enfante, que cette grande et amoureuse préoccupation du bien que vous pouvez faire pour étendre son empire! J’espère donc, ma chère enfant, que le remède à vos souffrances, Notre-Seigneur vous le donnera désormais lui- même. Non que je refuse de vous faire tout le bien possible. Qui sait, si, tandis que vous ferez du bien et beaucoup de bien au-dehors, il ne voudra pas que vous me réserviez toujours le spectacle de vos tristesses, de vos souffrances et de votre découragement, afin de vous maintenir dans l’humilité nécessaire? S’il en est ainsi, vous savez que je veux être toujours pour vous Simon de Cyrène, maladroit quelquefois, mais toujours plein d’affection et de compassion pour votre pauvre âme. Mais je ne puis m’empêcher de croire que vous allez entrer dans une nouvelle période de votre vie spirituelle, et que vous y puiserez des secours que vous n’avez pas connus jusqu’à présent. Seulement soyez fidèle à Jésus-Christ.

Je pense qu’il est absolument nécessaire d’envoyer en Angleterre les religieuses que l’on vous y demande. Il n’y a pas à hésiter. Si vous suivez mon conseil sur ce point, vous savez ce que je vous ai écrit dans le temps; ma conviction est toujours la même. Quant à la Suisse, veuillez traîner en longueur. Je vous verrai, avant que ce soit conclu, et je vous indiquerai les pièges qu’il faut éviter, car vous seriez exposée à payer une maison qui me semble avoir perdu chance de succès.

Je crois que c’est la tante de Soeur Marie-Mad[eleine], qui a fait circuler les bruits répandus contre cette pauvre fille; je ne puis croire qu’il y ait rien de plus grave que ce que je vous ai écrit. Je vais hâter le départ de Mlle Gaude. Seriez-vous assez bonne pour m’envoyer le tableau des professes, novices, postulantes et converses que vous avez, avec la date de leur profession, prise d’habit, entrée, etc.? Faites donc des places dans votre maison, si vous voulez que Dieu y envoie du monde. Je verrai aujourd’hui Mlle de Bal[incourt], qui doit être de retour de sa retraite. Mlle d’Esgrigny vous arrivera pour le mois de septembre, au plus tard.

Il faut vous quitter pour me préparer à dire la messe aux autorités, qui veulent un Te Deum et à qui l’évêque impose la messe par-dessus le marché. J’avoue que, à la manière dont on s’y tient, je préférerais qu’on ne la dît pas. J’y prierai sainte Monique pour la conversion des Anglais. Vous avez parfaitement fait d’engager Soeur Marie-Gertrude à communier tous les jours. Je n’ai pas encore vu Soeur Marie-Vincent depuis son arrivée; ses soeurs la gardent à vue.

Depuis, voilà une lettre de cette bonne fille qui m’est remise. Elle viendra me voir demain soir, juste au moment de mes confessions, parce que ses soeurs ne veulent pas qu’elle vienne à une autre heure. Vous comprenez qu’il faut en passer par là. La République célèbre ici d’une manière fort pacifique l’anniversaire de sa proclamation solennelle. Cependant, les passions réactionnaires sont rallumées de la façon la plus effrayante.

Adieu, ma chère fille. Tout vôtre, avec une entière disposition à faire de vous une sainte, si Dieu le veut.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum