- PM_XIV_504
- 0+615|DCXV
- Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 504
- Orig.ms. ACR, AD 643; V. *Lettres* III, pp. 433-435 et D'A., T.D. 20, pp. 87-88.
- 1 ARISTOCRATIE DE L'ASSOMPTION
1 CLASSES SCOLAIRES
1 COUVENT
1 DIRECTION SPIRITUELLE
1 DOT
1 ESPRIT CHRETIEN
1 FETE DE L'ASSOMPTION
1 FORMATION DES JEUNES PROFES
1 GENEROSITE
1 MAISONS D'EDUCATION CHRETIENNE
1 MAITRES
1 MEDECIN
1 NOVICES ASSOMPTIONNISTES
1 NOVICIAT DES ASSOMPTIONNISTES
1 PREFET DES ETUDES
1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
1 RESIDENCES
1 RETRAITE SPIRITUELLE
1 SANTE
1 SOINS AUX MALADES
1 SURVEILLANTS
1 TIERS-ORDRE DE L'ASSOMPTION
1 VACANCES
1 VIE DE PRIERE
1 VOCATION
1 VOEU D'OBEISSANCE
1 VOEUX DE RELIGION
1 VOYAGES
2 ACHARD
2 ACHARD, MADAME
2 ACHARD, MARIE-MADELEINE
2 ALZON, HENRI D'
2 BALINCOURT, CHARLES DE
2 BALINCOURT, MARIE-ELISABETH DE
2 BEAUFFREMONT, PRINCESSE DE
2 BERTIN, DOCTEUR
2 BOURGEOIS, ABBE
2 BRUN, HENRI
2 CARDENNE, VICTOR
2 GAY, CHARLES-LOUIS
2 GERMER-DURAND, EUGENE
2 MONNIER, JULES
2 MONTMORENCY, DUCHESSE DE
2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
2 TISSOT, PAUL-ELPHEGE
3 MIDI
3 NIMES
3 PARIS
3 SOREZE
3 VIGAN, LE - A LA MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
- MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
- Nîmes, le 9 mai 1849.
- 9 may 1849
- Nîmes
- Institution de l'Assomption
- *Madame*
*Madame la Supérieure de l'Assomption*
*n° 94 rue de Chaillot*
*Paris.*
J’allais prendre la plume et vous demander pardon de vous écrire deux jours de suite, sans avoir rien reçu de vous, quand votre lettre du 5, si bonne sous une foule de rapports, m’a été remise. Je viens de passer une heure et demie avec M. de Balincourt; il vous amènera sa fille dans le mois de septembre.
Si j’oubliais de vous le dire plus tard, veuillez vous rappeler que M. de Balincourt est amoureux de sa fille, qu’il n’a pas de plus grand chagrin que de la voir se faire religieuse, mais comme il l’aime pour elle et avec un coeur de vingt ans, quoiqu’il en ait soixante, et que de plus il est chrétien pratiquant depuis deux ans, avec un fond de foi admirable, il met quelque chose de chevaleresque dans le don qu’il en fait à Dieu. Sa fille n’est pas bonne pour lui. Lui vous aime beaucoup, et, en se déterminant à vous confier cette pauvre enfant, il est content d’abord que ce soit à vous, mais aussi dans un couvent qui a des rapports avec la princesse de Beauffremont et la duchesse de Montmorency. M. de Balincourt est du reste admirable, et je puis vous dire combien il m’a fallu réfléchir à mon peu de générosité, en voyant ce qu’il met dans son sacrifice à Dieu de tout ce qu’il a, bien sûr, de plus cher au monde. Je vous donne ces détails, pour que vous vous en serviez pour lui faire du bien, et lui en faire par sa fille, qui n’est pas assez adroite. Mlle de Balincourt aurait eu un jour 400.000 francs. J’ai donné à entendre à son père, à plusieurs reprises, qu’il pourrait fort bien en donner le quart et puis la moitié au moins; il a fort bien pris la chose. Je pense que c’est un homme avec qui il ne faut pas trop serrer ces questions; son coeur le rendra généreux; et puis, je serais effrayé si vous finissiez par devenir trop riche. J’ai voulu vous tout dire là-dessus pour n’avoir pas à y revenir.
Vous ai-je parlé de Soeur Marie-Madeleine? La pauvre fille est bien malheureuse. On a laissé là M. Bertin, son premier médecin, parce qu’il a dit que sa santé était délicate. Deux ou trois visites que je lui ai faites m’ont convaincu, sans qu’elle me l’ait dit, qu’elle avait une terreur de vous retourner à Paris; d’où je conclus que vous ferez bien de lui écrire pour exiger qu’elle soigne sa santé et que je vous donne l’assurance que les médecins la croient capable de partir. J’aurai vu les médecins avant que votre lettre ne lui arrive et qu’elle ne l’ait montrée à ses parents; je pourrais donc être en droit d’exiger la vérité, et si son oncle et sa tante se fâchent, tant pis pour elle et pour eux! Vous ne vous serez pas chargée d’un fardeau inutile à moins que vous ne vouliez la prendre comme infirme à soigner, ce qui devient une toute autre question.
Hier soir, nous avons eu la réunion des six. Vous savez que nous donnons ce nom à de petits Conseils, composés de MM. Durand, Monnier, Tissot, Cardenne, Saugrain et moi. J’ai parlé des propositions que l’on m’a faites au sujet de Sorèze, du refus que je voulais faire et de l’idée de fonder un noviciat à Paris. M. Durand, qui d’abord ne goûtait pas l’idée de Sorèze, a répondu qu’il serait bien avantageux de fonder deux maisons dans le Midi; mais l’obstacle, c’est l’impossibilité d’avoir des hommes. On a reconnu que c’était à Paris sans doute qu’il fallait aller chercher des sujets, mais que le noviciat à Paris offrirait de graves inconvénients. Tant que je ne pourrai pas être entièrement remplacé ici, on a pensé qu’il vaudrait mieux l’établir à une petite distance de Nîmes, afin que je pusse le visiter de temps en temps, mais pourtant hors de Nîmes, afin que les novices fussent à l’abri de tout contact avec la maison, où quelques maîtres non tertiaires ou même tertiaires pourraient leur être fort nuisibles dans les commencements. Dans ce cas, MM. Tissot, Cardenne, Saugrain et moi ferions des promesses solennelles, le jour de l’Assomption, non pas des voeux encore. Nous nous considérerions comme profès. Hippolyte serait préfet de discipline. L’abbé Brun, un jeune prêtre parfait, deviendrait novice; l’abbé Bourgeois, un de nos meilleurs surveillants, également; peut-être le professeur de septième. Nous partirions pour le Vigan et irions nous établir dans une charmante maison que mon père y possède. Nous ferions une retraite; puis, je partirais pour Paris. Si je ne fais mon voyage au mois de juillet, j’irais passer la fin des vacances avec eux; puis, à l’ouverture des classes, je m’arrangerais pour leur donner les lundis, mardis et mercredis de toutes les deux semaines. Quand le noviciat serait bien en train, avec les trois novices dont je vous parle, lesquels seraient mis en compagnie de M. Tissot et de M. Cardenne, j’irais à Paris chercher des recrues, et peut-être Dieu nous en accorderait-il.
Je me suis réservé de vous écrire sur tout cela et de prendre votre avis. Priez beaucoup, et puis dites-moi ce que vous pensez. Si les choses prennent cette tournure, peut-être ferai-je une course à Paris dans le mois de juin.
J’arrive enfin à votre lettre. Je suis enchanté que vos idées se soient dirigées du côté de l’abbé Gay. Adressez-vous à lui sans la moindre difficulté, et, en vous faisant diriger par lui, communiquez-lui vos idées. Demain ou après-demain, je reprendrai votre lettre par le détail. Pour aujourd’hui, je veux seulement vous dire que, si vous prenez quelque intérêt à l’oeuvre, vous voyez de quelle importance il est de travailler à votre sanctification. Je vous promets d’y travailler moi-même, autant qu’il dépendra de moi, par cette obéissance qui vous est si nécessaire; j’y emploierai le voyage même, s’il le faut. Il vous doit être désormais évident que tout moyen utile pour vous ou…(1) et détruire votre mauvaise nature doit être employé, s’il le faut.
Je ne puis vous dire avec quel dévouement je suis tout vôtre en Notre-Seigneur.
E.D'ALZ[ON].