Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 93.

19 mar 1858 Nîmes VEUILLOT Louis

Votre surprise – Les partis politiques à Nîmes – Achats de bébés par les protestants – Les *Lettres de saint Augustin* de Poujopulat.

Informations générales
  • PM_XV_093
  • 0996 a
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 93.
  • Orig.ms. B.N., Naf 24 227, f.125; copie de J.P. Périer-Muzet ACR, DT 89; Photoc. ACR, DT 96.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 AUGUSTIN
    1 BOURGEOISIE ADVERSAIRE
    1 CONVERSATIONS
    1 ENFANTS
    1 LIVRES
    1 PARTI
    1 PEUPLE
    1 PRESSE
    1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
    1 RECONNAISSANCE
    1 SENSIBILITE
    1 SOCIALISME ADVERSAIRE
    1 SOUVENIRS
    1 SOUVERAIN PROFANE
    1 UNITE CATHOLIQUE
    2 POUJOULAT, JEAN-JOSEPH
    2 VEUILLOT, ELISE
    2 VIVES, LOUIS
    3 ANGLETERRE
    3 CHINE
    3 MILHAUD
    3 MILLAU
    3 NIMES
    3 PARIS, RUE DU BAC
  • A MONSIEUR LOUIS VEUILLOT
  • VEUILLOT Louis
  • Nîmes, le 19 mars 1858.
  • 19 mar 1858
  • Nîmes
  • Evêché de Nîmes
La lettre

Mon cher ami,

Votre surprise m’est arrivée. Vivès a été exact. Dois-je vous en remercier? Je fouille et refouille tant ces souvenirs d’une lutte où je vous accompagnai de tous mes désirs, que j’en suis malade: vous voyez bien que votre style n’est pas sain. Vous me faites passer des moments délicieux: serais-je, ne suis-je plus fait pour les émotions, même pour les meilleures?

Comme moi aussi je veux vous faire mes surprises, j’ai absolument besoin de votre adresse de la rue du Bac. Vous voilà obligé de me répondre si vous voulez être surpris.

Votre article sur l’Angleterre a fait dire que vous aviez eu avec l’empereur une conversation de cinq quarts d’heure, ni plus ni moins, et que vous avez écrit sous sa dictée.

Ici les partis politiques honnêtes s’en vont. Le peuple se socialise. Toutefois il semble apprendre le chemin de l’Eglise. Dans les classes bourgeoises, on pourrait sentir le besoin de s’unir sur le terrain religieux, les autres ayant manqué sous les pieds. Il y a à [avancer?] sur quelque chose à faire pour profiter de ce mouvement qui est très manifeste dans les lieux où je puis faire mes investigations.

Les protestants achètent ou cherchent à acheter des enfants en [nourrice?]. Ce sera bientôt un marché de Chine. Chaque semaine j’entends parler de cinq ou dix pauvres petites créatures vendues ou sur le point de l’être. En voici un des motifs. La famille protestante devient stérile. Pour ne vous en donner qu’un exemple: en 1856 Milhau à dix lieues de Nîmes a eu 42 naisances: onze cents catholiques en ont donné 36 ou 37; 700 protestants en ont donné 6 ou 5. Voilà pourquoi ils veulent nos enfants.

Poujoulat me fait dire qu’il vous serait bien reconnaissant si vous vouliez bien faire parler de sa traduction des lettres de St Augustin dans l’Univers. Je m’acquitte de ma commission avec toute la chaleur dont je suis capable. Adieu, mon cher ami, croyez que si on ne vous voit pas, on n’en parle pas [moins?] de vous, en priant Dieu de vous donner la force de poursuivre toute votre tâche dans ce qu’elle a de dur. A [d’autres?], après tout, vous savez bien que si quelques gens vous détestent, il y en a qui vous aiment énormément.

E. d'Alzon.
Notes et post-scriptum
Je félicite mademoiselle votre soeur du dernier portrait qu'on a fait d'elle, il est vraiment très ressemblant et l'on voit [qu'elle présente] assez de vous.1. La réponse de Louis Veuillot est datée du 20 mars (Orig.ms ACR, EC 43; *Oeuvres complètes. 2ème série. Correspondance*, t.V, n° 219).
2. Les remarques de d'Alzon portent la marque et les préoccupations du temps. Il fait allusion plusieurs fois à cette "guerre des berceaux". Nous avons contrôlé les données démographiques de Milhau (Aveyron) à l'occasion du recensement de 1861: population de la commune 12 636 dont 1065 protestants.
3. Jean-Joseph-François POUJOULAT a effectivement publié une *Histoire de saint Augustin. Sa vie, ses oeuvres, son siècle, influence de son génie*, Paris, 1845, 3 vol. En 1858, il fait paraître *Saint Augustin. Lettres, traduction avec introduction*, Lesort, 4 vol., publication qui précéda une traduction par le même des Oeuvres complètes d'Augustin en 17 volumes, Bar le Duc, 1864-1873.4. Nous devons la copie et les notes de cette lettre à Jean-Paul Périer-Muzet A.A. que nous remercions vivement.