Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 139.

29 mar 1845 MONNIER Jules

Problèmes d’éducation – A propos de divers élèves.

Informations générales
  • PM_XIV_139
  • 0+374 a|CCCLXXIV a
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XIV, p. 139.
  • Copie de J.P. Périer-Muzet d'après l'original, Archives diocésaines de Montpellier: Correspondance de Mgr de Cabrières avec les Augustins de l'Assomption; Photoc. ACR, DT 121.
Informations détaillées
  • 1 AGRICULTURE
    1 AMITIE
    1 AMOUR-PROPRE
    1 CARACTERE
    1 ENFANTS DES ECOLES
    1 ESPERANCE
    1 ETERNITE
    1 ILLUSIONS
    1 JOIE
    1 LACHETE
    1 PATIENCE DE JESUS-CHRIST
    1 PECHE
    1 PENSEE
    1 PLANTES
    1 RECONNAISSANCE
    1 RENOUVELLEMENT
    1 SAINT-ESPRIT
    1 SATAN
    1 SCANDALE
    1 VERTU DE FORCE
    1 VERTUS
    1 VICES
    2 BARAGNON, NUMA
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 COURTOIS, ALBERT DE
    2 FOURNERY, LOUIS
    2 LELOUP, EMILE
    2 SAILLANS, HENRI DE
    2 VIRRE
  • A MONSIEUR JULES MONNIER
  • MONNIER Jules
  • 29 mars [1845].(1)
  • 29 mar 1845
  • Monsieur
    Monsieur Monnier
La lettre

Mille fois merci, mon cher ami, des détails que vous me donnez sur nos enfants. Il ne faut pas trop se décourager parce que quelques-uns vont mal, les autres lentement. Il faut imiter l’admirable patience de notre Seigneur qui ne se décourage jamais. Il viendra un moment, comme de Dieu, où le St Esprit soufflera sur tous ces petits coeurs pulvérisés par le péché et la vie renaîtra; et il y aura encore de l’amour et de la chaleur, là où nous ne découvrions que des cendres éteintes.

Pour ceux qui vont bien, il ne faut pas se presser non plus. Craignons les plantes fumées avec de la chaux; la végétation hâtive n’est pas la plus forte ni la plus durable. Du reste, cher ami et cher fils, comment pouvez-vous y tenir? Tout le monde m’adresse cette question, et moi qui vous aime comme vous savez, je vous la fais en ajoutant: et le Diable, qu’en pense-t-il, vous laisse-t-il dormir en paix quand vous lui avez fait quelques captures? Au moment où vous démasquez un de ses pièges tendus à quelques-uns de nos élèves, ne vous fait-il pas tomber dans quelque vilain trou creusé par l’amour-propre? Votre pensée s’élève-t-elle toujours bien pure, bien droite vers Dieu? Vous comprenez quel intérêt j’ai à vous faire cette question. Ils sont bien mes enfants, mais n’êtes-vous pas un de mes fils aînés?

Tâchez de fortifier toujours Anatole. Demain j’écrirai à Virre et à Courtois ainsi qu’à Saillan et à Leloup. Le pauvre Cabrières me révèle sans le vouloir quelque chose de fort ennuyeux de la part de Fournéry: ce sont toutes ces habitudes de familiarité dans les rapports de maître à élève dont j’ai peut-être donné une fois l’exemple avec Baragnon, mais que je ne voudrais pas voir se développer. J’y verrais de grands inconvénients.

Ce à quoi il faut tendre, je vous le répéterai à satiété, c’est à donner quelque chose d’énergique à ces petits morveux pour en faire des hommes. Sous ce rapport ce que vous me dites de Cabrières me plaît beaucoup. Je suis quelques fois à me demander si ce que vous faites pour Baragnon lui est utile et si, son caractère étant donné, il ne lui serait pas avantageux de passer un certain temps dans une maison telle qu’il y en a tant aujourd’hui où la vue du vice le forcerait à se jetter [sic] du côté de la vertu.

Enfin il faut beaucoup prier pour cette pauvre tête que Dieu rendra solide quand il le voudra. Il peut tout, il pourra bien s’il veut sauver notre pierre.

Je me repose souvent dans votre souvenir. Il est étonnant comme la pensée de mes amis me soutient. Je les fais asseoir à côté de moi comme si c’était eux réellement. Le rêve s’en va, il est vrai, mais toutes les réalités de ce monde sont elles-mêmes si fugitives. Qui rêve en réalité, apporte sa joie, sa peine et son espérance et son désir d’être là où il n’y aura plus de rêve et où la réalité de Dieu fixera toute joie et toute affection dans son immuable éternité. Adieu.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Ou 1846. Monnier et Germer-Durand s'engagèrent au service du collège de l'Assomption à la rentrée scolaire 1844-1845. L'abbé Louis Fournery mourut en juillet 1846.