Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 52.

25 sep 1850 Nîmes VEUILLOT Louis

A propos d’un bref supposé et d’une note archiépiscopale.

Informations générales
  • PM_XV_052
  • 0+715 a|DCCXV a
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 52.
  • B.N. Manuscrits, Naf 24 633, ff. 214. Fonds Veuillot t. XVII, 2ème série. Complément de lettres adressées à Louis Veuillot 1840-1862; Photoc. ACR, DT 91.|Index liminaire: 1850, pièce 1. Alzon (Père d'). Au sujet d'un bref supposé et d'une note archiépiscopale. Nîmes 25 septembre.
Informations détaillées
  • 2 F., MONSEIGNEUR
  • A MONSIEUR LOUIS VEUILLOT
  • VEUILLOT Louis
  • Nîmes le 25 sept. 1850
  • 25 sep 1850
  • Nîmes
  • Maison de l'Assomption
La lettre

Monsieur et ami,

J’allais prendre la plume pour vous féliciter du Bref(1) que tous les journaux du Midi publient à l’envi, quand vos calculs sont venus nous prouver que la prétendue réponse du Pape était une mystification. Je dois pourtant vous dire que l’évêque d’Ajaccio(2) avec qui j’ai dîné hier soir, me parlant de ses collègues au concile d’Aix(3), m’assurait qu’il y avait eu désapprobation universelle de cette malheureuse note archiépiscopale(4). On ne se fait pas illusion sur la portée du mandement(5), on voit le nonce(6) frappé derrière vous, et c’est pour cela que l’on ne peut croire que Rome vous désapprouve.

Je ne vous parle pas de Mgr F[?](7). Je viens de lui faire écrire. Adieu bien cher Monsieur. Votre tout dévoué.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. De quel Bref peut-il être question à cette date? Peut-être y a-t-il allusion ici à la querelle franco-française divisant les catholiques sur la conduite à tenir quant aux applications possibles de la loi scolaire Falloux, votée le 15 mars 1850? Peut-être encore s'agit-il de la condamnation par la Congrégation de l'Index de plusieurs ouvrages de langue française qui se trouvaient être utilisés dans l'enseignement ecclésiastique, notamment le Manuel de droit canonique de M. Lequeux, la Théologie de M. Bailly, le Dictionnaire de M. Bouillet, l'Histoire de l'Eglise de Guettée? Peut-être encore s'agit-il du différend entre Mgr Sibour et le nonce Fornari sur l'acceptation de quelques retouches imposées par la Curie romaine aux actes du Concile provincial de Paris?
2. Mgr Toussaint Casanelli d'Istria, né le 24 octobre 1794 à Vico (Corse), évêque d'Ajaccio de 1833 à 1869, date de sa mort.
3. Le P. d'Alzon a participé au concile provincial d'Avignon, tenu dans cette ville du 8 au 23 décembre 1849, sous l'autorité de l'archevêque Mgr Darcimoles (1802-1857). Mgr Debelay (1800-1863), archevêque d'Aix en Provence, présida celui de sa métropole en 1850. Les points majeurs retenus dans ces assemblées concernaient la liturgie, les études du clergé dans les séminaires, l'enseignement secondaire, la préparation du dogme de l'Immaculée Conception, la confession de la primauté pontificale et la revendication des libertés de l'Eglise.
4. Sans doute s'agit-il de Mgr Sibour (1792-1857), archevêque de Paris depuis 1848, qui, ayant approuvé antérieurement le Dictionnaire de M. Bouillet, fit savoir son mécontentement à la suite de sa condamnation par l'Index et s'en prit vivement au journal l'Univers.
5. On connaît les difficultés de Mgr Sibour avec Veuillot dans son conflit avec l'Univers. Le 1er septembre 1850, une circulaire archiépiscopale tança durement le journal et le soumit à une censure préventive sévère. En fait derrière la question de l'ouvrage incriminé, Sibour, plutôt gallican, reprochait au laïc Veuillot son influence et son indépendance de jugement et son ultramontanisme.
6. Mgr Raffaele Fornari (1788-1854), ex-nonce à Bruxelles (1838-1842), fut promu nonce à Paris de décembre 1842 à 1850. Nommé cardinal le 30 septembre 1850, il gagna Rome où il mourut le 15 juin 1854.
7. La transcription de ce nom est presque illisible. Peut-être s'agit-il de Mgr Franconi, archevêque de Turin, condamné à l'amende et à la prison par le régime piémontais. Eugène Veuillot lui offrit au nom de l'Univers et de ses souscripteurs une magnifique croix que portait Mgr Affre, le martyr de 1848. - Notes de J.-P. Périer-Muzet.