DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 135

22 jun 1875 Nîmes VEUILLOT Elise

La succession de Mgr Plantier – La responsabilité du nonce.

Informations générales
  • DR11_135
  • 5340
  • DERAEDT, Lettres, vol.11 , p. 135
  • B.N. Manuscrits, Naf 24 234, ff. 137-138. Fonds Veuillot t. XV. Correspondances adressées à des membres de la famille; Photoc. ACR, DT 99.|Index liminaire: Nouvelles du diocèse de Nîmes. Nîmes le 22 juin 1875.
Informations détaillées
  • 1 ASSEMBLEES ECCLESIASTIQUES
    1 CHANOINES
    1 CHOIX
    1 CITE
    1 CONVERSIONS
    1 CURE
    1 DESOBEISSANCE
    1 ELECTION
    1 EPISCOPAT
    1 EVECHES
    1 EVEQUE ORDINAIRE DU DIOCESE
    1 GALLICANISME
    1 INSENSIBILITE
    1 INTELLIGENCE
    1 LUTTE ENTRE L'EGLISE ET LA REVOLUTION
    1 MALADIES
    1 MAUVAIS PRETRE
    1 MORT
    1 NOMINATIONS
    1 NONCE
    1 PARLEMENTAIRE
    1 PIETE
    1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
    1 RESPONSABILITE
    1 ROYALISTES
    1 RUSE
    1 SAINT-SIEGE
    1 SAINTETE DU CLERGE
    1 SOLITUDE
    1 SUCCESSION APOSTOLIQUE
    1 TIEDEUR
    1 TRISTESSE
    1 ULTRAMONTANISME
    2 BARAGNON, NUMA
    2 BELLEVILLE, LOUIS
    2 BESSON, LOUIS
    2 BOURRET, JOSEPH-CHRISTOPHE
    2 CZACKI, VLADIMIR
    2 DONNET, FRANCOIS
    2 FAVA, ARMAND-JOSEPH
    2 FONTENEAU, JEAN-EMILE
    2 GAY, CHARLES-LOUIS
    2 GERMAIN, ABEL-ANASTASE
    2 GERVAIS, PIERRE-MARIE
    2 GUIOL, LOUIS-HIPPOLYTE
    2 HULST, MAURICE D'
    2 LE REBOURS, PIERRE
    2 LEGAIN, THEODORE
    2 LIMAIRAC, ABBE DE
    2 MEGLIA, PIER-FRANCESCO
    2 PERIER-MUZET, JEAN-PAUL
    2 TERRIS, JOSEPH
    2 VEUILLOT, LOUIS
    3 BAYEUX
    3 BIGORRE
    3 BORDEAUX
    3 MONTAUBAN
  • A MADEMOISELLE ELISE VEUILLOT
  • VEUILLOT Elise
  • Nîmes le 22 juin 1875.
  • 22 jun 1875
  • Nîmes
  • Evêché|de Nîmes
La lettre

Mademoiselle,

Je voulais tous ces jours-ci vous écrire et je vous remercie de m’avoir devancé. Hélas qu’il est triste de voir les hommes si tôt oubliés! Voilà mon pauvre évêque auquel personne ne pense plus. Quant à l’évêque nouveau, j’ai fait proposer par nos députés quatre choix excellents tous refusés(1). Je n’ai pas trop peur de Mr Belville. Pour ne pas nous donner Mr Gervais(2), on a donné la raison qu’il était de Bordeaux et qu’on venait d’y prendre Fonteneau(3). Quant à Mr Besson, je n’y tiens pas extraordinairement, mais vous figurez-vous un Chapitre soit disant légitimiste et ultramontain demandant Mr d’Hulst(4)? Oui, les chanoines veulent l’abbé d’Hulst et sont sur les dents pour l’avoir.

Pour moi, je déclare ne plus tenir à personne, je veux me retirer, comme je le voulais, il y a 20 ans; et si un évêque gallican nous est donné, le nonce(5) l’aura voulu. Ce sera sa gloire d’avoir peuplé l’épiscopat de pieuses médiocrités et nullités sinon pieuses au moins intrigantes. Fava(6) est aussi vulgaire qu’on puisse l’être. On me parle d’un Mr Germain(7) de Bayeux, d’un Mr Limairac de Montauban(8). Ah je vous avoue, qu’il est triste d’avoir si peu d’hommes capables! Je racontais il y a trois jours devant un Récollet(9), qu’en écrivant au nonce, j’avais demandé ou un homme très intelligent pour dominer les protestants et la révolution ou un saint pour convertir le clergé. Ah, me répondit-il, j’aimerais mieux l’homme intelligent, car le métier de convertir les prêtres est un métier de gagne-petit.

Mais surtout qu’on nous donne bientôt un évêque. Le diocèse se disloque; le Chapitre se met à dos les curés de la ville. Ceux-ci écrivent à Rome contre les capitulaires, les curés [du] diocèse que l’on change refusent de se rendre à leur poste. Nous en venons à la tour de Babel.

Je suis ravi que votre frère se trouve mieux. On m’envoie à Bigorre pour calmer mes nerfs. Ne serait-ce pas un endroit excellent pour lui(10)? Je voulais partir ces jours-ci, mais la pluie et le froid m’en détournent.

Veuillez agréer, Mademoiselle, l’hommage de mon plus respectueux attachement.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Depuis un mois, les tractations, pourparlers, propositions vont leur train entre Nîmes, la nonciature, l'Assemblée Nationale de Versailles et le Ministère des Cultes, à propos de la succession épiscopale. Le P. d'Alzon proposait comme candidats possibles l'abbé Guyol de Marseille ou l'abbé Gervais de Bordeaux ou l'abbé Gay de Poitiers ou Mgr Legain de Montauban. Nous savons, par les détails de l'importante correspondance de cette période, qu'il cherchait à écarter avec énergie Mgr Turinaz (Tarentaise), Mgr Saivet (Mende), Mgr Bourret (Rodez), l'abbé Le Rebours (curé de la Madeleine de Paris), l'abbé Terris (Carpentras) ou l'abbé Besson de Besançon qui sera finalement retenu et que d'Alzon crédite "d'un grand talent et d'un pitoyable caractère". Il est vrai qu'il se ralliera ensuite positivement à ce choix.
2. Vicaire général de Mgr Donnet, qui ne fut jamais promu à l'épiscopat d'après la très exhaustive liste de l'Episcopologe du D.H.G.E., tome 18, col. 161-545 où nous puisons ces renseignements.
3. Mgr Jean-Emile Fonteneau est né le 14 août 1825 à Bordeaux, nommé évêque d'Agen en 1874.
4. L'abbé Maurice d'Hulst (1841-1896) est le futur recteur de l'Institut catholique de Paris (1881), nommé prélat cette même année, mort prématurément d'épuisement en 1896.
5. Ce nonce incriminé directement n'est autre que Mgr Pier Francesco Meglia, né à Ventimiglia en 1810, en poste à Paris depuis le 27 avril 1874. Il sera nommé cardinal en 1879 et remplacé à cette date par Mgr Czacki (Renseignements obtenus grâce au P. Vincent Delouf, d'après l'ouvrage de G. de Marchi).
6. Cette remarque peu amène vise Mgr Armand-Joseph Fava (1826-1899), évêque de La Martinique (1871-1875), puis de Grenoble (1875-1899). L'histoire assomptioniste retiendra surtout qu'il fut le promoteur constant et fervent de la fondation de l'alumnat de Miribel-les-Echelles (1887) qu'il honora de plusieurs visites.
7. Abel-Anastase Germain (1833-1897), vicaire général de Bayeux, fut évêque de Coutances à partir de 1875, sacré à sa cathédrale de Bayeux.
8. Curé d'une paroisse de Montauban, comme nous l'apprend une lettre de Baragnon du 16 juin.
9. Le P. Odoric (v. *Lettre* 5338).
10. Louis Veuillot avait été victime d'une attaque le 15 octobre précédent. Le P. d'Alzon ne se rendit pas à Bagnères-de Bigorre en 1875. Il y avait passé le mois d'août en 1868.
11. Les notes sont du découvreur de cette lettre, le P. J.-P. Périer-Muzet.