DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 346

10 jul 1880 Nîmes CABRIERES Mgr de

L’évêque de Nîmes – A la mairie – Nouvelles politiques – Bruits d’expulsion – L’évolution de la situation – Les concordats.

Informations générales
  • DR13_346
  • 6979
  • DERAEDT, Lettres, vol.13 , p. 346
  • Orig. ms. Arch. diocésaines de Montpellier: Correspondance de Mgr de Cabrières avec les Augustins de l'Assomption; Photoc. ACR, DT 125; transcription de J.P. Périer-Muzet.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 COLERE
    1 CONCORDATS
    1 COURS PUBLICS
    1 COUVENT
    1 CURES D'EAUX
    1 ELECTION
    1 ENCYCLIQUE
    1 ESPRIT CHRETIEN
    1 INTEMPERIES
    1 LACHETE
    1 LEGISLATION
    1 LIBERTE
    1 NONCE
    1 PARENTE
    1 PARLEMENT
    1 REPRESSION DES DEFAUTS DES JEUNES
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 SPOLIATEURS
    1 SUCCESSIONS
    1 TRIOMPHE DE L'EGLISE
    1 VERTU DE FORCE
    1 VOYAGES
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 BARAGNON, MADAME AMELIE-NUMA
    2 BARAGNON, NUMA
    2 BARNOUIN, HENRI
    2 BERNIS, JULES DE
    2 BESSON, LOUIS
    2 BLACAS D'AULPS, STANISLAS DE
    2 BLANCHARD, ADOLPHE
    2 CZACKI, VLADIMIR
    2 DE ANGELIS, FILIPPO-CANONISTE
    2 DEMOLOMBE, JEAN-CHARLES-FLORENT
    2 FREYCINET, CHARLES-LOUIS DE
    2 LEON XIII
    2 MARCHASSON, YVES
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 SAUVE, HENRI
    2 TARQUINI, CAMILLO
    3 NIMES
    3 NIMES, EVECHE
    3 NIMES, LA BOURGADE
    3 PARIS
    3 VIGAN, LE
  • A MONSEIGNEUR DE CABRIERES, EVEQUE DE MONTPELLIER
  • CABRIERES Mgr de
  • Nîmes, 10 juillet 1880.
  • 10 jul 1880
  • Nîmes
La lettre

Bien cher Seigneur,

Au 15 juillet, si l’évêque de Nîmes est parti – mais aura-t-il le courage de partir? – ce serait un peu trop fort. Je vais à l’évêché le moins possible. La conduite amphibie que j’y trouve, me prouve bien qu’on a besoin des eaux pour fuir la terre nîmoise, mais franchement les eaux sont-elles d’un pareil moment? Moi aussi je suffoque et ne vais pas même au Vigan. Ah les gens qui n’ont leur coeur qu’au bout de leur plume!

Le Conseil Municipal a agi sous la pression de Bernis et des petits employés que Blanchard pouvait conserver. Blanchard est en ce moment impopulaire. Baragnon lui aurait cédé sa place au Conseil G[énér]al avec bonheur, il me l’a dit. J’ai sondé Blanchard une première fois, il n’a pas dit non; la seconde fois il a dit: « Je n’en veux à aucun prix ». Peut-être faut-il cette leçon à la Bourgade, qui, je le crains, repoussera notre ami pour Bernis(1).

Je ne sais pourquoi (mais ceci entre nous) le Gros(2) lâche Baragnon, peut-être est-ce à cause de sa femme qui est un peu vulgaire quoique ma cousine(3). Le Gros trouve que l’autre a fait des fautes. Qui n’en fait pas? Mais il devient si chrétien que je lui pardonne beaucoup. Savez-vous que Mr de Blacas lui avait demandé pour le 15 juillet une conférence acceptée par lui?

Il a demandé à Mr de Blacas de l’appuyer à Nîmes pour le Conseil G[énér]al. Mr de Blacas a refusé, Numa refuse la conférence, disant qu’il manquerait de l’entrain moral nécessaire pour parler à Paris le lendemain de la fête du 14.

Ce matin 2 couvents dominicains, les Capucins, les Carmes et nous devions être expulsés à Paris. J’ai été réveillé cette nuit par un télégramme annonçant que la partie était remise. Avant-hier soir, le P. Bailly devait aller à la nonciature savoir le résultat de la conversation entre le nonce et Freycinet. Celle-là était la bonne(4).

Père Picard ne croyait pas à l’expulsion pour ce matin, précisément parce qu’elle était annoncée. L’amnistie votée au Sénat incomplettement [sic] doit les mettre en fureur. Vous allez voir au Congrès. Savez-vous que le Pape tient une encyclique toute prête? et pousse le nonce à partir?

La cause, on a beau dire, est gagnée pour l’Eglise. Et je pense qu’il importe de se placer sur le terrain du droit commun tel que l’a défini Mr Demolombe(5). C’est si clair, si net, cela donne une telle liberté, que la question matérielle des droits de succession à payer est bien compensée par les droits de commende, les appels comme d’abus et caetera qui disparaissent.

Quel point de vue adoptez-vous pour les concordats? Est-ce celui du cardinal Tarquini, ou celui du Professeur De Angelis? J’ai toujours penché pour De Angelis. Sauvé m’en avait un peu détourné, mais malgré moi, j’y reviens(6).

Je n’en finirais pas, si je vous disais tout. Mais je vous le dirai le 15 si vous pouvez venir.

Adieu, cher Seigneur. Bien tendrement à vous.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
En temps de révolution, on a besoin de s'aimer dix fois plus.1. Voir *Lettre* 6973 et notes.
2. L'abbé Barnouin.
3. Amélie Daudé de Lavalette (v. *Lettre* 4608, n.3).
4. Pour le rôle du nonce, Mgr Czacki, dans l'affaire des décrets se reporter à MARCHASSON, o.c.
5. Jurisconsulte de grand renom (1804-1887). La *Croix* publiera son avis sur les décrets (août 1880, p.273-278).
6. Tarquini (1810-1875) avait publié en 1862 des *Iuris publici ecclesiastici institutiones*, Filippo De Angelis (1824-1881), à ne pas confondre avec le cardinal des mêmes nom et prénom, est l'auteur de *Praelectiones iuris canonici* dont 5 tomes parurent avant sa mort, Mgr Henry Sauvé avait été au Concile membre de la Commission préparatoire pour la discipline.