DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 384

18 mar 1878 Rome MALBOSC_MARIE

Je ne crains pas de vous dire: mariez-vous.

Informations générales
  • DR12_384
  • 6243
  • DERAEDT, Lettres, vol.12 p. 384
  • Orig.ms. propriété de Mlle Geneviève Varin d'Ainvelle, château neuf, Servas 30340 Salindres; Photoc. ACR, DT 196; Transcription de J.P. Périer-Muzet.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 ANNONCIATION
    1 AUTEURS SPIRITUELS
    1 BONHEUR
    1 BUT DE LA VIE
    1 CELEBRATION DE LA MESSE PAR LE RELIGIEUX
    1 CHOIX
    1 CHRETIEN
    1 COUVENT
    1 DIRECTION SPIRITUELLE
    1 EMOTIONS
    1 EPOUX
    1 FETE
    1 INTELLIGENCE
    1 MARIAGE
    1 MERE DE DIEU
    1 PRISE DE VOILE
    1 RESPONSABILITE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    1 VOLONTE
    2 COURCY, MARIE-GABRIELLE DE
    2 FRANCOIS DE SALES, SAINT
    2 GABRIEL, SAINT
    2 MALBOSC, MADAME PAULIN DE
    2 MALBOSC, PAULIN DE
    2 PERIER-MUZET, JEAN-PAUL
  • A MADEMOISELLE MARIE DE MALBOSC
  • MALBOSC_MARIE
  • Rome, 18 mars [18]78.
  • 18 mar 1878
  • Rome
La lettre

Je n’ai pas pu dire la messe pour vous ce matin, ma chère Marie, parce que je l’avais promise depuis longtemps à la Mère Marie-Gabrielle, mais j’ai bien prié son patron dont c’est aujourd’hui la fête et qui annonce à la Ste Vierge qu’elle serait la mère de Notre Seigneur, de bien m’éclairer et après y avoir bien réfléchi, bien pensé avec l’affection que je vous porte et avec la responsabilité que je prends, je ne crains pas de dire: Mariez-vous.

Est-ce clair? N’aurez-vous plus de troubles? Je me base(1) pour vous dire ainsi, sur une décision de st François de Sales, à une demoiselle qui se trouvait dans votre situation. La vocation ordinaire c’est le mariage, et pour se faire religieuse, il faut un attrait plus caractérisé que le vôtre. Voilà donc ce qui me semble bien net. Ah si je vous avais vu une vue plus nette de votre appel au couvent, j’aurais été très heureux de vous y envoyer. Mais voyez-vous, impossible de vous dire: « prenez le voile ».

Et pourtant j’en ai poussé bien d’autres et j’en pousserai encore peut-être de votre connaissance.

Quant à la personne en question, c’est un garçon très intelligent, très chrétien qui a un bel avenir. Je l’aime tendrement. On dit qu’il a une volonté, mais pourtant j’ai la preuve qu’il finit par faire ce qu’on veut. Quant à la crainte que vous avez de ne pas le rendre heureux, demandez à votre père et à votre mère ce qu’ils pensent par expérience de votre capacité sur ce chapitre.

Franchement quand je pense à lui et à vous, je crois que le bon Dieu vous a gâtés l’un et l’autre, sans doute à mon sens il n’est pas le plus mal partagé, mais vous ne l’êtes pas mal non plus. Adieu, ma bien chère enfant, ne vous dépêchez pourtant pas trop et attendez-moi un peu, je devancerai mon retour à cause de vous d’une vingtaine de jours.

Bien vôtre, ma chère Marie, avec l’émotion que me cause[nt] et mon affection pour vous, et la décision que je viens de vous donner en pleine sécurité pourtant.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le ms a *baze*.- Cette lettre du 18 mars 1878 est capitale pour l'engagement et le discernement spirituel du P. d'Alzon, non moins que pour le destin de Marie de Malbosc. Le P. d'Alzon sait faire appel à toute sa capacité de persuasion psychologique, humaine et spirituelle. Il ne manque pas non plus d'humour en faisant référence à la liturgie du jour: sa cousine se nomme Marie comme la Ste Vierge et la liturgie fête l'annonciateur céleste de la bonne nouvelle, Gabriel.
Les parents de Marie de Malbosc (1856-1933) se nomment Paulin Bastide de Malbosc (1814-1900) et Alix de Roussy de Sales (1824-1910), épousée en 1855 (J.P. Périer-Muzet).