Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 223.

28 oct 1870 Le Vigan MALBOSC_MADAME

Constance – Où aller pour se reposer? – Jean – La guerre – Nous avons besoin de pénitence – Soyez douce et humble – Je ne vois que le jour de l’an à vous donner.

Informations générales
  • PM_XV_223
  • 4191 a
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 223.
  • Orig.ms. Famille G. de Malbosc à Berrias (Ardèche); Corresp. d'Alzon n°28; Photoc. ACR, DT 277; Transcription J.P. Périer-Muzet.
Informations détaillées
  • 2 MALBOSC, GUY DE
  • A MADAME PAULIN DE MALBOSC
  • MALBOSC_MADAME
  • Le Vigan, 28 oct[obre] 1870.
  • 28 oct 1870
  • Le Vigan
La lettre

Ma chère cousine,

Voilà donc tous nos projets à vau l’eau(1). Constance, après avoir différé de semaine en semaine est venue quelques heures à Nîmes, soulevant des difficultés comme des montagnes entre elle et Berrias, et franchement je les comprends d’autant plus que très évidemment c’était à Berrias qu’elle avait surtout envie d’aller, mais Mme Stone, mais Natalie, mais son père, mais son beau-frère de Loth(2), mais je ne sais quoi plus encore, viennent se mettre à la traverse.

Aussi ayant fini à Nîmes quelques affaires, je suis vite parti pour Le Vigan afin de me reposer. Ah ça, vous croyez peut-être que je me repose. Le P. Hippolyte me fait prêcher tous les soirs une retraite aux hommes sans parler des instructions du matin. J’ai hâte de quitter le Vigan pourr chercher un peu de repos à Nîmes.

Ma bonne cousine me répond: « Venez à Berrias, on ne vous y fera pas prêcher, vous n’aurez qu’à nous prêter vos oreilles »; c’est bien tentant, mais tout en me reposant à Nîmes, je m’étais taillé pour le mois de novembre à l’aide de certains rendez-vous une assez bonne besogne. Voilà la situation.

Je vous prête la photographie de Jean qui dans une lettre du 16 me charge très expressément de vous donner de ses nouvelles. Il ne s’était pas encore battu, mais je présume que cela a eu lieu ou aura lieu bientôt; autant que je le puisse comprendre, on exerce les mobiles par des sorties moins importantes, à quelques grands coups que l’on frappera quand l’armée de Paris aura bien vu le feu une première fois et que l’on saura comment les hommes se comportent devant l’ennemi.

Ici on fait l’exercice à force et je suppose que si les Prussiens entrent dans nos montagnes, ils auront quelque peine à en sortir. La conclusion de tout ceci est que nous avons très grandement besoin de faire pénitence et de former des hommes pour la guerre qui pourra s’arrêter un moment mais pour reprendre de plus belle un peu plus tôt, un peu plus tard.

Laissez donc tranquille la pauvre Mlle Marie; quand elle vous aura bien agacé, à quoi cela vous avancera-t-il? Allons, soyez douce et humble, voilà la condition de votre sainteté.

Je ne vois en passant et repassant que le jour de l’an à vous donner. Vous souvenez-vous d’un 1er janvier à Lavagnac? Ah que de vides. Il me semble que vous les comprendriez et que dans ces tristesses il y aurait du bon à être avec vous, mais que prévoir avec les Prussiens?

Adieu chère cousine, mille choses à votre peuple. Je n’ai pas le temps de me relire. Tout vôtre, bien bien fort.

E.D'ALZON.
Notes et post-scriptum
Paulin pense-t-il que nous faisons semblant de mieux aller? Cela me fait cet effet.1. Le ms a: *à veau l'eau*.
2. Elisabeth de Roussy, soeur de Constance, a épousé Henri de Loth (note généalogique de M. Guy de Malbosc).