Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 235.

24 jul 1871 Le Vigan MALBOSC_MADAME

Fatigue et chaleurs – Il n’y a pas de votre faute autant que vous le croyez – Le découragement – Laissons Dieu mettre le voile sur notre avenir ou le lever – Les actes de résignation de saint François de Sales – Vos dispositions sont bonnes – Communiez sans inquiétude – Votre fierté n’en est pas.

Informations générales
  • PM_XV_235
  • 4364 a
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 235.
  • Orig.ms. Famille G. de Malbosc à Berrias (Ardèche); Corresp. d'Alzon n°34; Photoc. ACR, DT 283; Transcription J.P. Périer-Muzet.
Informations détaillées
  • 1 BUT DE LA VIE
    1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 CONFESSION SACRAMENTELLE
    1 EFFORT
    1 FATIGUE
    1 FIERTE
    1 GRAVITE
    1 ILLUSIONS
    1 IMPRESSION
    1 INTEMPERIES
    1 LACHETE
    1 LIVRES
    1 NUTRITION
    1 ORAISON
    1 PECHE
    1 RESPONSABILITE
    1 SAINTE COMMUNION
    1 SOUFFRANCE
    1 VERTU DE FORCE
    1 VOLONTE
    2 FRANCOIS DE SALES, SAINT
    2 JEANNE DE CHANTAL, SAINTE
    2 PUYSEGUR, JEAN DE
  • A MADAME PAULIN DE MALBOSC
  • MALBOSC_MADAME
  • Le Vigan, 24 juillet [18]71.
  • 24 jul 1871
  • Le Vigan
La lettre

Non, ma chère cousine, vos lettres ne sont point monotones. Je proteste contre cette calomnie que vous vous infligez, mais je suis fatigué et je suis alors, un peu comme vous quand il fait d’atroces chaleurs, légèrement fatigué. Mais grâces à Dieu il a plu cette nuit et avant six heures du matin; par un temps frais, après ma méditation, avant ma messe, je vous réponds.

Je ne crois pas qu’il y ait de votre faute si vos rapports sont ce qu’ils sont. Voilà ce que je crois pouvoir vous dire en conscience: le prouver serait faire votre panégyrique aux dépens du prochain; vous ne le voudriez pas; c’est pourquoi il vaut mieux m’abstenir, mais ma conviction est qu’il n’y a pas de votre faute autant que vous paraissez le croire.

Quant au découragement, qui n’en a pas, et beaucoup? C’est la grande lutte. Maintenant si nous avions la prescience de Dieu, il est sûr que nous éviterions bien des choses, mais nous souffririons trois fois, dix fois plus, de bien d’autres. Laissons Dieu mettre le voile sur notre avenir, le lever quand il veut. Il en sait bien plus que nous.

Allons, vous n’avez pas eu d’illusions, vous-même me le dites, et vous prétendez les avoir perdues! Cela est contradictoire. Qui a jamais perdu l’argent qu’il n’avait pas? Je n’ose pas vous dire que ce que vous avez de mieux à faire est de ne pas tant vous préoccuper des agitations de votre tête et d’en revenir à ces actes de résignation incomparable que St François de Sales racontait à Ste Chantal.

Ceci veut des efforts, mais il paraît qu’il y a là un temps bien employé si vous le voulez bien.

Voyons, n’avez vous pas vu cent fois chez votre saint oncle que l’on donne du sucre aux enfants et du pain aux gens forts? Eh bien, on vous ôte le sucre, on vous donne du pain. On vous traite en personne énergique. Et vous vous plaignez?

Oui vos dispositions sont bonnes, excellentes, restez en repos. Quant à vos lectures, je ne sais trop que vous dire. Il me semble que vous vous montez un peu la tête. Le mieux est de n’y pas faire attention, sans quoi on ne sait plus ce que l’on fait.

Continuez de communier sans inquiétude. Je réponds de vous. Croyez bien que vous n’êtes pas obligée de tout dire parce que d’une part je ne vois rien de grave comme péché dans votre état et que de l’autre les explications ont de grands inconvénients.

Ne vous méfiez pas de votre fierté. Elle n’est pas de la fierté mais une forme de souffrance selon votre nature. Vous n’avez pas à vous confesser de votre état. Vous le pouvez mais rien ne vous y oblige. Votre lettre confiée à Jean est là sous celle du 20 reçue le 23, mais avec d’autres que les chaleurs ont laissées sans réponse. Aujourd’hui il pleut, vite je vous écris. On m’a dérangé quatre fois, je n’ai pas le temps de me relire.

Adieu bien chère cousine.

Notes et post-scriptum