Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 195.

17 oct 1868 Nîmes SEGUR Mgr

Mise aupoint au sujet d’un postulant, protégé de Mgr de Ségur – La retraite de Mgr Mermillod.

Informations générales
  • PM_XV_195
  • 3416 a
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 195.
  • Orig.ms. Archives de Mgr de Ségur, Oeuvre de saint François de Sales, 21, Rue du Cherche Midi PARIS. Dans volume "Lettres adressées à Mgr de Ségur 1859-1868. - Transcription J.-P. Périer-Muzet, 24 février 2000.
Informations détaillées
  • ** Aucun descripteur **
  • A MONSEIGNEUR DE SEGUR
  • SEGUR Mgr
  • Nîmes, le 17 octobre 1868
  • 17 oct 1868
  • Nîmes
  • Evêché de Nîmes
La lettre

Cher Seigneur

Rassurez-vous sur le compte de votre protégé. Dans le noviciat il y a des prêtres de 45 ans, il y a des jeunes gens de 20 ans dont on est très content.

Quant à votre jeune homme (1), voici la vérité. Nous le gardâmes à Nîmes quelque temps, mais son argot était tel que nous le trouvâmes dangereux. Il fallut l’envoyer au noviciat. Pour le dire en passant le climat y est à coup sûr plus chaud que celui de la Normandie. Mais voici la grosse difficulté. Il s’était donné pour assez instruit. Or tout son travail d’une semaine a consisté à étudier une déclinaison qu’il n’a pas sue. Que l’on se soit un peu fâché de cette paresse, peut-on s’en étonner? De plus, passez-moi encore le mot, il se perdait en blagues. Que ce genre ait déplu au noviciat, quoi d’étonnant? En même temps que lui, arrivait un prêtre de 45 ans et un zouave de 20 qui tous les deux ont été élevés hors de l’Assomption, tous les deux ont pris parfaitement le ton, le genre, l’esprit de la communauté. Le prêtre a été admis à la vêture sur le champ. Le zouave va recevoir l’habit de mes mains dans huit jours (2). Vous voyez qu’on n’est pas si méchant envers les étrangers. Je vais plus loin: des Bulgares de Bulgarie (3) arrivés depuis un mois à peine avant M. Maze recevront l’habit parce que quoique très étrangers, je pense, et élevés à deux mille lieues de l’Assomption, et avec un genre tout différent, ils ont au fond de l’application et surtout de la modestie. Quant au P. Hippolyte il a toujours été trop aimé des élèves et des novices pour que l’exception ne serve pas uniquement à confirmer la règle.

J’ajoute pour votre consolation que depuis le moment où M. Maze vous a écrit, j’ai eu sur son compte de meilleurs renseignements. Veuillez donc vous rassurer (4). Du reste je le verrai dans trois jours et s’il y avait du nouveau je vous en ferais part. Mgr Mermillod nous a prêché une magnifique retraite. Dieu veuille que les dispositions qu’il a inspirées soient durables.

Veuillez croire mon cher Seigneur à mon plus tendre attachement en N.S.

E.D’ALZON

Veuillez me pardonner mon immense pâté, je n’ai pas le temps de me relire.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. M. Maze est un "protégé" de Mgr de Ségur envoyé au P. d'Alzon comme candidat-novice. Il est dit rédacteur du *Siècle*. Il était arrivé à Nîmes le 29 septembre: v.*Lettres* 3396 et 3422.
2. Le prêtre est le P. Henri Halluin (1820-1895). Arrivé à Nîmes le 9 septembre, il est au Vigan depuis le 17 du même mois. - Le zouave, recruté par le P. Vincent de Paul Bailly, est Jean-François Pautrat (1848-1978). Il reçut effectivement l'habit des mains du P. d'Alzon le 25 octobre 1868.
3. Les Bulgares de Bulgarie sont les Frères Luigi Dimitrov (1849-1921) et Ivan Pistichki (1856-1920), qui devinrent prêtres à l'Assomption, et Luca Lukov, qui fut remercié en 1875 ou 1876.
4. Dès le 26 octobre, nous apprenons par une lettre du P. Hippolyte au P. Picard, que M. Maze n'est plus au Vigan.