Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 194

1868-jun-23 Nîmes CHAPONAY Comtesse

Il se trouvait sans forces – L’amour de Nôtre-Seigneur seul a quelque puissance ré-elle et légitime sur l’âme – La joie que lui donne sa famille – Les Oblates – Prière pour les vocations.

Informations générales
  • PM_XV_194
  • 3332 a
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 194
  • Orig. ms. Fonds Chaponay Archives Départementales du Rhône, 44 J 154. Photoc. ACR BZD 8/22. Transcription ACR BG 224/22.
Informations détaillées
  • A MADAME LA COMTESSE DE CHAPONAY
  • CHAPONAY Comtesse
  • Nîmes, 23 juin 1868
  • 1868-jun-23
  • Nîmes
La lettre

J’étais sur le point de faire un petit voyage, ma chère fille, lorsque j’ai reçu votre lettre. Pardonnez-moi le retard que j’ai mis à vous répondre. J’étais tout brisé et ne me sentais aucune force. C’est une petite leçon que Dieu me donne pour m’avertir que je ne suis pas pour toujours dans ce monde.

Vous avez bien raison du reste. Il n’y a que l’amour de N.-S. qui ait quelque puissance réelle et légitime sur l’âme. Dieu seul peut nous suffire et je vois avec terreur tant de chrétiens vivre en dehors de cette pensée. C’est effrayant parce que si nous sommes créés pour ce but et que nous nous en détournions, quels châtiments ne sont pas réservés, je ne dis pas à l’humanité, mais à l’Eglise! Et combien les âmes qui ont le bonheur de comprendre la place que N.-S. veut leur faire dans son cœur, sont obligées à vivre de cette vie d’amour pur, désintéressé tel que notre bon Maître a le droit de le réclamer!

Puisque vos enfants et M. Chaponay vous sont une si grande joie, sachez être reconnaissante et vous porter à toute bonne chose qui pourrait être un gage de reconnaissance pour tant de grâces multipliées sur votre âme.

En ce moment, je m’occupe de former une petite congrégation de filles missionnaires pour l’étranger. Il me semble que vous pourriez trouver de votre côté quelques jeunes personnes ayant de la santé, une instruction comme on la donne dans les écoles primaires, quelques cents francs de dot et le désir de conquérir des âmes à N.-S. Nous en avons envoyé, après un noviciat de trois ans, cinq à Andrinople (1). Je me propose d’en envoyer encore, car déjà j’en ai au noviciat de 29 à 30 et il m’en arrive tous les jours. Mais si vous saviez tout ce qu’il nous faudrait de sujets pour faire tout le bien qu’on nous propose. Priez au mieux pour qu’il nous vienne des vocations et pour que nous puissions envoyer des ouvriers et des ouvrières dans toutes les parties de la moisson du Père de famille. Adieu, ma chère fille, croyez en mon plus respectueux attachement en N[otrel-S[eigneur].

E. D'ALZON
Notes et post-scriptum
(1) Les cinq premières Oblates sont parties pour l'Orient le 24 avril 1868.