Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 238

1871-dec-3 Le Vigan CHAPONAY Comtesse

Il peut la rencontrer avec plaisir à Nîmes en décembre – Tendresse et affection font plus que tous les raisonnements – Sœur Marie-Cécile Noël est malade et doit être soignée en famille – II espère que la sœur de cette Oblate se calmera et prendra de meilleures habitudes auprès des malades.

Informations générales
  • PM_XV_238
  • 4485 a
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 238
  • Orig. ms. Fonds Chaponay Archives Départementales du Rhône, 44 J 154. Photoc. ACR BZD 8/39. Transcription ACR BG 224/39.
Informations détaillées
  • A MADAME LA COMTESSE DE CHAPONAY
  • CHAPONAY Comtesse
  • Le Vigan, 3 décembre [18]71.
  • 1871-dec-3
  • Le Vigan
La lettre

Madame,

Je serai à Nîmes vers le 15 décembre et très heureux de vous y voir. Avec certaines natures, il ne faut pas brusquer et surtout disputer: peu à peu le calme se fait et la foi que l’on croit éteinte se ranime. Une immense tendresse guérit et une très grande affliction de votre part fera plus que tous les raisonnements. Il est un âge où il faut jeter sa gourme.

S[œu]r Cécile n’est que novice. Or sa santé a été toujours ébranlée. Des abcès à la tête horribles à soigner, des rhumatismes, en dernier lieu une maladie à peu près inacceptable dans un couvent au dire des médecins, voilà ce qui a déterminé non pas à la renvoyer mais à lui faire comprendre qu’elle ne pourrait rester, ce qui est bien différent. L’indignation de sa sœur qui vous écrit montre tout bonnement une pauvre tête (1). Nous aimons beaucoup Sœur Cécile, mais dans son état il y a très grande imprudence à consentir à ce qu’elle fasse des vœux et comme son état veut des soins que la communauté est hors d’état de lui donner après l’avoir gardée malade si longtemps, ne prévoyant pas qu’elle puisse jamais se guérir, certains que sa maladie n’a pas été causée par le travail qu’elle a fait chez les Oblates, mais provient d’un vice dans le sang, nous lui avons demandé de se soigner chez elle.

J’espère que sa sœur qui vous écrit se calmera et se souviendra que les religieuses doivent garder le silence pendant la nuit et ne pas passer le temps du sommeil à bavarder dans leur lit comme elle l’a fait au dernier voyage de S[œu]r Cécile.

Veuillez croire. Madame, à mon plus respectueux attachement.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
(1) Le P. d'Alzon connaissait de l'intérieur les mœurs de la vie religieuse par ses nombreux services auprès des communautés dont il était chargé. Les questions de soins et de santé le rendaient attentif aux personnes, mais il comprenait aussi qu'une communauté ne pouvait être chargée indûment d'un état de santé quasi incurable. Dans ces cas là, le retour en famille était plus que conseillé, la Congrégation ne pouvant envisager l'intégration définitive de candidates déficientes par l'engagement de vœux.