Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 309

1878-apr-15 Rome CHAPONAY Comtesse

Sa situation est douloureuse et pleine de mérites – Le Christ en sa passion – Souffrir pour les âmes, situation où se pétrissent les saints – Son retour en France

Informations générales
  • PM_XV_309
  • 6305 a
  • Périer-Muzet, Lettres, Tome XV, p. 309
  • Orig. ms. Fonds Chaponay Archives Départementales du Rhône, 44 J 154. Photoc. ACR BZD 8/63. Transcription ACR BG 224/63.
Informations détaillées
  • A MADAME LA COMTESSE DE CHAPONAY
  • CHAPONAY Comtesse
  • Rome, le 15 avril [18]78.
  • 1878-apr-15
  • Rome
La lettre

Votre situation, ma chère fille, est sans doute très douloureuse, mais aussi pleine de mérites. Vous avez à vous mettre avec Nôtre-Seigneur au jardin des Oliviers et à lui dire: ‘Non pas ce que je veux, mais ce que vous voulez.’ (1). Quel fut celui des apôtres qui consola N[otre]S[eigneur] dans son agonie? Aucun. Il fallut qu’un ange descendit pour le fortifier. Et à quelques heures de là, le divin Maître s’écriera: ‘Mon, Père, mon Père, pourquoi m’avez-vous abandonnée (2). Cet appui extérieur qui vous manque, cherchez-le au pied de la croix en compagnie de Marie désolée (3). Je suis trop persuadé que vous auriez le plus grand tort de vous laisser aller au découragement. Vous êtes à un moment très précieux de votre vie intérieure. Dieu veut exercer sur vous son emprise. Livrez-vous toute entière à sa divine miséricorde. Confiez-vous sans réserve à son action sur votre cœur.

Du reste, vous avez à souffrir pour quelques âmes, et c’est un devoir pour qui sait comprendre. Vous avez à entrer dans tous les desseins de Dieu sur vous. Qui sait où il veut vous conduire? J’y pense souvent. En tout cas, souvenez-vous de cette incontestable vérité que dans les souffrances que vous traversez, vous êtes dans la position où se pétrissent les saints.

Cette lettre me précédera de bien peu de jours en France. Je serai à Nîmes le jour de Pâques, et si vous avez besoin de moi, j’y serai tout à vos ordres avec le cœur le plus dévoué. Adieu, ma chère fille, bien vôtre en N[otre]-S[eigneur].

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
(1) D'après Mt 26, 39 b. Le Christ Jésus éprouva le désir naturel à l'homme d'échapper à la mort, mais resta soumis à la volonté de son Père.
(2) Cri de Jésus sur la croix d'après Mt 27,46 b, réplique du PS 22 (21), 2.
(3) Marie au pied de la croix est expressément mentionnée dans l'évangile de Jn 19, 25. Son attitude et ses sentiments ont inspiré le chant liturgique du Stabat Mater dolorosa.(1) Mt 26, 39b.
(2) Mt 27, 46b; PS 22 (21), 2.
(3) Jn 19, 25.