Vailhé, LETTRES, vol.1, p.3

15 dec 1826 [Paris], ALZON_VICOMTE
Informations générales
  • V1-003
  • 0+003|III
  • Vailhé, LETTRES, vol.1, p.3
Informations détaillées
  • 1 DESIR
    1 EFFORT
    1 ENSEIGNEMENT DE L'HISTOIRE
    1 ENSEIGNEMENT DE LA LITTERATURE
    1 LIVRES
    1 MATIERES SCOLAIRES
    1 PENSEE
    1 SALUT DES AMES
    1 SENSIBILITE
    1 TRAVAUX SCOLAIRES
    1 VIE SCOLAIRE
    1 VOYAGES
    2 ALZON, AUGUSTINE D'
    2 ALZON, MADAME HENRI D'
    2 AUGUSTIN DE CANTORBERY, SAINT
    2 BARANTE, GUILLAUME DE
    2 GALLUS
    2 LINGARD, JOHN
    2 LOUIS XI
    2 NEMOURS, DUC DE
    2 PRADEL
    2 THEOPHRASTE
    2 THUILIER
    3 ANGLETERRE
    3 AVIGNON
    3 LAVAGNAC
    3 LYON
    3 PARIS, COLLEGE SAINT-LOUIS
    3 PARIS, COLLEGE STANISLAS
    3 SENS
  • A SON PERE (1).
  • ALZON_VICOMTE
  • samedi, 15 décembre 1826.
  • 15 dec 1826
  • [Paris],
La lettre

Mon cher papa,

Il faut absolument que je vous gronde. Voilà plus de quinze jours que je suis sans recevoir de vos nouvelles. Cependant, ce n’est pas faute de ne vous avoir pas écrit, et comme je veux vous mettre tout à fait dans vos torts, je ne veux pas même manquer de vous écrire aujourd’hui. Maman m’a donné ce matin sa lettre dans une enveloppe, parce que, selon mon habitude, je vous écris du collège, où je n’aurai que la peine de mettre un pain à cacheter; ce qui m’évitera le tracas de la plier, car vous devez juger combien je m’y prends mal par la manière dont mes lettres sont chiffonnées.

Vous êtes maintenant tout seul à Lavagnac. Je vous y souhaite de l’ennui pour le temps que vous pourriez passer auprès de nous et que vous lambinerez. Cela vous décidera peut-être à hâter votre retour. Voilà un singulier souhait! Mais je ne vois que ce moyen de vous voir arriver, et vous savez combien je le désire. Maman dit vous avoir parlé de l’arrivée de M. Pradel. Il est à Paris depuis avant-hier. Il s’est arrêté à Avignon, à Lyon et à Sens. Il ne dit pas un seul mot. On pourrait lui appliquer les paroles de Théophraste sur une personne qui ne parlait pas plus que lui: « Si tu es un habile homme, tu as tort; sinon, tu es un habile homme. »

La dernière fois qu’on a donné les places, c’était pour la composition en discours français: j’ai été huit[ième] sur vingt-cinq à trente. Je ne suis pas mécontent. On donnera lundi les places de la version grecque, où j’espère une aussi bonne place. Vous me direz peut-être que c’est de la présomption, mais je sais par M. Thuilier que ma composition n’était pas mal. Vous m’avez permis de choisir deux ouvrages pour mes étrennes et vous m’engagez à prendre l’Histoire de Lingard; mais cette Histoire est encore loin d’être terminée, même en anglais, d’après les informations que maman en a prises. Je voudrais les poètes grecs, comme je crois vous l’avoir déjà écrit, et les oeuvres de M. de Barante, dont M. Thuilier fait grand cas; car, après tout, il faut prendre quelque chose qui me soit utile pour ma rhétorique, et il paraît qu’il y a des discours qui sont très beaux, à par ceux qui sont pris dans les vieilles chartes, où il fait dire au défenseur du duc de Nemours, sous Louis XI, que, s’il fait grâce à l’accusé, il dira en l’honneur du roi Gallus: Misericordias Domini in aeternum cantabo.

M. Thuilier nous accable de devoirs. Il nous a donné pour l’examen la valeur de cinq à six mille lignes à apprendre. Je ne sais trop comment nous nous en tirerons. Nous avons remis ce matin une narration française pour laquelle, à la vérité il nous avait donné un peu plus de temps qu’à l’ordinaire. La mienne a bien huit pages et est des plus courtes. C’était une rédaction d’histoire. absolument. Le sujet était la conversion de l’Angleterre par saint Augustin. Mais elle était précédée, suivie et coupée par tant de descriptions et réflexions, que je ne sais de quelle longueur elle aurait été, si on lui avait donné tout à la grandeur qu’elle comportait.

Voilà l’heure. Il faut que je finisse vite. Je ne vous dirai plus que je vous aime de tout mon coeur que lorsque vous serez ici.

Adieu,. mon cher père. Portez-vous bien.

EMMANUEL.

P.-S. – Augustine vous embrasse et prend tous les lundis, jeudis et samedis, à 4 heures du soir, la résolution de vous écrire.

E. D'ALZON
Notes et post-scriptum
(1) Voir des extraits dans *Notes et Documents*, t. Ier, p. 58. Le 15 décembre n'était pas un samedi, mais un vendredi, en 1826.(1) Voir des extraits dans *Notes et Documents*, t. Ier, p. 58. Le 15 décembre n'était pas un samedi, mais un vendredi, en 1826.