Vailhé, LETTRES, vol.1, p.32

12 jan 1830 [Paris, LAMENNAIS
Informations générales
  • V1-032
  • 0+010|X
  • Vailhé, LETTRES, vol.1, p.32
Informations détaillées
  • 1 BUT DE LA VIE
    1 DIRECTION SPIRITUELLE
    1 ENSEIGNEMENT
    1 INFAILLIBILITE PONTIFICALE
    1 PROGRAMME SCOLAIRE
    1 RECONNAISSANCE
    1 SENSIBILITE
    1 SENTIMENTS
    2 COMBALOT, THEODORE
    2 ROUSSEL, ALFRED
    2 SALINIS, ANTOINE DE
    3 PARIS, COLLEGE HENRI IV
    3 PARIS, RUE DE VAUGIRARD
  • A MONSIEUR L'ABBE FELICITE DE LA MENNAIS (1).
  • LAMENNAIS
  • le 12 janvier 1830.]
  • 12 jan 1830
  • [Paris,
La lettre

Monsieur l’Abbé,

Il n’y a que quelques instants, M. Combalot m’a lu un passage d’une lettre que vous lui adressiez et-dans laquelle vous lui parliez de moi. J’en ai été si joyeux que je n’ai pas voulu retarder plus longtemps le plaisir de vous en témoigner toute ma reconnaissance. Vous m’attendez, dites-vous, à coeur et à bras ouverts; et moi, Monsieur l’abbé, je m’y jette en toute confiance et abandon, persuadé que je suis que le coeur d’un prêtre catholique doit être assez large pour recevoir tous les enfants de l’Eglise qui demandent qu’on leur donne du pain(2).

Bien Certainement j’irai vous demander vos conseils, et l’invitation que vous m’en faites m’est d’autant plus agréable que M. l’abbé Combalot vous avait, sans m’avertir, prié de me recevoir. Mais puisque d’ici au mois de septembre il y a bien du temps, et que je me rappelle vous avoir entendu dire qu’il fallait profiter du temps et que la nuit se faisait, permettez-moi de vous demander comment. je dois employer ce temps si précieux. J’ai déjà mis en pratique quelques avis que vous voulûtes bien me donner à votre dernier voyage à paris. Je crois avoir étudié avec assez de soin les grandes questions de la certitude et de l’infaillibilité du Pape. Peut-être même, pour mon âge (3), m’en suis-je trop occupé, et j’ai besoin de développer mon esprit sur d’autres matières.

Ce qui me manque, peut-être, c’est un plan d’études qui me présente un ensemble complet, comme je me suis déjà tracé un plan général de vie. Mais pour moi, l’un est bien plus facile que l’autre. Je connais ma position et je sais ce qu’elle peut me permettre, tandis que, sous le rapport des connaissances, je ne puis me faire qu’une idée très fautive de ce qui me reste à acquérir. C’est surtout dans la route de la science que l’on a besoin de prendre l’autorité pour guide. Je n’entre point dans de longs détails sur ce qui me concerne. Ce que je crains plus, c’est de vous faire perdre trop de moments, mais je pense que, connaissant le but que je me propose, vous pourrez apprécier les études préparatoires qui me sont nécessaires ou utiles, et que vous voudrez bien me les faire connaître.

Recevez, Monsieur l’abbé, l’assurance de mon respect, et J’ose dire de mon affection toute filiale.

Votre très humble et très obéissant serviteur.

EMMANUEL d’ALZON.

Ce mardi, 12 janvier 1830.

Paris, rue de Vaugirard, n° 9.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Publiée, d'après l'original, par M. l'abbé Roussel, dans le *Mois littéraire et pittoresque*, Paris. 1902, t. VII, p. 367. La réponse de l'abbé de la Mennais, écrite de la Chênaie, le 22 janvier suivant, a paru dans la même revue 1901, t. VI, p. 13. Voir à l'appendice.1. Publiée, d'après l'original, par M. l'abbé Roussel, dans le *Mois littéraire et pittoresque*, Paris. 1902, t. VII, p. 367. La réponse de l'abbé de la Mennais, écrite de la Chênaie, le 22 janvier suivant, a paru dans la même revue 1901, t. VI, p. 13. Voir à l'appendice.
2. *Parvuli petierunt panem et non erat qui frangeret eis*. C'est le, 11 avril 1828, aux *Conférences religieuses* du collège Henri IV, dirigées par l'abbé de Salinis, qu'Emmanuel rencontra pour la première fois l'abbé de la Mennais.
3. Emmanuel, né le 30 août 1810, avait alors dix-neuf ans et quatre mois.