Vailhé, LETTRES, vol.1, p.36

22 jan 1830 [Paris], ESGRIGNY Luglien de Jouenne
Informations générales
  • V1-036
  • 0+012|XII
  • Vailhé, LETTRES, vol.1, p.36
Informations détaillées
  • 1 ASSISTANCE A LA MESSE
    1 BETISE
    1 BIEN SUPREME
    1 CHAPELLE PRIVEE
    1 COURS PUBLICS
    1 MEDISANCE
    1 PASSION BONNE
    1 POLITIQUE
    1 REPOS
    1 SENSIBILITE
    1 TRAVAIL DE L'ETUDE
    2 BONNETTY, AUGUSTIN
    2 DEDOUE, JEAN-TRANQUILLE
    2 GOURAUD, HENRI
    3 PARIS, RUE DUPHOT
  • A MONSIEUR LUGLIEN DE JOUENNE D'ESGRIGNY.
  • ESGRIGNY Luglien de Jouenne
  • le 22 janvier [1830].
  • 22 jan 1830
  • [Paris],
  • Monsieur
    Monsieur Luglien de Jouenne,
    rue Duphot, n° 11.
    Paris.
La lettre

Je me rappelle que je vous écrivis hier une lettre qui n’avait pas de sens; mais Gouraud, à qui je la lus, voulut que je la fisse partir avec ses bêtises, trouvant que faire autrement serait bête. Si pourtant vous pensez que je prends la plume pour réparer ma sottise, votre erreur est grande. Je vous écris, parce que je ne puis me mettre au travail et que j’espère que vous me mettrez en train. Or voici ce que j’ai à vous dire.

Sur Gouraud. Vous savez qu’il est bien résolu de dormir -pendant un certain temps, -de se lever à une heure réglée -le plus possible. Pour lui en faciliter les moyens, je lui avais proposé de venir avec moi, le matin, entendre la Messe dans une chapelle particulière. Il accepta, et nous devions nous voir ce matin. Vous croyez qu’il est venu? A d’autres! Au fait, c’est un peu matin pour lui, surtout pour la première fois. Cependant, il est bien décidé à faire son salut, et il faut croire qu’il y parviendra avec la grâce de Dieu. Ce pauvre cher enfant!

Je n’ai pas encore reçu votre réponse, ce qui est fort mal à vous. je fais les premiers frais. Gare, si vous n’y répondez pas! J’ai fait ou, pour parler correctement j’ai pris mes arrangements pour vous venir visiter la semaine prochaine. J’ai bon besoin que vous me dédommagiez de la cessation presque absolue de certaines visites, interrompues tout à coup, je ne sais pourquoi, dès qu’on a su que j’étais allé vous voir. Il est dans Paris une personne qui venait chez moi, au moins une fois la semaine, et qui n’a pas mis le pied dans ma chambre depuis que je lui ai appris que j’allais rue Duphot. Notez que c’est chez elle que je le lui ai appris. Mais laissons la médisance. Il faut que vous m’écriviez, que je vous écrive, que vous me voyiez, que je vous voie. J’ai besoin de vous. Je dis ceci sans rire. Je suis convaincu que vous pouvez m’être très utile, si cela vous convient. Dieu veuille que cela vous convienne!

Pensez-vous que, dans ma Chronique, je doive mettre une intrigue amoureuse, dans la première surtout? L’intérêt politique manque absolument, et pourtant les événements isolés sont du plus haut intérêt. Il faut un lien pour les unir. J’ai ce qu’il me faudrait, une intrigue toute naturelle, mais j’ignore si l’esprit de la Conférence serait blessé. Au fait, elle ne serait guère plus forte que celle d’André et de Rosalie (1). Faites-moi savoir ce que vous pensez.

Je ne sais pas, non plus, si je dois mettre en scène l’intendant et le commandant du Languedoc. Il y aurait un dialogue très intéressant sur la politique du moment, s’il était bien fait; mais peut-être, comme je l’envisage, est-il trop difficile pour moi.

Adieu, mon très cher jeune homme. Vous deviez croire que je pense à vous. Tenez, j’ai envie de faire du sentiment. Je ne me sens pas en train. Je vous dis donc très bêtement à Dieu.

EMMANUEL.
Notes et post-scriptum
1. André et Rosalie ou le pont du petit pas est le titre d'un conte que Bonnetty avait lu quelques jours auparavant, le 13 janvier, devant la Société littéraire, et qui, après avoir figuré dans divers recueils, finit par être inséré par Bonnetty lui-même dans les *Annales de philosophie chrétienne*, t. 88, p. 463. Voir Dedoue, *Augustin Bonnetty*, Paris, 1879, p. 17 sq. D'Alzon préparait sans doute un travail humoristique pour la même conférence.1. André et Rosalie ou le pont du petit pas est le titre d'un conte que Bonnetty avait lu quelques jours auparavant, le 13 janvier, devant la Société littéraire, et qui, après avoir figuré dans divers recueils, finit par être inséré par Bonnetty lui-même dans les *Annales de philosophie chrétienne*, t. 88, p. 463. Voir Dedoue, *Augustin Bonnetty*, Paris, 1879, p. 17 sq. D'Alzon préparait sans doute un travail humoristique pour la même conférence.