Vailhé, LETTRES, vol.1, p.41

28 jan 1830 [Paris, ESGRIGNY Luglien de Jouenne
Informations générales
  • V1-041
  • 0+014|XIV
  • Vailhé, LETTRES, vol.1, p.41
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 BETISE
    1 CONFESSEUR
    1 CONNAISSANCE DE SOI
    1 DIRECTION SPIRITUELLE
    1 DISPOSITIONS AU SACERDOCE
    1 ERREUR
    1 LUTTE CONTRE LE MONDE
    1 PREMIERE COMMUNION
    1 PROFESSIONS
    1 REPOS
    1 TRAVAIL DE L'ETUDE
    1 VOCATION SACERDOTALE
    1 VOLONTE DE DIEU
    2 GOURAUD, HENRI
    2 THIEBAULT, LOUIS
    2 VERNIERES, JACQUES
    3 MONTPELLIER
  • A MONSIEUR LUGLIEN DE JOUENNE D'ESGRIGNY (1).
  • ESGRIGNY Luglien de Jouenne
  • le 28 janvier 1830], 10 h. 1/2 du soir.
  • 28 jan 1830
  • [Paris,
La lettre

Je suis fatigué d’écrire des bêtises. Avant de me coucher, je veux un peu causer raison avec vous. Je vous ai mal compris, je veux le croire. Je veux croire que vous croyez les autres accessibles à l’amitié. Ce sera un sacrifice de moins à faire, si ma vocation est certaine. Mais vous me connaissez mal, si vous pensez que je n’ai fait que suivre ma tête.

D’abord, si vous avez cru que je voulais vous parler de ma première Communion, en vous disant que dès longtemps ces idées de sortir du monde m’étaient venues, vous vous êtes trompé. Elles étaient antérieures à cette époque, et à cette époque elles n’existaient plus, et leur retour ne date pas de là.

Vous croyez que j’ai commencé par mépriser le monde. Vous avez vu comment est venu ce mépris. Longtemps, je l’ai estimé, et je l’estime encore, mais je ne crois pas que je doive y rester. Voilà tout.

Vous me dites ensuite: « La position d’un homme du monde est préférable à celle d’un prêtre. » Cela dépend. En soi, je ne le crois pas; et quant aux circonstances présentes, il est permis d’en douter. Après tout, si Dieu veut que je sois prêtre, qu’importe la position du moment! S’il ne demande de moi que le bien que peut faire un prêtre, je ne dois pas demander de charge plus pesante.

A cela vous répondez: Qui vous dit que Dieu approuve ce que vous faites? » Qui me le dit? Les personnes, à la conduite desquelles je me suis entièrement remis. Un prêtre, qui me voit presque tous les jours et qui m’a déclaré que je devais être prêtre, avant que j’eusse parlé de mon désir à qui que ce fût qu’il pût connaître, mais lorsqu’il était allumé en moi depuis longtemps. Je n’en ai pas parlé à lui seul. J’ai consulté un autre prêtre, qui est fort à même de juger ma vocation, puisqu’il est directeur de Séminaire et qu’il me connaît beaucoup(2). Sa réponse m’est favorable, quoiqu’il me conseille d’attendre. J’ai consulté mon confesseur, qui est bien loin de dire non. Aussi, sous ce rapport, suis-je bien sûr que, s’ils me disent d’avancer, je ne ferai rien d’irréfléchi. Ce qu’ils ordonneront, je le ferai, et, en agissant ainsi, je croirai me soumettre à la volonté de Dieu.

J’attendais, je vous l’avoue, de votre part quelques observations moins spécieuses et plus profondes, telles que pourrait m’en faire une personne qui me connaît assez bien; car je crois que vous me connaissez, et à mes yeux ce n’est point un mal. Je ne suis point fâché de voir que les personnes que j’aime me connaissent, afin qu’elles me puissent prendre pour ce qu’elles croient que je vaux à leurs yeux.

Comme je n’ai pas pour le moment autre chose à vous dire, je vous souhaite le bonsoir.

Vendredi*.

J’ai vu Gouraud ce matin, encore avec des idées noires. Il voulait aller voir Thiébault. Je l’ai envoyé travailler et lui ai déclaré que tout son… (3)

Notes et post-scriptum
1. Voir des extraits dans *Notes et Documents*, t.Ier, p. 213-215.2. I s'agit de M. Vernière, né à Saint-Pons-de-Mauchiens, près de Lavagnac, ami de la famille d'Alzon et alors directeur au Grand Séminaire de Montpellier.
3. La fin de la lettre manque par suite d'une déchirure.