- V1-117
- 0+037|XXXVII
- Vailhé, LETTRES, vol.1, p.117
- 1 BAVARDAGES
1 COLERE
1 CONFESSION SACRAMENTELLE
1 DEVOTION
1 LIVRES
1 MINISTERE
1 PARLEMENT
1 PERSEVERANCE
1 POLITIQUE
1 PRESSE
2 DU LAC, JEAN-MELCHIOR
2 GOURAUD, HENRI
2 GRESSET, JEAN-BAPTISTE
2 LIRON D'AIROLLES, DANIEL-XAVIER
2 THIEBAULT, LOUIS
3 MONTPELLIER
3 PARIS - A MONSIEUR LUGLIEN DE JOUENNE D'ESGRIGNY (1).
- ESGRIGNY Luglien de Jouenne
- juillet et 2 août 1830.]
- jul 1830|2 aug 1830
- [Lavagnac,
- Monsieur
Monsieur Luglien de Jouenne,
rue Duphot, n° 11.
Paris.
Je suis, dans ce moment, dans un accès d’humeur contre la gent dévote. Vous savez qu’à la campagne on ne sait trop que faire, quand on n’est pas nombreux, pour passer les soirées. Aujourd’hui, j’avais proposé de lire Vert-Vert. Un de mes oncles, qui est prêtre et qui est ici, avait déclaré qu’il n’y avait aucun mal dans ce petit poème. Ne voilà-t-il pas qu’une mienne cousine s’en scandalise, au point de prendre un livre et de lire de son côté? Vous sentez que continuer était impossible. J’ai fermé Gresset et je suis venu vous faire part de toute ma mauvaise humeur. Et Dieu sait pourtant si l’on a raison de se moquer d’elles! Vous ne vous faites pas idée de leurs commérages.
Vous ne croiriez pas que, lors de mon arrivée de Paris, j’eus besoin de me confesser à Montpellier, que j’allai trouver un vieux curé. Eh bien! il a fallu que je fusse l’entretien de toutes les dévotes du quartier, qui coururent chez plusieurs de mes tantes pour savoir qui était un grand jeune homme, qui, à telle heure, tel jour, s’était confessé dans la sacristie au curé de telle paroisse. Vous avouerez que c’est par trop fort. De tout temps, ce que j’ai le plus détesté, c’est le commérage, mais ce dernier trait me donne de véritables crispations.
Ne me grondez pas, si j’écris mal. J’ai une encre presque aussi détestable que le commérage. Cela dit, je ne sais en vérité trop qu’ajouter, sinon que j’ai reçu une belle et bonne lettre de du Lac, ce qui m’a tout réjoui. Depuis quelque temps, elles étaient d’une exiguïté infinie ou, pour mieux dire, extrêmement finie. Il est un peu plus tranquille, il s’est confessé, il n’a que des doutes sur sa persévérance. Sur ce point, nous autres, qui n’avons pas été éprouvés comme lui, nous devrions bien lui prêcher d’exemple. Il me donne l’espérance de me venir voir. J’ai la presque certitude d’aller chez lui. Les Chambres étant dissoutes avant d’être réunies, nous ne retournerons plus à Paris qu’au mois de novembre. Je pourrai donc exécuter mes projets.
Et vous, que faites-vous? Avons-nous la guerre civile? Ou bien passons-nous sans murmurer par tout ce qu’il plaira au ministère de nous commander? Je me bats les flancs de tout cela. Mon parti est pris. Si vous savez quelque chose que n’apprennent pas les journaux, mandez-le-moi.
2 août.
Je reprends ma lettre commencée depuis plusieurs jours. Nous sommes effrayés, parce que nous ne recevons pas de journaux. Si vous avez le temps, je vous supplie, vous, ou Thiébault, ou Gouraud, de me donner des nouvelles. Je suis excessivement pressé. Adieu.
Emmanuel.