Vailhé, LETTRES, vol.1, p.216

19 jul 1831 [Lavagnac, LA_GOURNERIE Eugène
Informations générales
  • V1-216
  • 0+070|LXX
  • Vailhé, LETTRES, vol.1, p.216
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 ANGES
    1 CLERGE
    1 EMPLOI DU TEMPS
    1 ENSEIGNEMENT DE L'HISTOIRE
    1 FATIGUE
    1 MALADIES
    1 PARESSE
    1 PRESSE
    1 REPAS
    1 REPOS
    1 REVE
    1 ROYALISTES
    1 SOUSCRIPTION
    1 SYMPTOMES
    1 TRAVAIL DE L'ETUDE
    1 UNION DES COEURS
    2 VINCENT DE PAUL, SAINT
    3 IRLANDE
    3 MONTPELLIER
  • A MONSIEUR EUGENE DE LA GOURNERIE (1).
  • LA_GOURNERIE Eugène
  • le 19 juillet 1831.]
  • 19 jul 1831
  • [Lavagnac,
  • Monsieur
    Monsieur Eugène de La Gournerie,
    rue Fénelon, hôtel de La Gournerie.
    Nantes
    Loire-Inférieure.
La lettre

J’attendais, je vous l’avoue, votre lettre depuis plusieurs jours; elle me prouve qu’il fait chaud partout et que les rayons du soleil ne sont plus capables d’inspirer, comme autrefois ceux du classique Apollon. Vous ne faites pas grand’chose; ni moi non plus, pour le moment. Le moyen de travailler, lorsque l’on sue sans rien faire!

Je vous remercie de ce que vous dites de mon plan de travail. Je me le suis dit à moi-même et je suis fort incertain si je ne le planterai pas là, ou, du moins, si je ne lui accorderai pas un temps beaucoup plus considérable. Je suis un peu embarrassé. Tous les jours, il me semble qu’il me vient mille idées nouvelles. Le cadre se grave dans ma tête, et, à mesure que les matériaux s’entassent, je crois pouvoir leur assigner leur place. Souvent je suis tenté de préparer toujours, d’étudier toujours l’histoire. Cela ne fait pas de mal, et si quelquefois je pense pouvoir commencer, alors je me mettrai à l’ouvrage. En attendant, comme vous le dites fort bien, je pourrai m’exercer sur des questions particulières, questions dont l’examen sera toujours pour moi d’une grande utilité.

20 juillet, à 1 h. 1/2 du matin.

Depuis plus de deux heures, je me tournais et retournais dans mon lit, avec un mal de tête affreux, sans pouvoir trouver le sommeil. Je me suis doucement mis à penser à vous, bel ami; le mal de tête a bien décampé, mais vous pouvez bien penser que le sommeil n’est pas venu. Dans ce moment, vous dormez à coup sûr. Un doux rêve vous délasse de vos fatigues. Peut-être que votre ange vous présente mon image, car je suis persuadé que mon image vous réjouit. Peut-être, comme moi, êtes-vous réveillé et pensez-vous à bien des choses, dont je ne me doute pas. Que de peut-être à inventer!

Mais je veux vous parler positif. Nous avons un petit journal à Montpellier, qui suit pas à pas les plus reculés des plus reculés royalistes. Il a pourtant eu la bonne idée d’ouvrir une souscription pour l’Irlande. Chargé par lui de trouver de l’argent, il m’a semblé que le meilleur moyen de commencer la liste était de mettre des prêtres à la tête. L’occasion m’a servi, et hier soir, dans un dîner où plusieurs curés se trouvaient, j’ai fait ma proposition. Elle a été fort bien accueillie, et l’on souscrit pour 1… francs (2). On ne donnera pas les noms, on dira seulement: au nom d’une Société d’ecclésiastiques et de jeunes gens réunis pour célébrer la fête de saint Vincent de Paul. Je suis ravi du zèle qu’ont témoigné ces prêtres. J’avais presque craint que le nom de l’Avenir, le premier promoteur de ces souscriptions, n’arrête l’ardeur de quelques-uns.

Ecrivez-moi un peu plus souvent, mon cher Eugène. Vos lettres me font un si grand plaisir. Est-ce qu’il faut diminuer d’amitié, parce qu’on reste quelque temps sans se voir? Ce ne sont pas nos corps qui s’aiment, ce sont nos âmes, ce sont nos coeurs, et les âmes et les coeurs ne font pas attention aux distances.

Emmanuel.
Notes et post-scriptum
1. Voir des extraits dans *Notes et Documents*, t. 1er p. 174.2. La fin du chiffre manque, par suite d'une déchirure.