Vailhé, LETTRES, vol.1, p.284

10 mar 1832 [Lavagnac, ESGRIGNY Luglien de Jouenne
Informations générales
  • V1-284
  • 0+093|XCIII
  • Vailhé, LETTRES, vol.1, p.284
Informations détaillées
  • 1 DESIR
    1 FORTUNE
    1 MARIAGE
    1 PARENTS
    1 PENSEE
    1 PENSIONS
    1 RECONNAISSANCE
    1 VACANCES
    1 VIE DE FAMILLE
    2 ALZON, AUGUSTINE D'
  • A MONSIEUR LUGLIEN DE JOUENNE D'ESGRIGNY (1).
  • ESGRIGNY Luglien de Jouenne
  • le 10 mars 1832].
  • 10 mar 1832
  • [Lavagnac,
  • Monsieur
    Monsieur Luglien de Jouenne d'Esgrigny,
    rue Duphot, n° 11.
    Paris.
La lettre

Mon cher ami,

D’après quelques lignes de votre dernière lettre et le désir que vous avez de vous marier, voulez-vous que je vous parle d’une jeune personne qui, si ses parents y consentent, pourrait être bien pour vous? Elle a de dix-huit à vingt ans. Sans être belle, elle a de la physionomie, beaucoup d’esprit. Son commerce m’a paru assez agréable; elle est pieuse. Voilà pour le personnel. Ses parents, sans être rien de merveilleux, sont de bonne famille. Ils lui donneront un jour 400 000 francs en terres, plutôt plus que moins. Peut-être voudront-ils un peu plus de fortune que vous n’en offrez. Ils seraient disposés, à ce que je puis croire, ou à garder leur fille, ou à la laisser s’établir à part. La jeune personne, élevée à Paris, semble l’aimer assez et ne serait pas fâchée peut-être d’y revenir. Mais, supposé que les parents lui fissent une pension qui représenterait les intérêts de la moitié de son futur capital, serait-il bien facile de vivre à Paris avec ce que vous mettriez, de votre côté?

D’après ce que j’ai entendu dire, elle a été demandée déjà assez souvent, et les parents auraient refusé des partis fort riches, parce qu’ils tiendraient à une alliance qui ne fût pas seulement d’argent. Si, d’ici à trois mois, vous n’avez pas jeté votre dévolu, venez me voir et juger par vous-même si le parti que je vous offre est sortable. Je vous renvoie à trois mois, parce que je serai alors en vacances; mais si vous désirez pousser la chose, écrivez-moi, et, du fond de ma retraite, j’essaierai de vous mettre à même de nouer des propositions.

Vous voyez, mon ami, que dans mon désir de vous écrire souvent, je vais vous parler de bien des choses. S’il faut, du reste, vous parler franchement, je ne vous propose ce parti que parce que, si nous réussissions à l’obtenir pour vous, vous m’en remercieriez un jour. Vous avez toute raison de vous marier, car il faut bien que vous fassiez quelque chose, et une femme me paraît très propre à vous faire sortir de l’état de marasme, dans lequel vous végétez. Vous voyez, mon ami, que mon plus vif désir serait que vous me dussiez un peu de votre futur bonheur et qu’au moment de renoncer aux jouissances de la famille, je voudrais vous les procurer vives et pures.

Adieu, Luglien. Si vous entrez dans l’idée que je vous donne, écrivez-m’en. Je la crois bonne. Adieu.

Emmanuel.
Notes et post-scriptum
1.La date donnée est celle du cachet de la poste, à Montagnac. La personne dont il s'agit est évidemment la soeur aînée d'Emmanuel, Augustine d'Alzon, née en 1813.