Vailhé, LETTRES, vol.1, p.301

23 apr 1832 [Montpellier, COMBALOT Abbé Théodore
Informations générales
  • V1-301
  • 0+098|XCVIII
  • Vailhé, LETTRES, vol.1, p.301
Informations détaillées
  • 1 ASPERSION D'EAU BENITE
    1 CLERGE
    1 CRUCIFIX
    1 DIMANCHE DES RAMEAUX
    1 DOCTRINES ROMAINES
    1 FATIGUE
    1 GLOIRE DE DIEU
    1 MALADIES
    1 PAQUES
    1 POLONAIS
    1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
    1 REVOLUTIONNAIRES ADVERSAIRES
    1 ROYALISTES
    1 SEMINAIRES
    1 SEMINARISTES
    1 SOINS AUX MALADES
    1 SOUFFRANCE
    2 BAILLY, EMMANUEL SENIOR
    2 CHARLES X
    2 DAUBREE, LEON
    2 ESGRIGNY, LUGLIEN de JOUENNE D'
    2 GOURAUD, HENRI
    2 VERNIERES, JACQUES
    3 LUNEL
    3 PARIS
  • A MONSIEUR L'ABBE COMBALOT (1).
  • COMBALOT Abbé Théodore
  • le 23 avril 1832].
  • 23 apr 1832
  • [Montpellier,
  • Monsieur.
    Monsieur l'abbé Combalot,
    rue Vaugirard, n° 98.
    Paris
La lettre

Monsieur l’Abbé,

Puisque vous avez la bonté de me demander de vous écrire souvent, vous me permettrez de vous faire quelques questions sur quelques personnes, auxquelles je m’intéresse vivement et qui ne me donnent pas de leurs nouvelles, quoiqu’elles pussent bien penser qu’elles me mettent dans une peine vive à cause du mal qui les menace. Pourriez-vous me dire comment vont MM. Bailly, Gouraud, Daubrée? Je ne sais si vous connaissez M. de Jouenne. Peut-être se sont-ils mis aussi à soigner des malades. Persuadez-leur, si vous les voyez, de m’apprendre ce qu’ils font, où ils en sont avec le choléra. Je ne leur demande pas de longues lettres; je ne leur demande qu’un mot pour me dire s’ils sont morts ou vivants. Je pense qu’on n’a pas le choléra deux fois et que, puisque vous avez triomphé des premières atteintes, il vous laissera tranquille.

Je regrette bien maintenant de n’avoir pas choisi Paris, au lieu de mon Séminaire. Je ferais un apprentissage de charité qui vaudrait tous les Séminaires du monde. Nous avons le projet, avec M. Vernière et plusieurs séminaristes, si le choléra n’a pas cessé aux vacances, c’est-à-dire le 1er juillet, d’aller passer les nôtres là où il se trouvera, à moins qu’il ne soit venu nous chercher pour nous éviter la peine d’aller à sa rencontre.

Vous serez consolé, je pense, en apprenant que le séjour des Polonais dans nos pays fait le plus grand bien. Un prêtre de Lunel, où il s’en trouve au moins 600, m’a assuré qu’un grand nombre avaient fait leurs pâques, le dimanche des Rameaux. Partout où ils vont, ils demandent un crucifix et de l’eau bénite. On en a vu sortir de chez des protestants qui refusaient de leur en fournir. A l’église, ils sont autant de modèles de recueillement. Lunel est un foyer de carlisme, et les Carlistes prévenus contre eux reviennent de leurs fausses idées. Les révolutionnaires ne savent plus que penser(2). Leurs prêtres s’entendent très bien avec les nôtres. Dieu veuille que ce bon levain fasse fructifier nos masses, qui seraient excellentes si on savait les conduire.

Donnez-moi quelques détails sur l’état des doctrines. Adieu, Monsieur l’abbé. Recevez tous mes compliments sur la belle position où vous vous trouvez, pour faire de grandes et saintes choses pour la gloire de Dieu. Je le prie qu’il vous donne les forces suffisantes pour en supporter toutes les fatigues. Tout à vous.

Emmanuel.

Vous pouvez m’adresser directement vos lettres au Grand Séminaire.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. La date donnée est celle du cachet de la poste à Montpellier.
2. Ces Polonais étaient des réfugiés qui avaient quitté leur pays, après l'échec de la révolte contre les Russes. Les Carlistes sont des gens de Lunel, fidèles au roi légitime, Charles X. L'abbé Combalot, qui était républicain, ne les goûtait guère.