Vailhé, LETTRES, vol.1, p.349

30 sep 1832 [Lavagnac, ESGRIGNY Luglien de Jouenne
Informations générales
  • V1-349
  • 0+112|CXII
  • Vailhé, LETTRES, vol.1, p.349
Informations détaillées
  • 1 AGRICULTURE
    1 AMITIE
    1 BETISE
    1 PRESSE
    1 PROPRIETES FONCIERES
    1 RAISIN
    1 SEMINAIRES
    1 VENDANGE
    2 BAILLY, EMMANUEL SENIOR
    2 COLRAT, ABBE
    2 DU LAC, JEAN-MELCHIOR
    2 GOURAUD, HENRI
    2 VERNIERES, JACQUES
    3 CONDOM
    3 MONTAGNAC
    3 MONTPELLIER
    3 PARIS
  • A MONSIEUR LUGLIEN DE JOUENNE D'ESGRIGNY (1).
  • ESGRIGNY Luglien de Jouenne
  • le 30 septembre 1832].
  • 30 sep 1832
  • [Lavagnac,
  • Monsieur
    Monsieur Luglien de Jouenne d'Esgrigny,
    rue Duphot, n° 11.
    Paris.
La lettre

Mon cher ami,

Je vous prie d’être assez bon pour faire prendre à la Tribune catholique2 un abonnement de trois mois, à dater du 1er octobre, pour M. l’abbé Colrat, aumônier de la Providence, rue Saint-Firmin, à Montpellier(2). On dit que ce petit journal fait quelque bien, mais je ne puis me le faire adresser directement au Séminaire. Je l’aurai par voie détournée(3). Quand je saurai le prix de l’abonnement, je le ferai passer. Est-il arrivé quelque accident à la Revue européenne? C’est aujourd’hui le 30 septembre et je ne l’ai pas reçue. Je n’y vois plus votre nom. Vous seriez-vous séparé de ses rédacteurs?

J’aurais mille petites questions à vous adresser. Qu’est devenu Gouraud? Si je ne le connaissais mieux, je croirais qu’il ne veut plus de moi. Depuis longtemps il garde le silence, quoique je lui aie écrit deux fois de suite, il n’y a pas bien longtemps. Grondez-le un peu de ma part. Tout ce que je sais, c’est qu’il n’est plus à Paris, mais je serai fort en peine d’aller le chercher là où il est. Du Lac m’écrit qu’il était allé à Condom. Qu’est-il allé faire à Condom, je vous prie? Et M. Bailly, que devient-il? Je lui ai écrit, il y a six mois; il ne m’a pas plus répondu que s’il était mort. Déclarez-lui que je le tiens pour enterré. On dit qu’il dirige la Tribune catholique. C’est fort bien; mais n’aurait-il pas pu faire l’effort de m’en envoyer un prospectus? Je lui aurais envoyé des abonnés.

Voilà, après la plus longue sécheresse, la pluie qui nous arrive quand nous la désirions le moins. Nous ne pourrons vendanger, ce qui est triste. Mais il faut espérer qu’elle durera peu et qu’elle donnera le temps d’enfermer le raisin.

Je parle en quasi-propriétaire foncier. Cependant je dois avouer, à ma grande honte, que je m’occupe bien peu d’agriculture. Croiriez-vous que je vis dans une ignorance habituelle du prix des esprits? Aussi, dans le pays, on n’a pas été surpris de me voir entrer au Séminaire. Je n’étais bon à rien.

Je divague, et, pour peu que cela dure, je vous dirai des bêtises. Je suis nul dans ce moment. Je n’ai donc rien de mieux à faire que de finir bien vite, en vous assurant, ce qui n’est pas une nullité, que je vous aime bien fort.

Emmanuel.

Encore une commission. Veuillez taire mettre mon abonnement à la Revue européenne sous l’adresse de M. Vernière, directeur au Séminaire de Montpellier.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. La date donnée est celle du cachet de la poste, à Montagnac.
2.La *Tribune catholique*, journal quotidien annoncé pour le 3 janvier 1832, parut en réalité le samedi 14 janvier suivant. Le bureau du journal était rue du Petit Bourbon, Saint-Sulpice, n° 18.
3. Il était défendu, alors comme toujours, aux sémimaristes de recevoir en leur nom revues et journaux au Séminaire; mais certains d'entre eux pouvaient avoir l'autorisation de les lire. Tel était le cas du jeune Emmanuel, qui faisait adresser la *Revue européenne* à un directeur de son Séminaire, comme nous l'apprend un *post-scriptum* de cette même lettre.