Vailhé, LETTRES, vol.1, p.367

12 nov 1832 Montpellier, ALZON_VICOMTE
Informations générales
  • V1-367
  • 0+119|CXIX
  • Vailhé, LETTRES, vol.1, p.367
Informations détaillées
  • 1 CHANOINES
    1 FRUITS
    1 LIVRES
    1 MALADIES
    1 MOBILIER
    1 RESIDENCES
    1 SANTE
    1 SOUFFRANCE
    1 VOYAGES
    2 ALZON, AUGUSTINE D'
    2 ALZON, MADAME HENRI D'
    2 BASTET, JOSEPH
    2 BLAQUIERES, ABBE
    2 CALMETTE, MADAME
    2 COLRAT, ABBE
    2 GREGOIRE XVI
    2 GUICHARD, DE
    2 GUICHARD, MADAME DE
    2 LAMENNAIS, FELICITE DE
    2 MONTALEMBERT, CHARLES DE
    2 ORIGENE
    2 RODIER, MADAME JEAN-ANTOINE
    3 PARIS
    3 PARIS, RUE DES PLANCHES
    3 VIGAN, LE
  • A SON PERE.
  • ALZON_VICOMTE
  • le 12 novembre 1832.
  • 12 nov 1832
  • Montpellier,
  • Monsieur
    Monsieur le Vicomte Henry d'Alzon,
    au Vigan.
    Gard.
La lettre

J’étais l’autre jour fort pressé, mon cher petit père, et je n’eus que le temps de vous écrire quelques mots pour vous apprendre que j’avais enfin reçu des nouvelles de Paris. Augustine qui m’écrivait avait jugé à propos de n’entrer dans aucun détail sur l’état général des santés, mais comme elle me parlait d’aller faire plusieurs emplettes, je ne pensais [pas] que ni ma mère ni elle fussent bien souffrantes. Leur appartement de la rue de la planche est déjà meublé: elles doivent dans cette moment y être installées. Je désire que, lorsque votre rhume sera passé, vous songiez à venir me voir, mais pas plus tôt; car il fait trop froid pour voyager en toussant, à moins que la toux ne prenne en route. Je ne tousse pas, ou du moins très peu, le matin, cette qui n’est absolument rien, vu les grandes précautions que je prends. Mon estomac me laisse parfaitement en repos. Ainsi, ma santé ne peut vous causer d’inquiétude.

Je vous écrivis que M. Bastet était mort. Cette pauvre homme avait une rétention d’urine, et je ne sais pourquoi on lui avait laissé la sonde dans le corps. Il fit une chute, la sonde creva la vessie, et il fut mort en moins d’un quart d’heure au milieu des plus vives douleurs. M. Blaquières est nommé pour lui succéder. Il paraît que pendant très longtemps M. Blaquières signifiait que si on lui [offrait] un canonicat, il le refuserait. A la mort de M. Bastet, on voulut, dit-on, lui faire une simple politesse dans l’espérance d’un refus, et M. Blaquières, au contraire, a pris ses gens au mot. On parle beaucoup de son remplaçant, mais les idées se portent sur tant de monde qu’on ne voit rien de positif.

Je vous transcrivis sans aucune réflexion cette qui, dans la lettre de M. de Mont[alembert] avait rapport à ses amis; mais convenez pourtant que voilà une forte preuve que cette n’est pas l’esprit de coterie qui pousse M. de la M[ennais], comme on le prétend. Car enfin, le bref qu’il aurait reçu du pape aurait été, je pense, pour lui un élément de succès; mais il l’a repoussé. Quelques personnes pensent que c’est à tort. Je crois qu’il a fort bien fait. Tôt ou tard, cela se saura, et quoiqu’il n’ait, bien sûr, pas agi dans cette intention, le résultat ne lui fera pas moins honneur. Je garde toujours ici un silence prudent, mais je m’aperçois bien que sans cesse en ma présence on dit certains mots pour voir cette que je répondrai. Je prends le meilleur parti: je ne réponds pas.

Puisque vous êtes au Vigan, sans doute que Mme de Guichard vous a chargé de quelque commission. N’auriez-vous pas l’occasion d’aller dans sa maison et de voir dans la bibliothèque quelle est l’édition des oeuvres d’Origène qui s’y trouve? M. de Guichard m’avait promis de me les donner; mais si cette n’est pas l’édition des Bénédictins, je m’en soucie fort peu, parce que cette n’est rien qui vaille. Je ne vous demande ceci, bien entendu, que dans le cas où vous auriez une occasion favorable. Je vous prie de remercier Calmette de sa bonne volonté pour le panier de châtaignes qu’elle voudrait m’envoyer; mais je ne puis le recevoir. Ses pommes m’ont fait grand plaisir et grand bien.

J’allai voir l’autre jour ma tante Rodier. Elle est encore souffrante et passa au lit la journée du 4 novembre. Elle me dit qu’elle n’avait reçu aucune lettre pour vous, mais que, dès qu’elle en aurait, elle vous les ferait passer. Je suis obligé de m’arrêter, mais je ne fermerai ma lettre qu’après l’heure du courrier de Paris. Si je reçois quelque nouvelle, je vous en ferai part.

Adieu, cher petit père. Je vous embrasse de tout mon coeur.

Emmanuel.

M. Colrat, que je viens de voir, m’a dit qu’il vous accompagnerait à Lavagnac, si vous ne partiez pas de Montpellier avant le 21.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum