Vailhé, LETTRES, vol.1, p.378

30 nov 1832 [Montpellier], ALZON_VICOMTE
Informations générales
  • V1-378
  • 0+124|CXXIV
  • Vailhé, LETTRES, vol.1, p.378
Informations détaillées
  • 1 CREANCES A PAYER
    1 ENSEIGNEMENT
    1 MALADIES
    1 MISERES DE LA TERRE
    1 SEMINAIRES
    2 ALZON, MADAME HENRI D'
    2 BERRY, DUCHESSE DE
    2 COLRAT, ABBE
    2 COMBALOT, THEODORE
    2 GINOULHIAC, JACQUES-MARIE-ACHILLE
    2 MONTALEMBERT, CHARLES DE
    2 NEFFIES, DE
    2 VERNIERES, JACQUES
    3 VIGAN, LE
  • A SON PERE (1)
  • ALZON_VICOMTE
  • le 30 novembre 1832.
  • 30 nov 1832
  • [Montpellier],
  • Monsieur
    Monsieur le Vicomte Henry d 'Alzon,
    au Vigan.
    Gard.
La lettre

Vous voyez, mon cher petit père, que je suis exact à tenir la promesse que je vous fis hier de vous écrire aujourd’hui, si j’en avais le temps. Je suis bien aise que vous vous débarrassiez de toutes les affaires qui vous retiennent au Vigan. Je ne crains qu’une chose, c’est qu’après vous être longtemps occupé de choses qui vous fatigueront la tête, vous ne soyez obligé de payer le tribut à la migraine. J’ai peur encore que l’incertitude du temps, qui change plusieurs fois chaque jour, ne vienne augmenter votre rhume, quoique je pense qu’il doive être bien près de sa fin, puisque vous ne m’en parlez plus.

J’ai reçu, il y a deux ou trois jours, une lettre de ma mère. M. Combalot m’a encore joué un tour de son métier. J’avais, ,en répondant à M. de Montalembert (2), dit quelque chose de l’ennui que j’éprouve de ne pouvoir répondre aux personnes qui attaquent mon opinion. M. de Mont[alembert] a montré ma lettre à M. Combalot, qui, poursuivant toujours son idée, a été chanter à ma mère que je périssais d’ennui; ce qui est évidemment faux. Il est bien vrai que je m’aperçois tous les jours de la faiblesse des études et de bien d’autres misères, qui me prouvent de plus en plus que je perds mon temps; mais il y a loin de là à périr d’ennui. Ma mère, tout effrayée, m’a écrit pour me demander si j’avais envie de quitter le Séminaire. Vous pouvez bien penser que je lui ai répondu de façon à ne lui laisser aucun doute sur mon intention d’y rester, parce que l’on trouvera partout de petites contradictions; que celles auxquelles je suis exposé, j’ai dû les prévoir; qu’elles fortifient, loin de l’affaiblir, ma résolution; qu’elles me confirment seulement dans l’idée où je suis que l’éducation ecclésiastique a besoin d’une réforme et qu’il est malheureux d’arriver trop tôt pour en profiter.

Ceci, mon cher père, doit rester absolument entre nous, parce que tôt ou tard quelque indiscrétion finirait par me mettre dans une position fâcheuse vis-à-vis des supérieurs. J’avais fait une fois une petite confidence d’un autre genre à M. Colrat: il n’a eu rien de plus pressé que d’aller en parler à son M. Ginouilhac, et cela devant un élève. Heureusement qu’il en tut une partie, mais cela ne m’a pas moins vexé.

Les affaires de ce pauvre M. Vernière vont au plus mal. Leur créancier les poursuit avec un acharnement incroyable. Vous savez que M. de Neffiès a demandé d’être otage pour Mme la duchesse de Berry.

Adieu, mon cher petit père. Je vous embrasse bien tendrement.

Emmanuel.
Notes et post-scriptum
1. Voir des extraits dans *Notes et Documents*, t. Ier, p. 249 sq.2. Lettre perdue, écrite le 10 novembre en réponse à celle de Montalembert, du 4 du même mois.