Vailhé, LETTRES, vol.1, p.418

30 jul 1833 [Lavagnac, LAMENNAIS
Informations générales
  • V1-418
  • 0+135|CXXXV
  • Vailhé, LETTRES, vol.1, p.418
Informations détaillées
  • 1 ACTES DU SAINT-SIEGE
    1 AMITIE
    1 COMBATS DE L'EGLISE
    1 CONNAISSANCE
    1 COURS PUBLICS
    1 DIRECTION SPIRITUELLE
    1 ENFANTS
    1 ESPRIT DE L'EGLISE
    1 FAMILLE
    1 JESUS-CHRIST
    1 JOIE
    1 ORDRES MINEURS
    1 PERSECUTIONS
    1 PROGRAMME SCOLAIRE
    1 RENONCEMENT
    1 SACERDOCE
    1 SEMINAIRES
    1 SENTIMENTS
    1 TRAVAIL DE L'ETUDE
    2 ASTROS, PAUL D'
    2 BORE, EUGENE
    2 DAUBREE, LEON
    2 DUDON, PAUL
    2 GREGOIRE XVI
    2 MONTALEMBERT, CHARLES DE
    2 ROUSSEL, ALFRED
    2 SALINIS, ANTOINE DE
    3 JUILLY
    3 MONT AIGOUAL
    3 PARIS
    3 SOLESMES
  • A MONSIEUR L'ABBE FELICITE DE LA MENNAIS (1).
  • LAMENNAIS
  • le 30 juillet 1833.]
  • 30 jul 1833
  • [Lavagnac,
  • Monsieur
    Monsieur l'abbé F. de la Mennais,
    à La Chénaye, par Dinan
    Ille et Vilaine (sic)
La lettre

Monsieur l’abbé,

Je reçus, il y a environ quinze jours, une lettre de M. de Montalembert dans laquelle il me parle, d’une manière bien touchante pour moi, de l’amitié que vous voulez bien me conserver(2). Il me dit encore que vous l’avez entretenu d’une Société d’études que je pourrais suivre à Paris avec Eugène Boré et deux ou trois autres jeunes gens; seulement, ajoutait-il, nous ne savons trop comment cela s’arrangera avec votre Séminaire et les plans de votre famille. Il est à peu près certain que je ne retournerai pas au Séminaire de Montpellier. Quoique j’aie à m’en louer sous une foule de rapports, il me semble que Dieu me veut ailleurs. J’ai reçu dernièrement les ordres mineurs, et, quoique je n’aie pas, encore pris un engagement solennel, je me regarde comme lié par ces chaînes que j’ai tant désirées et qui me sont si douces.

Seriez-vous assez bon, Monsieur l’abbé, pour entrer dans quelques détails sur le plan dont vous avez parlé à M. de Montalembert? Je ne désire en ce moment qu’une chose: me préparer à recevoir le sacerdoce de manière à être le moins possible indigne d’en porter le fardeau. Il me semble qu’au temps où nous vivons deux choses plus que jamais sont nécessaires au prêtre, l’esprit de sacrifice et la science. L’esprit de sacrifice, Dieu le donne à ceux qui le lui demandent. La science, au contraire, s’acquiert, et c’est pour l’acquérir que je sens le besoin de sortir de mon Séminaire. Veuillez, Monsieur l’abbé, m’apprendre où je la trouverai le plus facilement. Je sens combien elle me manque t tout ce que j’ai à faire, avant d’avoir obtenu celle qui m’est nécessaire. Plusieurs personnes ont eu la bonté de s’occuper de moi. Ainsi l’abbé Daubrée me presse tous les jours d’aller passer quelque temps à Solesmes. M. de Salinis m’a fait offrir et a eu l’extrême complaisance de m’offrir lui-même la retraite de Juilly. Enfin, Monsieur l’abbé, si vous pensez que je puisse partager les travaux et les études des jeunes gens qui se trouvent à Paris, veuillez me dire en même temps comment vous pensez que je pourrais nourrir et développer l’esprit ecclésiastique que je ne dois jamais perdre.

Plusieurs personnes ont été affligées pour vous du Bref du Pape à M. l’archevêque de Toulouse(3). D’autres, et j’avoue que je suis de ce nombre, s’en sont presque réjouies, parce qu’il vous est facile de faire tomber les préventions que certaines personnes cherchent à entretenir dans l’esprit de Sa Sainteté.

Permettez-moi, Monsieur l’abbé, de vous dire combien les persécutions qu’on vous suscite de toutes parts m’attachent de plus en plus à vous, et combien je désire apprendre sous votre conduite à combattre pour Jésus-Christ et pour son Eglise.

C’est avec ces sentiments, Monsieur l’abbé, que je prends en finissant le nom que vous avez bien voulu me donner et qui m’est si cher, celui de votre enfant.

Emmanuel d’Alzon, c[lerc] m[inoré].

30 juillet 1833.

à Lavagnac, par Montagnac (Hérault).

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Publiée, d'après l'original, par M. l'abbé Roussel, dans le *Mois littéraire et pittoresque, Paris, 1902, t. VII, p. 370. La réponse de l'abbé de la Mennais, écrite de la Chênaie, le 10 août 1833 parut dans la même revue, 1901, t. VI, p. 16.
2.Voir en Appendice la lettre de Montalembert.
3. Il s'agit du Bref *Litteras*, adressé le 8 mai, 1833, par Grégoire XVI à Mgr d'Astros, en réponse à des Propositions extraites des ouvrages de l'abbé de la Mennais, que l'archevêque et une partie des évêques de France avaient condamnées. Voir le texte dans Dudon, *Op. cit.* p. 405.) La publication de ce Bref faite à l'insu de Rome par l'*Ami de la religion*, le 20 juillet 1833, ne contribua pas peu à maintenir l'abbé Féli dans ses idées de résistance et même à le pousser à la révolte ouverte. Depuis plus d'un an, Mgr d'Astros et ses partisans, évêques ou non, cherchaient à obtenir de Rome une condamnation du philosophe, et l'Encyclique *Mirari vos*, publiée le 15 août 1832, n'avait pas réussi à satisfaire leurs plaintes déposées bien avant la publication de l'acte pontifical. (Dudon, *Op. cit.*, p.167-181, 243-263.)1. Publiée, d'après l'original, par M. l'abbé Roussel, dans le *Mois littéraire et pittoresque, Paris, 1902, t. VII, p. 370. La réponse de l'abbé de la Mennais, écrite de la Chênaie, le 10 août 1833 parut dans la même revue, 1901, t. VI, p. 16.
3. Il s'agit du Bref *Litteras*, adressé le 8 mai, 1833, par Grégoire XVI à Mgr d'Astros, en réponse à des Propositions extraites des ouvrages de l'abbé de la Mennais, que l'archevêque et une partie des évêques de France avaient condamnées. Voir le texte dans Dudon, *Op. cit.* p. 405.) La publication de ce Bref faite à l'insu de Rome par l'*Ami de la religion*, le 20 juillet 1833, ne contribua pas peu à maintenir l'abbé Féli dans ses idées de résistance et même à le pousser à la révolte ouverte. Depuis plus d'un an, Mgr d'Astros et ses partisans, évêques ou non, cherchaient à obtenir de Rome une condamnation du philosophe, et l'Encyclique *Mirari vos*, publiée le 15 août 1832, n'avait pas réussi à satisfaire leurs plaintes déposées bien avant la publication de l'acte pontifical. (Dudon, *Op. cit.*, p.167-181, 243-263.)