Vailhé, LETTRES, vol.1, p.432

28 sep 1833 [Lavagnac LAMENNAIS
Informations générales
  • V1-432
  • 0+140|CXL
  • Vailhé, LETTRES, vol.1, p.432
Informations détaillées
  • 1 CHRISTIANISME
    1 CLERGE
    1 CRAINTE
    1 DEFENSE DE L'EGLISE
    1 DESIR
    1 DOUTE
    1 LIBERTE
    1 MATIERES DE L'ENSEIGNEMENT ECCLESIASTIQUE
    1 PERSECUTIONS
    1 RENONCEMENT
    1 SEMINAIRES
    1 SENSIBILITE
    1 SOUVENIRS
    1 TRAVAIL DE L'ETUDE
    1 VOYAGES
    2 ASTROS, PAUL D'
    2 GABRIEL, JEAN-LOUIS
    2 GREGOIRE XVI
    2 LESQUEN, CHARLES-LOUIS DE
    2 RODIER, CLEMENT
    2 ROUSSEL, ALFRED
    3 FRANCE
    3 MONTPELLIER
    3 PARIS
    3 ROME
  • A MONSIEUR L'ABBE FELICITE DE LA MENNAIS (1).
  • LAMENNAIS
  • le 28 septembre 1833.]
  • 28 sep 1833
  • [Lavagnac
  • Monsieur l'abbé F. de la Mennais, à la Chênaie,
    par Dinan, (Côtes du Nord).
La lettre

Monsieur l’abbé,

J’aurais vivement désiré pouvoir profiter du conseil que vous me donniez, dans votre lettre du 12 août, et aller continuer mes études à Paris, mais des obstacles plus forts que mes désirs m’obligent à renoncer pour un temps à ce projet dont l’exécution eût pourtant réalisé tous mes voeux. Résolu toutefois à ne plus retourner au Séminaire de Montpellier, je me suis décidé à aller à Rome et je viens vous prier de me donner quelques lettres de recommandation pour les personnes que vous jugerez pouvoir m’être utiles dans mes études. Je n’ignore pas les inconvénients de cette détermination. Vous-même m’avez parlé de la faiblesse qu’on reprochait aux études théologiques. Mais au moins trouverai-je plus de liberté pour travailler, plus de moyens de puiser aux sources. Dans l’impossibilité d’aller à Paris, j’aurai au moins ce dernier avantage que je n’eusse peut-être pas trouvé ailleurs. J’ai pour compagnon un prêtre plein de mérites et de talents, dont les conseils me seront, j’espère, fort avantageux.

Serait-ce une indiscrétion de vous demander si l’on a répondu à la lettre que vous me disiez avoir écrite au Saint-Père? Je ne comprends pas qu’on puisse vous faire désormais un reproche(2). Au lieu de poursuivre avec tant de chaleur ceux qui ne veulent que le triomphe de la vérité, ne ferait-on pas bien de s’occuper à lui former des défenseurs, puisque l’on ne veut pas de ceux qui se présentent?.

Je sors du Séminaire de Montpellier avec la triste conviction que, si l’on ne réforme pas l’enseignement ecclésiastique en France, la religion s’y éteindra nécessairement, par la faute de ceux qui sont chargés de la protéger. A Dieu ne plaise que je veuille parler des intentions, qui sont, j’en ai la certitude, les plus pures, les plus parfaites! Mais je ne puis comprendre que le jeune clergé puisse prendre la moindre influence sur la société, lorsque l’on fait tout ce que l’on peut pour l’en séparer. Je me trompe, peut-être, et peut-être la crainte grossit-elle le mal à mes yeux. Cependant, de tristes effets semblent déjà justifier malheureusement le doute que j’ose vous confier. Ce que font les jeunes prêtres ou rien est une même chose. Sur cinquante ou soixante, on en comptera trois ou quatre qui feront quelque bien, et cependant encore, je puis vous le dire, vous ne sauriez croire combien, dans le Séminaire, se trouvent de jeunes gens pleins de bonne volonté et qui, si on les dirigeait, travailleraient avec succès pour la défense du christianisme. pourquoi tant de bons germes sont-ils étouffés? C’est ce que je ne puis m’expliquer.

Vous, Monsieur l’abbé, qui vous êtes si longtemps occupé de l’éducation universitaire, ne pourriez-vous rien pour préparer un renouvellement dans l’éducation des Séminaires?

Clément Rodier, qui se trouve ici, me charge de le rappeler à votre tendre souvenir.

Veuillez agréer, Monsieur l’abbé, l’expression de ma respectueuse affection avec laquelle je suis

Votre très humble et dévoué serviteur.

Emmanuel d’Alzon.

28 septembre 1833.

à Lavagnac, par Montagnac (Hérault).

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Publiée, d'après l'original, par M. l'abbé Roussel dans *Le Mois littéraire et pittoresque*; Paris, 1902, t. VII, T. 371 sq. La réponse de l'abbé de la Mennais, en date du 8 octobre 1833, parut dans la même revue, 1901, t. VI, P. 18.
2. Dans le Bref du 8 mai 1833 à Mgr d'Astros, Grégoire XVI avait trouvé insuffisante la déclaration du 10 septembre 1832, que lui avaient envoyée les trois pèlerins de la liberté. Sous la pression des événements ,et d'un bon nombre de personnes, La Mennais se décida à envoyer, le 4 août 1833, par Mgr de Lesquen, évêque de Rennes, une nouvelle déclaration, que Rome ne devait pas encore trouver satisfaisante. C'est cette déclaration dont il est parlé ici et qui est publiée dans Dudon, *Op. cit.*, p. 406 sq.1. Publiée, d'après l'original, par M. l'abbé Roussel dans *Le Mois littéraire et pittoresque*; Paris, 1902, t. VII, T. 371 sq. La réponse de l'abbé de la Mennais, en date du 8 octobre 1833, parut dans la même revue, 1901, t. VI, P. 18.
2. Dans le Bref du 8 mai 1833 à Mgr d'Astros, Grégoire XVI avait trouvé insuffisante la déclaration du 10 septembre 1832, que lui avaient envoyée les trois pèlerins de la liberté. Sous la pression des événements ,et d'un bon nombre de personnes, La Mennais se décida à envoyer, le 4 août 1833, par Mgr de Lesquen, évêque de Rennes, une nouvelle déclaration, que Rome ne devait pas encore trouver satisfaisante. C'est cette déclaration dont il est parlé ici et qui est publiée dans Dudon, *Op. cit.*, p. 406 sq.