Vailhé, LETTRES, vol.1, p.526

26 mar 1834 Rome, ALZON_AUGUSTINE
Informations générales
  • V1-526
  • 0+167|CLXVII
  • Vailhé, LETTRES, vol.1, p.526
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 ANIMAUX
    1 ANNONCIATION
    1 BENEDICTION
    1 BETISE
    1 CARDINAL
    1 CONFESSEUR
    1 DETACHEMENT
    1 ENCYCLIQUE
    1 LAVEMENT DES PIEDS
    1 MARIAGE
    1 NEUVAINES DE PRIERES ET DE PENITENCES
    1 OFFICE DIVIN
    1 ORDINATIONS
    1 PATIENCE
    1 PELERINAGES
    1 PRETRE
    1 RESIDENCES
    1 SANTE
    1 SEMAINE SAINTE
    1 SENTIMENTS
    1 SOLITUDE
    1 SOUCIS D'ARGENT
    1 SOUS-DIACONAT
    1 SUPERIEUR
    1 TRAVAIL DE L'ETUDE
    1 VIE DE PRIERE
    1 VOYAGES
    2 ALZON, MADAME HENRI D'
    2 BONNETTY, AUGUSTIN
    2 BOURMONT, VICTOR DE
    2 COMBALOT, THEODORE
    2 DREUX-BREZE, MADAME DE
    2 DREUX-BREZE, PIERRE-SIMON DE
    2 FERDINAND II DES DEUX-SICILES
    2 GABRIEL, JEAN-LOUIS
    2 GREGOIRE XVI
    2 LA ROCHEJAQUELEIN, DE
    2 LAMARCHE, VINCENT
    2 LAMBRUSCHINI, LUIGI
    2 LOUIS-PHILIPPE Ier
    2 MEYNIER
    2 MICARA, LODOVICO
    2 OLIVIERI, MAURIZIO
    2 PENELOPE
    2 POLIDORI, PAOLO
    2 PUYSEGUR, MADAME ANATOLE DE
    2 REBOUL, ELEUTHERE
    2 RETZ, ALEXANDRE DE
    2 VENTURA, GIOACCHINO
    3 ANCONE
    3 ASSISE
    3 BOLOGNE
    3 CALABRE
    3 FLORENCE
    3 FRANCE
    3 LORETTE
    3 MODENE
    3 NAPLES
    3 ROME, BASILIQUE SAINT-PIERRE
    3 ROME, CHAPELLE SIXTINE
    3 ROME, COLLEGE DE LA MINERVE
    3 ROME, COLLEGE DES NOBLES
    3 ROME, COUVENT SANT'ANDREA DELLE FRATTE
  • A SA SOEUR AUGUSTINE (1).
  • ALZON_AUGUSTINE
  • Mercredi-Saint [26 mars 1834].
  • 26 mar 1834
  • Rome,
  • Mademoiselle
    Mademoiselle Augustine d'Alzon,
    rue de Grenelle. St-Germain, n° 50.
    Paris. France.
La lettre

Je suis très fâché contre toi. Il y aura demain quinze jours que je n’aurai reçu de tes nouvelles. J’avais pris la résolution de ne plus faire que des réponses. Si je n’avais pensé que, bien sûr, je n’aurai pas le temps d’écrire dans la journée de demain, j’aurais bien certainement attendu. Il y a également longtemps que je n’ai reçu aucune nouvelle de mon père. C’est fort bien. Cela m’exerce au détachement; mais je n’aurais pas cru que ce fût toi qui me donnerais les moyens de gagner le ciel par cette voie.

M. Gabriel part de demain en huit, après bien des hésitations. La santé du jeune Reboul l’a décidé à prendre la poudre d’escampette. Il visitera Lorette, Florence, Bologne, Assise, Ancône, Modène s’il le peut, et arrivera en France pour le mois de mai avec les feuilles.

Jeudi-Saint

Je fus interrompu hier et je n’eus pas le temps de le parler de la fameuse Chapelle Sixtine. Il y avait un monde fou, beaucoup trop, parce que parmi ces gens-là il y en avait fort peu qui s’occupassent à prier Dieu. J’étais placé à merveille, à deux pas de M. de Bourmont et du roi de Naples. Tu sais qu’il va marier son frère avec une fille de Philippe. La Semaine Sainte, à Rome, ne me touche pas autant qu’en bien d’autres [lieux], à cause des curieux qui viennent glacer de leurs stupides observations tout ce qu’il peut y avoir de beau. Cependant, je dois dire que j’ai été ravi de l’office d’hier soir, et avec cela je n’y retournerai pas. Vois un peu comme je suis fait. J’irai entendre l’office à Saint-Pierre, voir la bénédiction du Pape, le lavement des pieds, mais ce que j’ai vu une fois, je ne vais pas le voir deux.

Je te prie de dire à M. Combalot que je viens de recevoir la visite de son M. Meynier. C’est un jeune pèlerin qui est venu à Rome à pied, qui voudrait y rester s’il était possible; chose difficile, quand on n’a pas d’argent. Ce jeune homme est poète; il m’a donné une pièce de vers, que je connaissais déjà. La Revue européenne l’avait insérée dans son numéro de novembre. Il lui faudrait une place de précepteur, ce que je ne puis lui donner. Tu diras à M. Combalot que je serai fort heureux de lui rendre service, mais quand il ne m’adressera pas à M. de Retz. Ce brave homme parle toujours comme les gens qui mettent les doigts dans la bouche et qui disent ensuite: « J’aime le pain. » Je le rencontrai l’autre jour dans la rue; il marmotta pour me dire qu’il s’était occupé d’une affaire dont je lui avais parlé. Note bien qu’il avait laissé sur sa table pendant quatre mois une lettre d’où dépend la position d’un prêtre. Je me suis, dit-il, occupé de votre affaire. Dites à vos gens qu’ils prennent patience, puis qu’ils prennent patience qu’ils ne s’inquiètent pas et… qu’ils prennent patience. -Mais, Monseigneur, lui dis-je, faudra-t-il qu’ils attendent longtemps? -Voyez, répondit-il, qu’ils prennent patience. Il faut que l’affaire soit examinée. -Mais, Monseigneur, y a-t-il quelque chance de succès? -De succès? Je suis sûr de l’affaire, mais dites-leur d’attendre en patience. -Avec un peu de patience l’affaire s’arrangera » et il continua à me répéter une douzaine de fois: « De la patience », et puis, il me souhaita le bonjour. Tu vois qu’en effet il est nécessaire d’avoir de la patience.

Je ne sais si la poste partira aujourd’hui. Je serais bien vexé qu’elle ne partît pas; mais, puisqu’il faut attendre jusques à samedi, j’attendrai encore pour te donner quelques nouvelles. On dit qu’il va y avoir une promotion de cardinaux, parmi lesquels se trouve le rédacteur de l’encyclique, Mgr Polidori(2).

J’ai assisté, le jour de l’Annonciation, à l’ordination de l’abbé de Brézé. Le voilà prêtre! Il a été ordonné par le cardinal Lambruschini. Sa mère, sa soeur, le maréchal de Bourmont, M. de La Rochejaquelin s’y trouvaient. Plusieurs personnes, entre autres l’abbé Gabriel, me pressaient beaucoup de prendre le sous-diaconat, mais le cardinal Micara m’a fait observer que, pour étudier, l’office me serait un obstacle, parce qu’il me prendrait beaucoup de temps. Je vais être un peu seul, quoique le cardinal Micara ait promis à M. Gabriel d’avoir soin de moi.

J’avais en l’idée d’aller ou chez le P. Ventura, ou au Collège des Nobles; mais je ferais trop crier en allant chez Ventura, et je perdrais l’amitié de trop de gens dont l’estime m’est précieuse, en allant au Collège des Nobles. J’avais voulu aller à la Minerve, chez les Dominicains, où le P. Lamarche, mon confesseur, et le P. Olivieri m’auraient procuré un appartement; mais j’ai vu que je ferais trop de peine aux religieux de Sant-Andrea*; à qui nous avons su inspirer pour nous beaucoup d’affection et de respect. Le supérieur, frais et gaillard Calabrais, m’a promis de me faire arranger un appartement plus petit que celui que nous occupons. Si j’étais malade, je serais sûr d’être chez eux comme chez moi.

Que dis-tu de Bonnetty? J’ai reçu de lui une belle, longue et indéchiffrable lettre. Je lui réponds aujourd’hui, parce que j’ai pris la résolution d’être exact dans mes réponses. Enfin, j’ai reçu ta lettre, mais je n’ai pas eu le temps de t’écrire par le courrier d’aujourd’hui. Je suis enchanté de ta lettre; j’en voudrais comme cela une tous les huit jours, et il faut attendre tous les mois. Il me semble, cependant, qu’après m’avoir tant pressé d’écrire souvent, tu pourrais bien me donner l’exemple. Mais tu es trop préoccupée, petite Pénélope, à compter la liste de tes prétendants. Je suis fort content de ce que tu me dis à cet égard, mais je pense seulement que tu seras longtemps à trouver ce que tu cherches. Tu me parles de la bêtise que tu trouves dans le monde. Je suis mille fois de ton avis. C’est un mal incurable et sur lequel il faut savoir prendre son parti, et pourvu que sur cet article on ait le nécessaire, je crois qu’on doit s’estimer fort heureux. Je t’engage, du reste, à ne pas trop te jeter dans les neuvaines, parce que tu finiras par te monter la tête, ce qui ne mène à rien de bon. Quand tu verras quelque chose de probable, à la bonne heure; sans quoi, tu te tourmenteras pour rien. Il me semble que tu ferais mieux de prendre la chose avec plus de calme. On voit alors bien mieux le bon et le mauvais côté des choses.

Je ne reviens pas sur la phrase qui t’a intriguée; elle se rapportait à quelqu’un qui a été écarté. Ainsi, ce n’est plus la peine d’en parler. Parle-moi donc de ce que tu voulais me dire et que tu ne me dis pas, car si je n’ai que le quart de ce que tu me promets, il me faut encore douze pages in-4°. Entends-tu? Je fais compliment à Marie sur son chat.

Adieu. J’ai un froid de chien. Je ne puis plus tenir ma plume.

Notes et post-scriptum
1. Voir des extraits dans *Notes et Documents*, t. Ier. p. 565.
2. L'Encyclique *Mirari vos* qui condamna La Mennais.2. L'Encyclique *Mirari vos* qui condamna La Mennais.