Vailhé, LETTRES, vol.1, p.674

9 sep 1834 Fano, INCONNUS
Informations générales
  • V1-674
  • 0+207|CCVII
  • Vailhé, LETTRES, vol.1, p.674
Informations détaillées
  • 1 AGRICULTEURS
    1 CHANT
    1 CLERGE
    1 COLERE
    1 EDIFICE DU CULTE
    1 FETE DE LA NATIVITE DE MARIE
    1 FLEURS
    1 ITALIENS
    1 JEUNE CORPOREL
    1 MAUVAISES CONVERSATIONS
    1 MEDAILLE DE LA SAINTE VIERGE
    1 MOEURS ACTUELLES
    1 NUTRITION
    1 PELERINAGES
    1 REPAS
    1 REVOLTE
    1 SIGNE DE LA CROIX
    1 TRANSPORTS
    1 VETEMENT
    1 VOYAGES
    2 ESGRIGNY, LUGLIEN DE JOUENNE D'
    2 FERDINAND II DES DEUX-SICILES
    2 FRANCOIS D'ASSISE, SAINT
    2 GABRIEL, JEAN-LOUIS
    2 LA GOURNERIE, EUGENE DE
    3 ABRUZZES
    3 ADRIATIQUE
    3 ANCONE
    3 ASSISE, LA PORTIONCULE
    3 FANO
    3 LORETTE, SANTA CASA
    3 NAPLES
    3 RIMINI
    3 ROMAGNE
    3 ROME
    3 TERNI
  • A UN AMI (1).
  • INCONNUS
  • le 9 septembre 1834.
  • 9 sep 1834
  • Fano,
La lettre

Me voici transporté sur les bords de la mer Adriatique, que je vais parcourir pendant quelques jours. Vous me demanderez peut-être où est Fano, car il est fort possible que vous ne le trouviez pas sur la carte de géographie. Fano est à dix ou douze lieues d’Ancône, entre cette ville et Rimini. Cherchez maintenant si vous le trouverez. Comme l’abbé Gabriel vous en aura fait la description, je ne vous la ferai pas pour deux raisons: la première, c’est que je ne crois pas qu’elle en vaille la peine; la seconde, c’est que je suis arrivé ici de nuit et que j’en partirai demain avant le jour. La côte de la mer Adriatique ne présente rien de bien particulier.

J’ai vu Terni à merveille. J’ai vu Assise mais la nuit m’a empêché d’aller à la fameuse église de la portioncule, bâtie sur le lieu qu’a principalement habité saint François.

Par un bonheur très grand, je suis arrivé à Lorette le jour de la Nativité, fête principale de cette église. Grâce au nom de Signor canonico, que tout le monde me donnait, j’ai pénétré dans la Santa casa, malgré une foule prodigieuse de pèlerins. Le temps était superbe. Les bons paysans de la Romagne et des Abruzzes en ont profité pour venir en foule. Il y en avait bien au moins cinquante mille. Ils arrivaient par bandes, chantant des cantiques, le bourdon à la main, les femmes portant sur la tête leurs provisions de voyage, les hommes ayant à leur chapeau quelque médaille ou quelque bouquet bénit. Le roi de Naples a voulu empêcher les habitants de l’Abruzze de se rendre à Lorette et a fait refuser les passeports. Ces braves gens se sont réunis par troupes de cent cinquante et ont forcé la barrière. Les troupes ont fait feu sur eux; ils ont déclaré qu’ils se feraient tuer, mais qu’ils accompliraient leur pèlerinage.

Ce petit voyage m’a fait connaître un peu les moeurs italiennes. J’étais en voiture avec un homme d’une soixantaine d’années, qui tenait quelquefois les propos les plus sales et qui n’aurait pas [manqué] une seule fois, en montant en voiture ou en se mettant à table, de faire le signe de la croix. Je soupais un soir avec des voyageurs qui se rendaient en pèlerinage à Lorette; ils faisaient plus [de] soixante lieues, ils n’en tenaient pas moins les conversations les plus indécentes. Un samedi, je me trouvai entre un Dominicain, qui avait occupé à Rome une place assez importante, un jeune abbé et un vieux qui leur faisait mille compliments, tout en se moquant d’eux par derrière, et, de l’autre côté, trois bons Italiens, simples chrétiens ni plus ni moins. On servit du gras, et le Dominicain, sans demander s’il y avait du maigre, mangea du gras; le jeune clerc ne se gêna pas du tout pour faire chère de commissaire; tandis que, de l’autre côté, ces trois bonnes gens attendirent longtemps pour avoir du poisson.

La Gournerie, qui était à mon côté, était furieux, et quoique je lui disse que le Dominicain entendait le français… (2)

Notes et post-scriptum
1. Voir des extraits dans *Notes et Documents*, t. Ier, p. 585. Bien que ce brouillon figure parmi les lettres qui furent adressées à d'Esgrigny, il ne semble pas qu'elle lui fût écrite, d'Esgrigny n'ayant jamais eu de rapports personnels avec l'abbé Gabriel.1. Voir des extraits dans *Notes et Documents*, t. Ier, p. 585. Bien que ce brouillon figure parmi les lettres qui furent adressées à d'Esgrigny, il ne semble pas qu'elle lui fût écrite, d'Esgrigny n'ayant jamais eu de rapports personnels avec l'abbé Gabriel.
2. La suite manque.