Vailhé, LETTRES, vol.1, p.714

28 oct 1834 Rome, MARTIN_AGDE
Informations générales
  • V1-714
  • 0+218|CCXVIII
  • Vailhé, LETTRES, vol.1, p.714
Informations détaillées
  • 1 CHRISTIANISME
    1 FOI
    1 IMPRESSION
    1 INTEMPERIES
    1 PHILOSOPHIE CHRETIENNE
    1 PROVIDENCE
    1 SOUFFRANCE
    1 SPECTACLES
    1 VERITE
    1 VOYAGES
    2 LAMENNAIS, FELICITE DE
    2 PIERRE, SAINT
    3 AGDE
    3 MARSEILLE
  • A MONSIEUR L'ABBE MARTIN, D'AGDE (1).
  • MARTIN_AGDE
  • le 28 octobre 1834.
  • 28 oct 1834
  • Rome,
La lettre

Il y a bientôt un an mon cher abbé qu’en nous séparant à Marseille et en nous [disant adieu], vous pour retourner à Agde, moi pour continuer mon voyage, nous nous promîmes de nous écrire de temps en temps, pour nous faire part de nos impressions et du développement de nos esprits. Comment cette promesse a été tenue, Dieu le sait. Ce n’est pas que je ne vous aie écrit. J’ai dans mon portefeuille des lettres pour vous(2).

N’allez pas vous fâcher, mais je dois vous dire que, depuis plusieurs mois, j’ai la tête tellement bouleversée par tout ce que je vois, il m’échappe par moments et sans le vouloir des réflexions si étranges que je crois faire bien de les garder pour moi seul. Depuis le mois de mai, j’ai eu beaucoup à souffrir de tout ce que j’ai lu et de tout ce que j’ai entendu.

Rien, selon mon expérience, ne fortifie l’âme et n’enracine la foi dans le coeur, comme ces coups de vent qui viennent briser tout à coup mille douces espérances. Et puis, il y a une grande instruction dans la vue de ces grandes chutes, de ces grands coups de la Providence qui s’amuse à détruire en un moment, l’édifice que les hommes croyaient avoir élevé à la gloire de la religion.

Pourquoi donc, dans un temps comme celui-ci, lorsque la barque de Pierre semble exiger que tous les matelots soient à la manoeuvre pour prévenir les suites de la tempête, le pilote repousse-t-il un de ceux qui, jusqu’à présent, s’était montré des plus intrépides contre les flots et qui [avait] été si constamment fidèle à son poste? Voilà des choses que je crois ne pas comprendre et qui, cependant, me jettent dans une grande admiration des desseins de la Providence qui repousse tout secours humain, alors qu’il lui semble le plus nécessaire, pour voguer sur la seule foi de son impérissable destinée!

Je dois dire, à la vérité, que lorsque je me place à ce point de vue, mon âme s’agrandit merveilleusement par la considération d’un pareil spectacle. Qui sait si, malgré ses efforts et malgré la pureté de ses intentions, l’abbé de la M[ennais], en donnant un fondement humain à la vérité, n’eût pas fini par porter un coup funeste à la religion qu’il voulait défendre par son système? Qui sait aussi si, dans le blâme versé sur son système philosophique, il n’y a pas quelque grande vue providentielle, une voix d’en haut qui avertit le chrétien d’abandonner, pour un temps, le champ de la philosophie pour se concentrer dans le champ, assez vaste du reste, de la religion(3)…

Notes et post-scriptum
1. D'après le brouillon inachevé. Ce projet de lettre est reproduit presque en entier dans le tome Ier des *Notes et Documents*, p. 464-466.
2. Voir p. 550.1. D'après le brouillon inachevé. Ce projet de lettre est reproduit presque en entier dans le tome Ier des *Notes et Documents*, p. 464-466.
3. La fin manque.