Vailhé, LETTRES, vol.1, p.731

15 nov 1834 Rome, CLERGE_ET_FIDELES
Informations générales
  • V1-731
  • 0+223|CCXXIII
  • Vailhé, LETTRES, vol.1, p.731
Informations détaillées
  • 1 CAREME
    1 CELEBRATION DE LA MESSE PAR LE PRETRE
    1 CONVERSATIONS
    1 CONVERSION SPIRITUELLE
    1 CRAINTE
    1 CRECHE DE JESUS-CHRIST
    1 DIACONAT
    1 JOIE
    1 LOISIRS
    1 MISSIONNAIRES
    1 NOEL
    1 ORDINATIONS
    1 PROPRETE
    1 PRUDENCE
    1 QUATRE-TEMPS
    1 RETRAITE SPIRITUELLE
    1 REVE
    1 SACERDOCE
    1 SALUT DES AMES
    1 SEMINAIRES
    1 SOUS-DIACONAT
    1 VACANCES
    1 VIE DE PRIERE
    2 ANGLADE, ETIENNE-JACQUES
    2 AOUST, ABBES
    2 BENOIT, PAUL
    2 BROUILHET, ABBE
    2 GRASSET, GASPARD
    2 ODESCALCHI, CARLO
    2 PIERRE, SAINT
    2 POLY, ABBE
    2 RODIER, MADAME JEAN-ANTOINE
    2 SOULAS, ANDRE
    2 VERNIERES, JACQUES
    3 FRANCE
    3 MONTPELLIER
    3 ROME
    3 ROME, BASILIQUE SAINT-JEAN DU LATRAN
    3 ROME, BASILIQUE SAINTE-MARIE MAJEURE
  • AUX SEMINARISTES DE MONTPELLIER (1).
  • CLERGE_ET_FIDELES
  • le 15 novembre 1834.
  • 15 nov 1834
  • Rome,
La lettre

Mes bons amis,

Si jamais nous avons dû prier les uns pour les autres, je crois avoir droit à réclamer de vous tous vos prières, car je vais en peu de temps recevoir le sous-diaconat, le diaconat et la prêtrise. Des personnes, dont j’ai dû suivre les conseils, m’ont engagé à profiter des avantages de Rome et d’entrer presque d’un seul coup dans le sacerdoce. Je vais me mettre dans une maison de retraite, entre les mains d’un vieux Jésuite, et je me ferai frotter, savonner et lessiver par lui un mois durant; après quoi, si je ne suis pas blanc, c’est que je suis bien sale. Cependant, aidez-moi de vos prières, car elles pourront, je n’en doute pas, beaucoup pour ma conversion.

Je veux vous faire part de tous mes projets. J’entrerai en retraite le samedi 30 novembre; le 8 décembre, je recevrai le sous-diaconat des mains du cardinal Odescalchi; le samedi des Quatre-Temps, je serai fait diacre de l’Eglise romaine, ou au moins dans l’Eglise romaine, car l’ordination aura lieu à Saint-Jean de Latran, qui est omnium ecclesiarum mater et caput; la veille de Noël, le cardinal Odescalchi m’imposera les mains pour le sacerdoce, et le jour de Noël, j’espère dire ma première messe devant la Crèche où est né Jésus-Christ. Elle est conservée à Sainte-Marie Majeure, dont le cardinal Odescalchi est archidiacre(2).

Vous pensez bien que je ne vous oublierai pas, mais j’espère bien que vous ne m’oublierez pas non plus. Nous avons besoin de nous aider mutuellement pour nous sanctifier nous-mêmes, comme pour sanctifier les autres. Je vous prie donc de vous rappeler notre ancienne alliance(3). Est-ce que vous la croyez dissoute? Je vous écrivis au commencement de l’année par ma tante Rodier; vous ne m’avez pas répondu. J’espère qu’il n’en sera pas de même, cette fois, et que vous me direz d’abord où vous en êtes, combien vous êtes, quel bien vous faites et quels projets vous avez pour l’avenir. J’aurai, je pense, le plaisir de vous voir dans sept à huit mois; peut-être serai-je à Montpellier pour la Saint-Pierre.

Quoique M. V[ernière] vous ait quittés, je pense qu’il aura laissé son esprit parmi vous. Qui de vous a relevé son manteau? Qui de vous a eu l’idée d’empêcher que son absence fût sentie? Pour moi, il me semble qu’à votre place je ferais mille efforts pour faire qu’on ne s’aperçût pas de son absence. Je sais bien que la chose est difficile, mais elle n’est pas absolument impossible.

Je pense qu’aux Quatre-Temps Soulas recevra le diaconat, à moins qu’on ne le lui fasse prendre au Carême. Je voudrais pouvoir le mettre en rapport avec un saint missionnaire, qui a fait beaucoup de bien dans plusieurs parties de la France et qui a le grand mérite d’agir avec une prudence admirable. Je voudrais bien pouvoir me transporter, pour quelques heures, au milieu de vous. Que de choses n’aurions-nous pas à nous dire! Mais je compte bien, les vacances prochaines, réparer le temps perdu. Je prie l’abbé Aoust de faire savoir à son frère que ce n’est pas ma faute, s’il n’a pas reçu la réponse à la question qu’il m’avait chargé de faire à la pénitencerie. Toutes les semaines, j’y envoie pour savoir où l’on en est, et chaque semaine on me renvoie à une autre fois.

Je n’ai pas grand’chose à vous apprendre de ce pays-ci. Les choses vont leur train. La partie humaine de ce que j’ai sous les yeux va tous les jours s’affaissant; la partie divine s’épurera, il faut l’espérer, quand la mort aura affranchi l’âme du cadavre. Où en est la Congrégation? Monte-t-elle? Descend-elle? Est-elle dans le juste milieu? Dans ce juste tempérament, est-ce une ferveur qui est capable de faire quelque chose de bien, ou ce relâchement qui fait un mal infini? Je présume, d’après les détails indirects, qu’elle s’arrondit tous les jours et qu’à la fin elle sera exactement représentée par un zéro complet. Qui la dirige? Est-ce M. Benoit, ou M. Grasset, ou M. Anglade?

Je mange ici avec M. Poly(4). Ce digne homme est extrêmement taciturne. Je ne sais pas s’il s’ennuie à Rome. Je l’ai fait promener les premiers jours, mais vous pensez bien que je n’ai pas pu l’accompagner toujours: j’avais mes occupations.

Encore un mois et dix jours, et je serai prêtre! Quelle idée! Elle me fait par moments tressaillir de telle façon que les personnes qui sont auprès de moi me demandent ce que j’ai. Ce n’est pas difficile à deviner, mon Dieu! Cependant, je ne suis pas effrayé. Non. C’est un sentiment que je ne sais pas rendre. C’est de la joie, c’est de l’étonnement, c’est un rêve! Est-il vrai que je serai prêtre? Et puis, un voile jeté sur mon indignité, ce qui fait que je n’y pense pas. Et puis, de la joie, mes bons amis. Je ne sais comment il se fait qu’étant le dernier d’entre vous à devoir prendre les ordres, puisque je suis arrivé le dernier au Séminaire, je serai le premier à les recevoir après Brouilhet…(5)

Notes et post-scriptum
1. D'après un brouillon incomplet. Voir des extraits dans *Notes et Documents* t. Ier, p. 591-594.1. D'après un brouillon incomplet. Voir des extraits dans *Notes et Documents* t. Ier, p. 591-594.
2. On dit plutôt archiprêtre.
3. Cette alliance fut conclue au Séminaire de Montpellier, le 3 mai 1833, par une consécration à la Croix qu'avait rédigée l'abbé d'Alzon et que nous avons retrouvée.
4. Nous pensons qu'il s'agit de l'économe du Grand Séminaire de Montpellier qui venait d'être congédié.
5. La suite manque.