Vailhé, LETTRES, vol.1, p.751

26 nov 1834 Rome, ALZON_MADAME
Informations générales
  • V1-751
  • 0+228|CCXXVIII
  • Vailhé, LETTRES, vol.1, p.751
Informations détaillées
  • 1 BANQUES
    1 BREVIAIRE
    1 CARDINAL
    1 CAREME
    1 CLERGE FRANCAIS
    1 CORRUPTION
    1 EXAMENS ET DIPLOMES
    1 ITALIENS
    1 JOIE
    1 LIVRES
    1 MATIERES DE L'ENSEIGNEMENT ECCLESIASTIQUE
    1 NOMINATIONS
    1 ORDRES SACRES
    1 PARENTS
    1 PRESSE
    1 PROVIDENCE
    1 RETRAITE SPIRITUELLE
    1 RIRE
    2 BONNETTY, AUGUSTIN
    2 COMBALOT, THEODORE
    2 DE LUCA, ABBE
    2 DU LAC, JEAN-MELCHIOR
    2 JULIEN, BANQUIER
    2 LA GOURNERIE, EUGENE DE
    2 MICARA, LODOVICO
    2 MONTPELLIER THEODORE-JOSEPH DE
    2 ODESCALCHI, CARLO
    2 PIANCIANI
    2 VENTURA, GIOACCHINO
    3 PARIS
    3 ROME, COUVENT SAINT-EUSEBE
  • A SA MERE (1).
  • ALZON_MADAME
  • le 26 novembre 1834.
  • 26 nov 1834
  • Rome,
La lettre

Puisque je vais pour un mois être privé du plaisir de vous écrire, je veux, ma chère petite mère, prendre mes précautions à l’avance, pour n’avoir pas le regret pendant ma retraite de ne vous avoir pas dit tout ce que j’avais à vous dire. Il est vrai que cela se borne à fort peu de choses.

J’entre demain ou après-demain à Saint-Eusèbe, maison des Jésuites, où je serai pour un mois. Ne vous persuadez [pas] que l’envie de me faire Jésuite me prenne jamais. Je ne crois pas qu’une idée pareille puisse aujourd’hui entrer dans la tête d’un homme raisonnable. Je m’aperçois, il est vrai, que j’ai surpris bien des gens en leur disant que j’allais faire ma retraite dans cette maison. [Ni] le cardinal Micara ni le P. Ventura ne voulaient le croire. Il est vrai aussi que, si je n’avais pas eu la pensée que j’aurais l’abbé de Montpellier pour m’apprendre à réciter mon bréviaire et pour se charger de mille petits détails qu’il connaît et que j’ignore, parce qu’il a été ordonné ici, je n’aurais pas choisi une maison de Jésuites pour me disposer à recevoir les ordres.

Ce sera décidément le cardinal Odescalchi qui me donnera les ordres. Il vient d’être nommé cardinal vicaire, ce qui m’a aplani une foule de dit difficultés. Je lui fût présenté l’autre jour, et il eut la bonté de me faire dire par Montpellier qu’il se chargeait de toutes les permissions à demander et qu’il désirait me voir souvent. J’irai donc le voir quelquefois. J’irai aujourd’hui chez M. Julien tirer sur mon père une lettre de 500 francs. A un mois de date, cette lettre sera tirée sur Paris, parce qu’alors les frais de commission seront beaucoup moindres.

L’abbé Combalot a, il paraît, le:projet de vous présenter M. du Lac, qui, dans ce moment, se trouve à Paris. J’espère qu’à cause de moi vous recevrez ce bon jeune homme, qui se trouve dans une position fâcheuse vis-à-vis de ses parents. Il est inutile de lui en parler. Dites mille choses pour moi à l’abbé Combalot. Je voudrais bien qu’il pût venir passer quelques mois ici, soit après le Carême, soit l’année prochaine. L’air de Rome, je suis sûr, lui ferait un bien infini et dont il ne se doute pas. Il n’est pas bon d’être toujours au milieu du mouvement. Il faut quelquefois pouvoir se placer de façon à le considérer et à l’apprécier. Pour mon compte, je suis enchanté d’être venu passer quelque temps dans cette ville. Je ne saurais dire combien je m’y sens fortifié dans ma croyance à la main toute-puissante de la providence.

Je vous prie de dire à Bonnetty que s’il veut passer à l’adresse que je lui ai fait donner par du Lac, il y trouvera un paquet qui en contient deux autres, l’un pour lui, l’autre pour La Gournerie. Celui qui est pour lui renferme un article italien d’un certain abbate de Luca, jeune écrivain plein de talent et qui va fonder à Rome un journal dans le sens des Annales. Si Bonnetty désire que je le mette en rapport avec lui, rien ne sera plus aisé. Le second article est d’un Jésuite, le P. Pianciani, matador de l’Ordre. Quoique je n’aie pas eu le courage de lire son opuscule tout entier, il m’a semblé y voir un ton d’aigreur qui ne convient pas au genre des Annales. J’engage cependant Bonnetty à en dire quelque chose, ne fût-ce que par politique (2). Il est peu avantageux, si l’on veut, d’avoir les Jésuites pour amis; mais il est dangereux plus qu’on ne saurait le croire d’être inscrit sur leur livre de mort.

Quoique je ne sois pas un individu bien dangereux, vous ririez, je suis,sûr, si vous voyiez avec quelle précaution certaines gens empêchent de venir chez moi de jeunes ecclésiastiques français, que j’ai été sur le point de corrompre par la manière dont j’ai pu leur parler de certains cours de théologie, qui, à mon gré, sont faits d’une manière assez pitoyable. Mais je m’en bats l’oeil. Comme je borne mes connaissances à un cercle très étroit, je ne m’afflige nullement de n’en pas faire de nouvelles. J’ai passé hier mon examen pour les trois ordres; on me retint près d’une heure. j’aime beaucoup cette manière d’interroger. Dès qu’on voit que vous savez répondre à une question, on passe à une autre; ce qui fait que l’on va très vite et que l’examen est moins fastidieux pour l’interrogeant et pour le répondant. Un bon religieux Carme qui m’interrogea me pria à la fin d’aller le voir, parce qu’il serait enchanté de faire ma connaissance (3)…

Notes et post-scriptum
1. D'après le brouillon incomplet.
2. Le P. Jean-Baptiste Pianciani, né à Spolète en 1784, entra dans la Compagnie de Jésus en 1805, professa les sciences physiques et mathématiques au Collège romain et mourut le 23 mars 1862. Il est l'auteur de divers ouvrages et articles qui traitent presque tous, des sciences physiques et naturelles en elles-mêmes ou dans leurs rapports avec la Bible et le dogme catholique. L'article envoyé par l'abbé d'Alzon doit rentrer dans cette dernière catégorie.
3. La fin manque.