Vailhé, LETTRES, vol.1, p.753

28 nov 1834 Rome, LA_GOURNERIE Eugène
Informations générales
  • V1-753
  • 0+229|CCXXIX
  • Vailhé, LETTRES, vol.1, p.753
Informations détaillées
  • 1 AVENT
    1 CARDINAL
    1 CELEBRATION DE LA MESSE PAR LE PRETRE
    1 CHANOINES
    1 COMMANDEMENTS DE L'EGLISE
    1 CORPS
    1 DESESPOIR
    1 DROIT CANON
    1 FOI
    1 IMPRESSION
    1 MISSIONS ETRANGERES
    1 NOEL
    1 ORDINATIONS
    1 ORDRES SACRES
    1 PRIERE POUR L'EGLISE
    1 PROVIDENCE
    1 RETRAITE SPIRITUELLE
    1 SACERDOCE
    1 SAINTS
    1 SEMINAIRES
    1 SENTIMENTS
    1 TRAVAIL DE L'ETUDE
    1 VOYAGES
    2 ODESCALCHI, CARLO
    2 ZURLA, PLACIDO
    3 BOLOGNE
    3 FRANCE
    3 ITALIE
    3 NANTES
    3 ROME
    3 ROME, COUVENT SAINT-EUSEBE
  • A MONSIEUR EUGENE DE LA GOURNERIE (1).
  • LA_GOURNERIE Eugène
  • le 28 novembre 1834.
  • 28 nov 1834
  • Rome,
La lettre

Je pense, mon cher Eugène, que vos courses sont finies pour cette année et que ma lettre va vous trouver dans les rues de Nantes, que vous arpentez, je présume, pour ne pas faire perdre à vos jambes l’agilité que vous leur aviez donnée dans vos courses en Italie. Dans le temps que vous ferez part à vos amis de toutes les impressions de voyage, que vous crierez contre la lestesse de propos des chanoines de Bologne et du peu de respect qu’ont pour les commandements de l’Eglise les religieux Dominicains (2), je m’enfermerai pour songer à une affaire assez importante. J’ai le projet de prendre les ordres sacrés pendant cet Avent. Demain, je vais m’enfermer à Saint-Eusèbe, et je n’en sortirai que le jour de Noël, et j’en sortirai prêtre.

J’espère que, du jour où vous recevrez ma lettre jusqu’au dernier dimanche d’Avent, vous vous mettrez à user de votre influence auprès des saints pour m’obtenir toutes les grâces nécessaires. Je serai ordonné par le cardinal Odescalchi, qui a succédé dans la place de cardinal-vicaire à votre ami Don Placide (3).

Deux sentiments différents me dominent en ce moment. Je cède, je l’avoue, au désir de dire la messe, très grand en moi et qu’ont augmenté une foule de souffrances morales, auxquelles je ne pouvais apporter un remède plus efficace. Vous ne sauriez croire combien j’étais tourmenté et combien je le suis encore par la pensée du bien qui pourrait se faire dans l’Eglise et par la vue du mal qui se fait. Ma foi qui, grâce à Dieu, s’est fortifiée à Rome, a besoin cependant d’un secours pour ne pas se changer en un désespoir stérile, et c’est sous ce rapport que je désire ardemment de pouvoir bientôt célébrer les saints mystères. D’un autre côté, quand je serai prêtre, que ferai-je? Que pourrai-je? Qu’est-ce qu’une seule voix, et une voix comme la mienne? Bien peu de chose. Rien du tout. Cette pensée me glace, je l’avoue, car je crois presque qu’il y a de la présomption dans l’espoir de sur- monter certains obstacles, contre lesquels tant d’autres ont échoué.

Je ne sais encore à quelle carrière je me destinerai. Certaines personnes m’engagent à me livrer aux missions; d’autres voudraient, que j’entrasse dans un Séminaire. Je m’en rapporte à la Providence sur ce point. Dans tous les cas, j’aurai encore devant moi du temps pour me décider, car mon projet n’est pas, certes, d’entrer tout de suite dans le ministère. Je veux étudier longtemps encore, si on me le permet. Puisque je puis me procurer toutes les ressources possibles, je tâcherai d’en profiter.

Dans tous les cas, je vais rester à Rome jusqu’au mois de juin et je vais m’occuper de droit canon, science inconnue en France, et que je puis étudier ici d’une manière très avantageuse… (4)

Notes et post-scriptum
1. D'après le brouillon inachevé.
2. Voir à ce propos la lettre du 9 septembre.
3. Le cardinal Placide Zuria, vicaire de Sa Sainteté était mort le 29 octobre 1834.
4. La fin manque.