- V1-781
- 0+238|CCXXXVIII
- Vailhé, LETTRES, vol.1, p.781
- 1 ABSOLUTISME
1 AMOUR FRATERNEL
1 BONHEUR
1 CALOMNIE
1 CHRISTIANISME
1 COLLEGES
1 CULPABILITE
1 DIEU
1 ELEVES
1 ENSEIGNEMENT
1 ERREUR
1 EVEQUE
1 JUSTICE
1 LIVRES
1 MAITRES
1 MONARCHIE
1 MORT
1 PAPE
1 PARDON
1 PARTI
1 PATIENCE
1 PENSEE
1 PERSECUTIONS
1 PEUPLES DU MONDE
1 POLITIQUE
1 POUVOIR
1 REPOS
1 RUSE
1 SEMINAIRES
1 THEOLOGIENS
1 THOMAS D'AQUIN
1 TOMBEAU
1 TRIOMPHE
1 VERITE
2 BONALD, LOUIS DE
2 FRANCOIS I, EMPEREUR D'AUTRICHE
2 FREDERIC-GUILLAUME III
2 GREGOIRE XVI
2 GUILLAUME I DES PAYS-BAS
2 GUILLAUME IV D'ANGLETERRE
2 LAMENNAIS, FELICITE DE
2 LEON XII
2 LOUIS, FRERE
2 NICOLAS I
2 NOBILI
2 SUAREZ, FRANCISCO
2 VENTURA, GIOACCHINO
3 ANGLETERRE
3 AUTRICHE
3 FRANCE
3 IRLANDE
3 ITALIE
3 ROME
3 ROME, COLLEGE DE LA SAPIENCE - A MONSIEUR L'ABBE COMBALOT (1).
- COMBALOT Abbé Théodore
- le 27 janvier [1835].
- 27 jan 1835
- Rome,
Mon cher abbé,
Soyez sûr que je vais m’occuper tout de suite de l’affaire du Frère Louis, et dès que j’aurai quelque résultat positif, je vous en ferai part.
Je ne crois pas qu’on doive faire connaître en France l’opinion des théologiens de Rome sans leur consentement, sous peine d’être désavoué; ce qui ne manquerait pas d’arriver pour des raisons que je trouve très raisonnables. Vous ne sauriez vous faire une idée de tout ce qu’entreprend un certain parti. Les choses vont à un excès, qui le ruinera lui-même avant peu. J’ai, au moment où je vous écris, une brochure intitulée: Biographie de Monsieur de la Mennais, dans laquelle les calomnies les plus absurdes sont franchement imprimées(2). Ainsi l’on y dit que Léon XII improuva fortement devant plusieurs personnes dignes de foi(3); et vous savez que ces lettres ont été écrites en réponse à un mandement imprimé à l’occasion de la mort de ce Pape. On y dit que le P. Ventura fut privé de sa chaire à la Sapience, pour avoir professé les doctrines du sens commun; et l’on sait que le P. V[entura] fut fait professeur sans concours, à cause de l’ouvrage qu’il avait fait en faveur du système de M. de la M[ennais].
Je n’en finirais pas, si je relevais toutes les inventions de cette force. Vous comprenez cependant que, lorsqu’on use de pareilles armes, on n’est pas très fort. L’abbé de la M[ennais] a bien assez de la condamnation du Pape sur le corps. Si l’on ne voulait que le bien de l’Eglise, on userait de plus de ménagements et l’on imiterait le Souverain Pontife, qui, m’a-t-on assuré, a résolu de laisser calmer cette affaire. Je partage toutes vos pensées sur les fautes de M. de la M[ennais] et je lui écrivis, il y a quelques mois, une lettre tout à fait dans ce sens. Il me répondit que j’avais raison. Nous verrons par ses actes ultérieurs s’il m’approuvait réellement.
Il me semble qu’avant tout il faut élever la religion au-dessus des petites intrigues des rois et de la fureur des peuples. Il faut la mettre à même d’être vue de tous, comme un asile dans lequel seulement on peut trouver le repos et le bonheur. C’est là ma conviction intime. Qu’ont à faire la charité, la justice, la vérité, l’ordre dans ces querelles de rois à peuples? Est-ce Dieu que Nicolas, les Guillaume, l’empereur d’Autriche et les autres veulent faire triompher?
Une erreur qui a contribue à faire illusion à une foule d’honnêtes gens est celle que M. de Bonald a contribué à répandre, lorsque, partant du principe très vrai que le pouvoir est nécessairement un, il en a conclu que la société devait être nécessairement monarchique et absolue. Que le pouvoir, tel que l’expliquent Suarez et saint Thomas, soit confié à un seul ou à plusieurs, il n’en est pas moins un pour cela. Or, si l’on prouvait bien cette proposition, on tranquilliserait une foule de gens, persuades que, sans pouvoir, il n’y a pas d’ordre -ce qui est très vrai,- mais qui en concluent faussement que sans monarchie il n’y a pas de pouvoir et que, par conséquent, sans monarchie il n,y a point d’ordre.
Je vous ai dit tout à l’heure qu’un parti, à force de manèges inconcevables, se creusait lui-même son tombeau. Or, des coups mortels commencent à lui être portés. Tous les évêques d’Angleterre et d’Irlande viennent d’écrire une lettre au Pape, dans laquelle ils se plaignent des entreprises de ces Messieurs et le prient de modérer leur ardeur à s’emparer de tout. Je vous donne cette nouvelle sous le plus grand secret. Dans quelque temps, toutefois, il sera bon de la faire connaître.
Un peu de patience, mon cher abbé, je vous en conjure. Nous nous préparons à voir des choses fort curieuses, je vous assure. Le monde sera surpris plus qu’on ne pense de voir un colosse jadis puissant tomber en dissolution. Des membres de ce corps m’ont avoué que, dans certains de leurs collèges, ils recevaient tout au plus 6 élèves en humanités et que, dans, un Séminaire où ils avaient 2 professeurs, le professeur de morale avait 1 ou 2 élèves, celui de dogme n’en avait point. Voilà où ils en sont en Italie, et c’est de leur bouche que j’ai recueilli ces aveux. Gardons-nous de faire une opposition qui donnerait à leurs derniers efforts une apparence de vigueur. Il vaut mieux qu’ils s’usent dans leurs petites ruses de vieillards. Nous qui ne voulons que Dieu, rien que Dieu, oublions et pardonnons des tentatives de persécution. Adieu!
2. Il s'agit sans doute du travail de Nobili *Biografia dell'abbate F. de Lamennais*. Pesaro, 1835.1. Le destinataire n'est pas indiqué mais c'est probablement de Combalot qu'il s'agit. (Voir des extraits dans *Notes et Documents* t. 1er, p. 496 sq.)
2. Il s'agit sans doute du travail de Nobili *Biografia dell'abbate F. de Lamennais*. Pesaro, 1835.
3. La phrase est inachevée.