Vailhé, LETTRES, vol.1, p.844

14 jun 1835 Milan, VENTURA Père
Informations générales
  • V1-844
  • 0+260|CCLX
  • Vailhé, LETTRES, vol.1, p.844
Informations détaillées
  • 1 CHRISTIANISME
    1 EGLISE
    1 FAMILLE
    1 FATIGUE
    1 GOUVERNEMENT
    1 ITALIENS
    1 OFFICE DIVIN
    1 PENTECOTE
    1 RECONNAISSANCE
    1 SYSTEMES POLITIQUES
    1 VOYAGES
    2 GABRIEL, JEAN-LOUIS
    2 LAMENNAIS, FELICITE DE
    3 COME, LAC
    3 FRANCE
    3 MAJEUR, LAC
    3 MILAN
    3 MODENE
    3 PIEMONT
    3 SUISSE
  • AU REVEREND PERE VENTURA (1).
  • VENTURA Père
  • le 14 juin 1835.
  • 14 jun 1835
  • Milan,
La lettre

Mon très cher et très révérend Père,

Depuis plus d’un mois que je vous ai dit adieu, je cherche avec empressement une occasion de vous écrire, de manière à vous apprendre quelque chose d’intéressant; mais la sotte façon de voyager que j’ai adoptée, c’est-à-dire de voir beaucoup les arbres, les montagnes, les murailles, les statues et les tableaux, mais presque point les hommes, m’ôte la possibilité de vous parler d’autre chose que de moi, sujet fort triste et bientôt épuisé. Cependant, je ne dois pas oublier de vous remercier de la connaissance que vous m’avez procurée à Modène. Le malheur voulut que le premier jour je ne pus rencontrer~ personne, et le second jour, fête de la Pentecôte, j’eus, à cause des offices et du temps que je voulais employer à voir la ville, fort peu de moments à disposer. On m’apprit que le petit homme était fatigué des gens au milieu desquels il s’était jeté et qu’il songeait à battre en retraite; mais ce que j’ai appris depuis m’a fait voir que cette nouvelle était au moins prématurée(2).

J’ai eu occasion de voir ici un jeune prêtre qui m’a vivement intéressé par les détails qu’il m’a donnés sur l’état de la religion dans ces heureuses contrées. Quoiqu’il occupe une place de confiance auprès de l’autorité ecclésiastique, il m’assurait que le gouvernement ne lui permettrait pas de faire un voyage en Suisse, en Piémont et surtout en France. Il y a quelque chose d’affreux dans un pareil système, qui force les gens à regarder leur maison comme une prison et leur patrie comme un lieu d’exil. On comprend assez aisément quel est le véritable but de cette protection apparente accordée à l’Eglise, t d’où vient cet esprit haineux et sombre, que je n’ai jamais vu plus fort que chez certains Italiens, contre ceux qui se constituent officiellement leurs geôliers.

L’abbé Gabriel vient de me jouer un tour digne de lui. Nous devions nous rencontrer à Milan, du 10 au 15 de ce mois. Ne voilà-t-il pas qu’aujourd’hui même j’apprends qu’il ne viendra pas et que, dans une quinzaine de jours, il sera en Suisse. Mon projet n’est nullement de l’attendre jusqu’à cette époque. Je m’en vais donc, après avoir visité les lacs Majeur et de Côme, prendre la route de France, où je serai rendu dans ma famille vers le 1er juillet…(3)

Notes et post-scriptum
1. D'après un brouillon inachevé. Cette lettre, qui ne porte pas d'adresse, était destinée au P. Ventura. Voir la lettre du 7 juin.)
2. Le petit homme n'est autre que l'abbé de la Mennais, qui venait de faire une courte visite à Paris en faveur de révolutionnaires compromis.
3. La fin manque.