Vailhé, LETTRES, vol.2, p.5

25 aug 1836 [Nîmes], ALZON_AUGUSTINE

Affaire relative à la veuve Astruc. -Il viendra bientôt à Lavagnac fêter ses vingt-six ans. -Préoccupations au sujet d’un Refuge. -L’évêque va bien. -Son domestique a le caractère gouvernante. -Nouvelles diverses.

Informations générales
  • V2-005
  • 0+267|CCLXVII
  • Vailhé, LETTRES, vol.2, p.5
Informations détaillées
  • 1 ACTES DE DISPOSITION
    1 COMPTES
    1 DOMESTIQUES
    1 EMBARRAS FINANCIERS
    1 QUETES
    1 REFUGE LE
    1 TRAVAIL DE L'ETUDE
    1 VOYAGES
    2 ALEXIS, SERVITEUR
    2 ALZON, HENRI D'
    2 ALZON, JEAN-LOUIS D'
    2 ALZON, MADAME HENRI D'
    2 ASTRUC, VEUVE
    2 BRUGUIERE, PERE ET FILS
    2 CHAFFOY, CLAUDE-FRANCOIS DE
    2 CHRISTOL
    2 PENELOPE
    2 RODIER, CLEMENT
    2 ROUSSY DE SALES, MADAME FELIX DE
    2 SAINT-SIMON, LOUIS DE
    3 AUJARGUES
    3 CALMETTE, LA
    3 LAVAGNAC
    3 LESTANG
    3 MONTPELLIER
    3 NIMES
    3 POUGET, LE
    3 SAINT-CHRISTOL
  • A SA SOEUR AUGUSTINE (1).
  • ALZON_AUGUSTINE
  • le [25 août 1836].
  • 25 aug 1836
  • [Nîmes],
La lettre

Voilà quatre ou cinq lettres que je viens d’écrire. Je te réserve pour la bonne bouche, ma chère amie. Et, pour commencer par le commencement, je te prie de dire à mon père: 1° que le billet de 500 francs, payé par Clément(2), avait été tiré par moi le 1er juillet et payable le 1er août; 2° que la lettre que l’on m’a adressée n’est qu’une lettre relative à l’affaire de la veuve Astruc. Il me semble avoir remis, dans le temps, le papier que l’on me demande à M. Bruguière fils, parce que je n’avais pas voulu lui faire payer le port d’un papier assez gros. Si je savais comment écrire à Bruguière, je le ferais; mais, mon père pourrait le faire ou le faire faire par Christol. Je suis sûr de n’avoir pas brûlé l’acte qu’elle demande, et cependant j’ai eu beau fouiller dans mes papiers, je ne l’ai pas retrouvé ici. Peut-être l’aurai-je apporté à Lavagnac et l’aurai-je mis dans mon livre de comptes. Tu peux y voir. Ce livre est, si je ne me trompe, dans une des cases vides de ma bibliothèque, entre l’Encyclopédie et les Mémoires de Saint-Simon. Demain, je parcourrai encore plus attentivement mes paperasses et je le reverrai peut-être. Du reste, c’est un acte qui ne peut être d’aucune utilité. La veuve Astruc me le disait dans une lettre que je n’ai pas pris la peine de conserver, et c’est pour cela que je ne le lui renvoyais pas. Enfin, dans tous les cas, c’était à mon oncle de Lestang, et non à moi, qu’il fallait s’adresser; aussi ne suis-je pas du tout troublé(3).

Tu veux savoir positivement le jour de mon arrivée; tu est bien curieuse. Je présume cependant que je quitterai Nîmes lundi prochain, à 10 heures du soir; je passerai la journée à Montpellier et j’arriverai à Lavagnac mercredi, à moins que je ne parte lundi matin: dans ce cas, je serais mardi à Lavagnac. Cette combinaison m’arrangerait beaucoup, parce que je serais le 30 août cheuz nous, pour célébrer mes vingt-six ans(4). Hélas! nous nous faisons vieux, pauvre chère amie. Tu ne saurais croire combien le poids des ans m’accable. Sans plaisanterie, on me trouve très grave depuis quelque temps.

Je suis tout préoccupé de mon Refuge. On m’a fait quêter par la ville avec le curé de la cathédrale. L’histoire de nos aventures serait un roman fort curieux. Le monde des poltrons et des sots est horriblement grand(5).

Monseigneur se porte assez bien physiquement, mais le pauvre saint homme s’anéantit. J’ai une foule de choses à te dire à ce sujet, que je me garderai bien de t’écrire. Sais-tu que, depuis que je suis ici, je n’ai pas un moment à moi? Cependant, j’en ai assez pour avoir le temps de songer que je n’étudie pas et que je ferai mieux d’être à Lavagnac. Voilà la seule considération qui m’engagerait à revenir auprès de toi.

Je ne sais plus que penser de ce bon Alexis(6); c’est un bavard impitoyable. Je l’entends dire de tout côté. Il a le caractère gouvernante; je crois qu’il a oublié de mettre une coiffe et un jupon. Tâche de me l’activer un peu, si cela est possible. Je n’ai pas encore trouvé de cuisinier. Etes-vous contents de votre nouvelle femme de chambre? Maman ne veut-elle pas aller à Montpellier? Si elle voulait y passer lundi, elle me ramènerait. Madame Félix de Roussy n’y viendra pas de si tôt.

Je n’ai pas la plus petite nouvelle à te conter, sinon que l’on a changé les curés de La Calmette et d’Aujargues, que celui de Saint-Christol ne s’y trouvant pas bien on lui a donné un successeur, que, que… Eh! bien, quand je t’apprendrai l’ordre du jour de notre département, tu ne seras pas plus avancée, ni moi non plus.

Tu es une sotte de te réjouir de la déconfiture de certaines gens. Tu es une petite Pénélope, d’un nouveau genre. Mais je réserve mes sermons pour mon retour. Adieu. Je t’embrasse.

Emmanuel.
Notes et post-scriptum
1. Voir des extraits dans *Notes et Documents*, t. II, p. 45 et 57. La date donnée est celle du cachet de la poste, à Nîmes.1. Voir des extraits dans *Notes et Documents*, t. II, p. 45 et 57. La date donnée est celle du cachet de la poste, à Nîmes.
2. Clément Rodier, sans doute.
3. Jean-Louis Daudé d'Alzon, frère aîné du vicomte d'Alzon, établi à Lestang, près du Pouget, dans le département de l'Hérault, et chef de la famille qui existe encore.
4. Le 30 août tombait un mardi, en 1836.
5. C'est le 15 août 1836 que dans une circulaire au clergé et aux fidèles de son diocèse, Mgr de Chaffoy annonça le projet de fonder un Refuge et sollicita des aumônes à cet effet. Voir sa lettre en Appendice.
6. Son domestique.