Vailhé, LETTRES, vol.2, p.8

17 nov 1836 Nîmes, ALZON_VICOMTE

Départ de sa mère et de ses soeurs. -Il ira bientôt à Lavagnac. -Gaieté ravissante de l’évêque malade. -Le choléra enlève de l’argent à son Refuge. -Il songe à fonder un couvent de Capucins avec les réfugiés espagnols.

Informations générales
  • V2-008
  • 0+268|CCLXVIII
  • Vailhé, LETTRES, vol.2, p.8
Informations détaillées
  • 1 AVENT
    1 COUVENT
    1 ESPAGNOLS
    1 MALADES
    1 MALADIES
    1 REFUGE LE
    1 RELIGIEUX
    1 REPOS
    1 SANTE
    1 SOUSCRIPTION
    1 VOYAGES
    2 ALZON, MADAME HENRI D'
    2 BASSET, ABBE
    2 BOUILLARGUES, MADAME DE
    2 BOUILLARGUES, MARQUIS DE
    2 BOUILLARGUES, MARQUISE DE
    2 CARLOS, DON M.-JUAN-ISIDRO
    2 CHAFFOY, CLAUDE-FRANCOIS DE
    2 FANNY
    2 JOSEPH, PERE
    2 MARIE-CHRISTINE DE BOURBON-SICILE
    2 MARTIN, JEAN-ETIENNE
    2 PUYSEGUR, MADAME ANATOLE DE
    3 SAINT-ETIENNE
    3 VALENCE
  • A SON PERE (1).
  • ALZON_VICOMTE
  • le 17 novembre 1836.
  • 17 nov 1836
  • Nîmes,
La lettre

Mon cher petit père,

Me voici de nouveau tout seul. Maman a voulu partir absolument; hier matin, elle s’est mise en route, malgré un vent épouvantable, qui heureusement s’est calmé vers le milieu du jour. J’espère qu’elle aura trouvé les chemins séchés par la bise et qu’elle aura pu aller jusqu’à Valence, comme elle en avait le projet. Je ne pense pas que la journée d’aujourd’hui ait été aussi forte, et je présume qu’elles seront allées coucher à Saint-Etienne pour voir Fanny. Elles auront eu encore treize postes à faire, ce qui est bien raisonnable.

Je serais fâché de vous savoir seul, si l’on ne m’avait dit que vous êtes en compagnie du P. Joseph. Ce bon religieux est, me dit-on, très bien; je désire qu’il soit pour vous une société distrayante. Si je puis, j’irai vous faire une visite de quelques jours. Je n’ose cependant pas vous promettre que ce soit bientôt. Mais vous-même ne pourriez-vous pas venir me voir pendant l’Avent? Tout de suite après, je viendrais me reposer avec vous, quoique, à dire vrai, je me trouve passablement d’occupations sur les bras. Je dois une réponse à l’abbé Martin, d’Agde, et à plusieurs autres personnes, mais je ne trouve pas un moment pour écrire(2).

Notre évêque se porte bien: il est même d’une gaieté ravissante. Cette sérénité d’esprit au milieu de ses souffrances contribue beaucoup à le soutenir. Il ne veut que ce que Dieu veut, mais il le prend fort à son aise et est le premier à plaisanter avec beaucoup d’esprit de toutes ses incommodités. Cette douceur et cette patience supposent beaucoup de vertu.

Je suis assez occupé de mon Refuge. Nous n’aurons pas, des souscriptions pour le choléra, tout l’argent que nous attendions, mais avec un peu de patience nous rentrerons dans nos fonds.

Nous avons ici un certain nombre de religieux espagnols: c’est une misère pour les placer. Cependant, grâce à Dieu, nous sommes venus à bout de les colloquer par-ci, par-là. Ceux qui nous arrivent sont très édifiants; ce sont, pour la plupart, des Capucins(3). Pourquoi ne pourrait-on pas en faire un couvent? Il me semble que les Capucins ont rendu assez de services dans ces pays, pour qu’on leur donne cette marque de reconnaissance. Cette idée m’est souvent venue à l’esprit, et je ne comprends pas ce qui empêche de la réaliser.

Mme de Bouillargues, la grand’mère, est morte; mais maman a dû vous apprendre cette nouvelle(4). Adieu, mon cher petit père. Je vous embrasse de tout mon coeur.

Emmanuel.
Notes et post-scriptum
1. Voir des extraits dans *Notes et Documents*, t. II, p. 48 et 57.
3. A la suite de luttes politiques entre les partisans de la reine Christine et ceux de Don Carlos, les Cortès obtinrent en juillet 1835 deux décrets, dont l'un expulsait les Jésuites de l'Espagne et l'autre amenait la fermeture de 757 couvents n'ayant pas le nombre de religieux requis, c'est-à-dire douze membres chacun. D'autres mesures de proscription suivirent, qui provoquèrent l'exode dans les provinces méridionales de la France de nombreux prêtres et religieux espagnols. L'abbé d'Alzon fut alors en relation avec l'abbé Basset, ancien Franciscain émigré en Espagne, qui laissa sa maison de Nîmes à la mense épiscopale pour les Franciscains; elle devint, plus tard, le couvent des Récollets. Voir *Notes et Documents*, t. II, p. 48.)2. L'abbé d'Alzon prêchait l'Avent, à Nîmes, à l'église Saint-Charles.
3. A la suite de luttes politiques entre les partisans de la reine Christine et ceux de Don Carlos, les Cortès obtinrent en juillet 1835 deux décrets, dont l'un expulsait les Jésuites de l'Espagne et l'autre amenait la fermeture de 757 couvents n'ayant pas le nombre de religieux requis, c'est-à-dire douze membres chacun. D'autres mesures de proscription suivirent, qui provoquèrent l'exode dans les provinces méridionales de la France de nombreux prêtres et religieux espagnols. L'abbé d'Alzon fut alors en relation avec l'abbé Basset, ancien Franciscain émigré en Espagne, qui laissa sa maison de Nîmes à la mense épiscopale pour les Franciscains; elle devint, plus tard, le couvent des Récollets. Voir *Notes et Documents*, t. II, p. 48.)
4. Une nièce du vicomte d'Alzon, Eudoxie d'Assas, avait épousé le marquis de Bouillargues, établi à Nîmes.