Vailhé, LETTRES, vol.2, p.23

• V2-023
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• Vailhé, LETTRES, vol.2, p.23

• 1 ACTION DE DIEU DANS L'AME
  1 CONTRITION
  1 CRAINTE
  1 IMITATION DE JESUS CHRIST
  1 INGRATITUDE ENVERS DIEU
  1 LACHETE
  1 MALADIES
  1 PASSION DE JESUS-CHRIST
  1 PECHE
  1 SACERDOCE
  1 SALUT DU GENRE HUMAIN
  1 SOUFFRANCES DE JESUS-CHRIST
  1 TIEDEUR
  1 VIE DE SACRIFICE
  1 VOYAGES
  3 BORDEAUX
  3 JERUSALEM, JARDIN DES OLIVIERS
• A LA R. MERE MARIE DE JESUS (1).
• BROCHET Mère Marie de Jésus
• le 12 septembre 1837.
• 12 sep 1837
• Nîmes,

Je désire bien vivement, ma chère Soeur, que le bon Dieu vous rende bientôt les forces qui vous sont nécessaires pour faire le voyage de Bordeaux, et j’espère que ma lettre vous trouvera rétablie de votre indisposition. Je ne vous en félicite ni ne m’en afflige: le mieux est d’être indifférent à toutes les choses. Les terreurs et les peines morales que vous avez éprouvées m’inquiéteraient un peu plus, si je n’avais une pensée que je veux vous suggérer. Lorsque Notre-Seigneur se trouvait au jardin des Olives, il est certain que l’une de ses plus grandes souffrances consistait dans la vue de l’ingratitude des hommes, de leur sécheresse et de leur dureté; il est certain qu’il détestait le péché au nom d’une foule d’âmes tièdes et lâches, dont les dispositions sont incertaines, en un mot, qu’il formait pour ainsi dire dans son coeur le principe de la contrition par laquelle les hommes devaient mériter le salut. Or, cette situation suppose des douleurs inexprimables et au-dessus de toute conception humaine.

Ne vous trouveriez-vous pas, par rapport aux pénitentes dirigées par votre Ordre, dans une position analogue à celle de notre divin Sauveur par rapport au genre humain, et, dans ce cas, ne seriez-vous pas appelée à concourir au salut de ces pauvres créatures, en souffrant dans votre coeur ce que leur âme encore grossière est incapable d’éprouver? N’êtes-vous pas chargée d’avoir la contrition pour elles, ou si vous voulez encore, ne pourrait-on pas dire que peut-être Dieu vous charge de leur obtenir et qu’il accorde à vos souffrances la grâce qui brisera ces coeurs de pierre? Qui sait si, chaque fois que vous passez par un de ces états pénibles, quelqu’une de ces pauvres âmes n’est pas délivrée d’un poids de péché? Et, dès lors, vous comprenez le bien que vous pouvez faire, bien d’autant plus grand qu’il n’est pas connu, d’autant plus précieux que Dieu seul se charge de le récompenser. Votre position est en quelque sorte un sacerdoce. Dieu veut faire de vous une victime. Refuseriez-vous d’unir votre immolation à celle du Sauveur? Prenez donc vos forces dans votre abattement même. Dieu sait par quelle voie il conduira les âmes à lui. Vous êtes un de ces chemins qui conduisent à la véritable porte qui est Jésus-Christ. N’êtes-vous pas heureuse d’être foulée aux pieds par des créatures qui passent de l’enfer au ciel, de l’esclavage de Satan au royaume de Jésus-Christ?…

Le Sauveur nous dit: « Je suis le chemin »(2), mais un chemin battu; les pierres en sont broyées. De là les humiliations et les souffrances de ce divin Maître, et, s’il vous appelle à l’honneur du chemin comme lui, ne voulez-vous pas être broyée comme lui et avec lui?

Je vous livre ces réflexions, priant Dieu que si elles peuvent vous être utiles, il leur donne une grâce abondante qui fortifie votre coeur contre toute pensée pusillanime.

Agréez, ma chère Soeur, l’expression de mes sentiments en Jésus et Marie.