Vailhé, LETTRES, vol.2, p.28

19 nov 1838 Nîmes, ESGRIGNY Luglien de Jouenne

Il lui demande d’obtenir pour Germer-Durand la chaire de rhétorique à Montpellier. – Ses droits à l’occuper. -Il espérait le voir et passe des moments bien sombres.

Informations générales
  • V2-028
  • 0+280|CCLXXX
  • Vailhé, LETTRES, vol.2, p.28
Informations détaillées
  • 1 ADMINISTRATION PUBLIQUE
    1 AGREGATION
    1 AMITIE
    1 BACCALAUREAT
    1 COLLEGE ROYAL
    1 EMPLOIS
    1 ENSEIGNEMENT OFFICIEL
    1 MAITRES
    1 MARIAGE
    1 ORDRES SACRES
    1 RHETORIQUE
    1 SOUFFRANCE
    1 TRISTESSE PSYCHOLOGIQUE
    1 VOIE UNITIVE
    2 DU LAC, JEAN-MELCHIOR
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 MONNIER, JULES
    2 SALVANDY, NARCISSE DE
    3 FRANCE
    3 MONTPELLIER, COLLEGE ROYAL
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 TOULOUSE
  • A MONSIEUR LUGLIEN DE JOUENNE D'ESGRIGNY (1).
  • ESGRIGNY Luglien de Jouenne
  • le 19 novembre 1838.
  • 19 nov 1838
  • Nîmes,
La lettre

Mon cher ami,

Vous avez été si puissant auprès de Salvandy pour faire rester à Nîmes un professeur du collège(2), que je suis convaincu de l’effet de votre ascendant pour en faire partir un autre. Voici le fait. Depuis que des Facultés de lettres ont été établies dans plusieurs villes de France, les Commissions d’examen pour le baccalauréat sont ou vont être supprimées; d’où il résulte, pour les professeurs des villes où ces Commissions subsistaient, une perte assez considérable: dans les classes supérieures, pour les droits d’examen; dans les classes inférieures, pour les préparations des aspirants au baccalauréat. Un jeune homme de mes amis, M. Durand, professeur de troisième au collège de Nîmes, vient d’apprendre que le professeur de rhétorique au collège de Montpellier vient de demander une chaire à la Faculté des lettres de Toulouse, et comme Montpellier vient de recevoir une Faculté des lettres, mon protégé pense que, s’il pouvait obtenir la place de celui qui va en partir, il y trouverait de grands avantages qui vont lui être enlevés à Nîmes par la suppression de la Commission d’examen.

M. Durand a quelques droits à cette place, premièrement à cause des bonnes notes qu’il a toujours obtenues, et ensuite à cause de son talent réel. Au concours d’agrégation de 1837, il est sorti avec le numéro I, et ordinairement les premiers numéros obtiennent une chaire de rhétorique. Il y a quelque temps qu’il a refusé de l’avancement, parce que s’étant marié à Nîmes il préférait les avantages qu’il trouve dans la famille où il entrait à un poste plus honorable; mais aujourd’hui, obligé de demander son changement, il voudrait être éloigné le moins possible de la ville qu’il a longtemps habitée. Je vous supplie de mettre de l’intérêt à ma demande.

Me laisserez-vous vous demander si vous m’aimez encore? Cher ami, que les années s’enfuient rapidement, et que je voudrais en passer quelques-unes auprès de vous! Un moment, j’ai cru à la possibilité d’aller vous trouver; aujourd’hui cette espérance s’en va; mais mes projets se font et se défont si rapidement que je ne suis sûr de rien que du passé. Adieu. Du Lac est-il toujours à Paris? Je le crains. Ses douleurs m’ôtent la force de le blâmer; mais il me semble que, sous tous les rapports, il a grand tort de ne pas se hâter d’accepter les ordres sacrés.

Adieu, mon bon, mon cher Luglien. Sans être plus triste qu’autrefois, je passe des moments bien sombres; mais Dieu est là. Je le prie d’être toujours auprès de vous.

Emmanuel.

Il me semble que je me suis exprimé un peu obscurément. M. Durand demande la chaire de rhétorique de Montpellier, dans le cas où elle viendrait à vaquer. Il faut presser la chose, parce qu’à coup sûr il y aura plusieurs demandes.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Citée dans *Notes et Documents*, t. II, p. 149.2. Jules Monnier.